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La Transversalité : du "mille-feuilles" au "baba au rhum" !

Temps de lecture : 23 minutes
La Transversalité : du "mille-feuilles" au "baba au rhum" !

Superposer les projets, juxtaposer les disciplines, le socle commun : une conception mille-feuilles. S’appuyer sur la transversalité, donner du sens aux apprentissages : imprégner le baba avec le rhum…

1. Un référentiel métier avec 18 compétences transversales et une disciplinaire
Un référentiel  métier de l’enseignant du 18 juillet 2013 décrit 19 compétences dont une seule est centrée sur la discipline, les autres étant transversales.

2. Socle commun : 5 domaines qui requièrent la contribution de plusieurs disciplines
BO sur le socle commun de connaissances, de compétences et de culture B.O. n° 17 du 23 avril 2015.
« Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture est composé de cinq domaines de formation qui définissent les grands enjeux de formation durant la scolarité obligatoire :

1° les langages pour penser et communiquer : ce domaine vise l'apprentissage de la langue française, des langues étrangères et, le cas échéant, régionales, des langages scientifiques, des langages informatiques et des médias ainsi que des langages des arts et du corps ;
2° les méthodes et outils pour apprendre : ce domaine vise un enseignement explicite des moyens d'accès à l'information et à la documentation, des outils numériques, de la conduite de projets individuels et collectifs ainsi que de l'organisation des apprentissages ;
3° la formation de la personne et du citoyen : ce domaine vise un apprentissage de la vie en société, de l'action collective et de la citoyenneté, par une formation morale et civique respectueuse des choix personnels et des responsabilités individuelles ;
4° les systèmes naturels et les systèmes techniques : ce domaine est centré sur l'approche scientifique et technique de la Terre et de l'Univers ; il vise à développer la curiosité, le sens de l'observation, la capacité à résoudre des problèmes ;
5° les représentations du monde et l'activité humaine : ce domaine est consacré à la compréhension des sociétés dans le temps et dans l'espace, à l'interprétation de leurs productions culturelles et à la connaissance du monde social contemporain. »
[…] « Chacun de ces domaines requiert la contribution transversale et conjointe de toutes les disciplines et démarches éducatives ».
« Les objectifs de connaissances et de compétences de chaque domaine de formation et la contribution de chaque discipline ou enseignement à ces domaines sont déclinés dans les programmes d'enseignement »
« L'élève engagé dans la scolarité apprend à réfléchir, à mobiliser des connaissances, à choisir des démarches et des procédures adaptées, pour penser, résoudre un problème, réaliser une tâche complexe ou un projet, en particulier dans une situation nouvelle ou inattendue. Les enseignants définissent les modalités les plus pertinentes pour parvenir à ces objectifs en suscitant l'intérêt des élèves, et centrent leurs activités ainsi que les pratiques des enfants et des adolescents sur de véritables enjeux intellectuels, riches de sens et de progrès ».

Autrement dit, le socle commun, avec la contribution transversale et conjointe de toutes les disciplines et démarches éducatives, et les activités proposées par l’enseignant, centre les élèves sur les enjeux intellectuels et donne du sens aux apprentissages.

3. Des programmes scolaires qui insistent sur la transversalité

En cycle 2, les programmes 2015 insistent sur la contribution de tous les enseignements, les situations de transversalité facilitée par la polyvalence des professeurs et le travail d’analogie que l’enseignant doit faire entre les différents objets d’étude.
« Au cycle 2, tous les enseignements interrogent le monde. »
« La compréhension est indispensable à l'élaboration de savoirs solides que les élèves pourront réinvestir et l'automatisation de certains savoir-faire est le moyen de libérer des ressources cognitives pour qu'ils puissent accéder à des opérations plus élaborées et à la compréhension. Tous les enseignements sont concernés ».
« La place centrale donnée à la langue française ne s'acquiert pas au détriment des autres apprentissages. Bien au contraire, la langue est aussi un outil au service de tous les apprentissages du cycle dans des champs qui ont chacun leur langage. S'approprier un champ d'apprentissage, c'est pouvoir repérer puis utiliser peu à peu des vocabulaires spécifiques. Ce repérage débute au cycle 2, se poursuit et s'intensifie dans les cycles suivants. La polyvalence des professeurs [2] permet de privilégier des situations de transversalité, avec des retours réguliers sur les apprentissages fondamentaux. Elle permet d'élaborer des projets où les élèves s'emparent de la langue française comme outil de communication, avec de véritables destinataires, en rendant compte de visites, d'expériences, de recherches. La langue est un moyen pour donner plus de sens aux apprentissages, puisqu'elle construit du lien entre les différents enseignements et permet d'intégrer dans le langage des expériences vécues. »
« Dans tous les enseignements, les élèves apprennent que parler ou écrire, c'est à la fois traduire ce qu'on pense et respecter des règles, c'est être libre sur le fond et contraint sur la forme. » 
« Au cycle 2, on apprend à réaliser les activités scolaires fondamentales que l'on retrouve dans plusieurs enseignements et qu'on retrouvera tout au cours de la scolarité : résoudre un problème, comprendre un document, rédiger un texte, créer ou concevoir un objet. Les liens entre ces diverses activités scolaires fondamentales seront mis en évidence par les professeurs qui souligneront les analogies entre les objets d'étude (par exemple, résoudre un problème mathématique / mettre en œuvre une démarche d'investigation en sciences / comprendre et interpréter un texte en français / recevoir une œuvre en arts) pour mettre en évidence les éléments semblables et les différences. Sans une prise en main de ce travail par les professeurs, seuls quelques élèves découvrent par eux-mêmes les modes opératoires de ces activités scolaires fondamentales et les relations qui les caractérisent. »

En cycle 3, les programmes 2015 font tout autant état de la transdisciplinarité. Si à l’école, le professeur polyvalent peut établir plus facilement des liens entre plusieurs enseignements et le socle commun, en 6ème les professeurs spécialistes de leur discipline l’assure collectivement grâce à des thématiques communes, aux liens établis, et aux compétences définies par le socle.

« Ce programme de cycle 3 permet ainsi une entrée progressive et naturelle dans les savoirs constitués des disciplines mais aussi dans leurs langages, leurs démarches et leurs méthodes spécifiques. Pris en charge à l'école par un même professeur [2] polyvalent qui peut ainsi travailler à des acquisitions communes à plusieurs enseignements et établir des liens entre les différents domaines du socle commun, l'enseignement de ces savoirs constitués est assuré en 6e par plusieurs professeurs spécialistes de leur discipline qui contribuent collectivement, grâce à des thématiques communes et aux liens établis entre les disciplines, à l'acquisition des compétences définies par le socle ».
« De manière plus générale au cycle 3, les élèves accèdent à une réflexion plus abstraite qui favorise le raisonnement et sa mise en œuvre dans des tâches complexes. Ils sont incités à agir de manière responsable et à coopérer à travers la réalisation de projets, à créer et à produire un nombre significatifs d'écrits, à mener à bien des réalisations de tous ordres. »

4. Socle commun, programmes, un premier mille-feuilles ?
Socle commun et programmes scolaires se juxtaposent-ils, se superposent-ils en autant de couches d’apprentissages à faire ?
Lire à ce sujet sur sitEColes :
Socle commun et programmes scolaires
Cet article propose, pour chaque cycle, un tableau qui part des 5 domaines du socle et montre les compétences à travailler dans les diverses disciplines.
Au secours ! Je n'arrive pas à finir le programme
Un chef d’établissement exprime son point de vue pour aider à déculpabiliser, donner des pistes et attirer l’attention sur plusieurs aspects de la mise en œuvre des programmes officiels et du socle commun. 
En croisant socle commun et programmes officiels, il est possible d’éviter l’effet « mille feuilles ».

5. Le projet, un incontournable… à condition…
Le terme « projet » est cité 27 fois dans les programmes de cycle 2, 43 fois dans les programmes de cycle 3, 54 fois dans les programmes de cycle 4.
C’est donc bien une démarche valorisée. Mais de quel projet parle-t-on ?
Dans certaines écoles, les projets se multiplient : développement durable et éco label, artistique, sportif, culturel, européen, éthique républicaine, solidarité, coopératif, marathon de lecture, ateliers d’écriture, journal d’école, jeux logico-mathématiques … Ils peuvent conduire à papillonner, à enchaîner les projets en perdant le sens et la finalité de cette approche.
Il ne s’agit donc pas de multiplier les projets mais de s’appuyer sur le projet d’établissement.  Si des micro-projets se sont développés au gré des opportunités et des actions des uns et des autres, il convient de se poser pour questionner le sens des projets montés au regard du projet éducatif.
Encore un mille-feuilles à éviter…

Lire aussi sur sitEColes :
Dossier : Projets interdisciplinaires
Des exemples de projets interdisciplinaires.
Dossier : Du neuf sur neuf projets
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Dossier : Projet éducatif, communautés et conseil d'établissement
Des clarifications sur les concepts de communauté éducative, communauté chrétienne. Des repères sur le fonctionnement du conseil d’établissement et sur le projet d’établissement. Des partages d’expérience.

6. Du mille-feuilles au baba au rhum !
La superposition de disciplines, de programmes, de socle commun, de projets relève d’une conception "mille-feuilles" où on empile les couches. A tel point que cela devient immangeable ! On en a trop !
C'est pourquoi, afin d’éviter la surcharge, les programmes et le socle commun insistent sur la transversalité. C'est aussi un moyen de mettre de la cohérence en évitant des savoirs éclatés. C'est la conception "baba au rhum" où l'on arrose le gâteau avec du rhum, assurant moelleux et parfum… ! Le baba est excellent quand le rhum a bien pénétré.
Au-delà de ces images, il s'agit de donner le goût d'apprendre et du sens aux apprentissages !
Cela suppose
- de repérer dans les programmes tout ce qui relève de la transversalité pour aider les élèves à faire les liens entre les diverses disciplines.
- Un travail d’équipe pour articuler les projets en s’appuyant sur le projet éducatif, « rhum » pour le « baba ».
Alors " mille-feuilles " ou " baba au rhum " ?
Quels que soient nos goûts en gastronomie, nous pouvons gagner du temps et du sens en nous appuyant sur la transversalité. C'est plus facile à réaliser en premier degré grâce à la polyvalence des enseignants. C'est aussi demandé dans une certaine mesure à nos collègues du secondaire les Enseignements Pratiques interdisciplinaires(EPI)  en collège, l’accompagnement personnalisé (AP).

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