Nouvelle rentrée, nouveau regard
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En ce début d'année, comment éviter de poser bien vite des étiquettes sur nos élèves ?
En ce début d'année, pouvons-nous éviter de poser bien vite des étiquettes sur nos élèves ? Malgré ce que nous avons entendu, comment véritablement s'étonner devant eux ? Comment, ne pas les réduire aux manifestations qu'ils ont données à voir ou à celles qu'ils vont donner à voir en début d'année.
Nous connaissons tous ces élèves qui, avant même d'avoir franchi la porte de la classe sont repérés parce que les collègues, bien attentionnés ont voulu nous prévenir de leur comportement, de leurs difficultés.
Il est vrai que le conseil de cycle donne l'obligation de suivre les élèves de façon collégiale, mais si cela ne conduit qu'à des effets pervers, nous devons nous questionner sur notre façon de parler des élèves pendant la concertation.
En effet, cette nouvelle rentrée contient en elle des possibles de changement pour chacun. Cela évite les déterminismes qui enferment et qui s'opposent au postulat de l'éducabilité.
Peut-être pouvons-nous essayer " de mettre de côté " ce que nous avons entendu ? Peut-être aussi pouvons-nous faire attention aux points positifs de ces enfants. Au lieu de repérer tous les comportements un peu dérangeants, notez les comportements positifs.
Cela les étonnera, surtout en cycle 3, car il est difficile pour eux de se trouver un autre personnage. Ils savent qu'on les attend avec des attitudes différentes ou des difficultés.
Osons un regard neuf qui invite au progrès.
Si nous n'y prenons pas garde à ce moment là, nous ne verrons plus alors que ce qui va mal et nous risquons de nous décourager vite et de ne pas autoriser les enfants à essayer une autre dynamique.
L'autre question sous jacente est bien celle de la façon dont nous parlons entre enseignants de ces élèves. Il y a des prises de parole informelles, entre deux portes parce que nous n'en pouvons plus et que nous avons besoin de souffler. Ces paroles jetées comme une bouée à la mer, peuvent agir à plus long terme dans un inconscient collectif qui véhiculera autour de ces élèves tout un halo négatif. Dans ces moments de découragement, pensons à dire " je " n'en peux plus, " je " ne sais plus comment faire avec lui ou elle. Cela invitera à une prise en compte par l'équipe de la difficulté que " je " viens d'exprimer.
Il existe des lieux et des temps de parole institutionnalisés pour parler collégialement des difficultés rencontrées. Nous pouvons y essayer de parler de ces élèves de façon professionnelle.
Resituer les faits et éviter les interprétations rapides. Partir d'observations précises qui tiennent compte des difficultés mais aussi des réussites. Chercher en coresponsabilité " comment faire avec cet élève " plutôt que " pourquoi ? "
L'équipe peut être forte et trouver des solutions inattendues qui peuvent désamorcer certaines situations. Chaque école est pleine de ressources, en voici un exemple :
" C'était en petite section de maternelle, un enfant qui avait beaucoup de mal à se faire à l'école. Dans la première demi-heure il avait déjà mis sens dessus dessous la classe, agressé plusieurs camarades et sa maîtresse ne savait plus que faire, elle était totalement découragée. L'équipe s'est saisie à sa demande de ce problème et l'enseignante de CM a proposé de prendre tous les matins en arrivant ce petit bout, car avec sa classe la journée commençait en chantant. Et voilà l'enfant de 3 ans encadré par des élèves de CM qui le prennent en charge pendant 20 minutes et le charme opérant du chant qui le canalise. Il revenait ensuite dans sa classe, qui n'avait plus subi ce premier assaut matinal. "
D'autres choses furent mises en place mais cette initiative me fait dire qu'ensemble nous pouvons mieux faire face, sans culpabilité et dans des propositions constructives pour les élèves et pour les enseignants.