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Textes à méditer : Réussite (Quand on nous parle de réussite...)

Temps de lecture : 10 minutes
Textes à méditer : Réussite (Quand on nous parle de réussite...)

Ça suffit ! ; Si je veux réussir à accompagner… ; Si j’étais moi… ; Je te souhaite…

Ça suffit !

Tout le temps ils sont après moi, à me guider, me soutenir, à m'éclairer, à m'avertir, à m'aider, me prévenir et me dire comment agir de peur de me salir.
Ont-ils oublié que j'ai déjà fait mes premiers pas ? Je ne suis plus un enfant !
Toujours à moi de m'excuser, toujours à moi d'écouter, toujours à moi de céder, toujours à moi de fermer la bouche, toujours à moi d'avoir tort, toujours à moi d'être autorisé, toujours à moi de demander la parole alors que je voudrais leur dire tant de choses et de désirs qui m'agitent l'esprit et le cœur !
Qu'ont-ils donc à me protéger et à m'entourer de barrières ? Je veux décider, rire, parler, et qu'on me donne ma chance !
Tout le temps ils sont derrière moi, ils m'agacent et s'étonnent alors de voir ma tête des mauvais jours.

Ça suffit ! J'ai envie de ne plus les connaître, de ne plus les regarder !
Ô Seigneur quand viendra-t-il, pour moi, le temps d'avancer tout seul sans les béquilles qu'on me force dans les mains ?
Je ne veux pas m'éloigner, ni leur tourner le dos, ni m'écarter. Seulement, je veux aller ailleurs, toucher le soleil même si je reviens les doigts brûlés. Pour grimper au sommet, il faut risquer de tomber, sinon jamais on ne goûte à la neige en plein été !
Ô Seigneur grandir est difficile, et si parfois d'eux je m'éloigne, ce n'est pas pour tourner le dos ou m'écarter de leur visage. C'est seulement pour pousser moi-même la porte qui ouvre sur la vie.
Sûrement je me tromperai parfois, car grandir est difficile. Ils comprendront sûrement que je ne veux pas rompre et que je reviendrai toujours comme l'enfant ce jour-là.
Car je sais que leur amour jamais ne m'emprisonne, et je ne peux pas vivre sans leur bras de tendresse.
Ô Seigneur lorsque grandir m'est difficile, lorsque je me suis éloigné, lorsque je me suis trompé, rends-moi le désir du retour !

Ô toi, Dieu, je le sais, tu es le Seigneur de la Porte ouverte

Charles Singer


Si je veux réussir à accompagner…

Si je veux réussir à accompagner un être vers un but précis, je dois le chercher là où il est et commencer là, justement là.
Celui qui ne sait faire cela se trompe lui-même quand il pense pouvoir aider les autres.
Pour aider un être, je dois certainement comprendre plus que lui mais d'abord comprendre ce qu'il comprend.
Si je n'y parviens pas, il ne sert à rien que je sois plus capable et plus savant que lui.
Si je désire avant tout montrer ce que je sais c'est parce que je suis orgueilleux et cherche à être admiré de l'autre plutôt que l'aider.
Tout soutien commence avec humilité devant celui que je veux accompagner ; et c'est pourquoi je dois comprendre qu'aider n'est pas vouloir maîtriser mais vouloir servir.
Si je n'y arrive pas, je ne puis aider l'autre.

Søren Kierkegaard, philosophe danois (1813-1855)


Si j’étais moi…

Si j'étais moi, je serai le bonheur,
Si j'étais le bonheur, je serais en groupe
Si j'étais en groupe, je serais la solidarité
Si j'étais la solidarité, je serais le soleil
Si j'étais le soleil, je serais un sourire
Si j'étais un sourire, je serais le plaisir
Si j'étais le plaisir, je serais l'excès
Si j'étais l'excès, je serais la folie
Si j'étais la folie, je serais le vent
Si j'étais le vent, je serais une danse
Si j'étais une danse, je serais la valse
Si j'étais la valse, je serais à mille temps
Si j'étais le temps, je serais la persévérance
Si j'étais la persévérance, je serais une montagne
Si j'étais une montagne, je serais l'Everest
Si je grimpais l'Everest, je serais heureux
Si j'étais heureux, je serais la réussite
Si j'étais la réussite, je serais moi.

Texte réalisé par les lycéens et étudiants lors de la Journée de la communauté éducative du 2 décembre 2005 sur le thème de la réussite


Je te souhaite…

Je te souhaite de ne pas réussir ta vie.
Je te souhaite de vivre autrement que les gens arrivés.
Je te souhaite de vivre la tête en bas et le cœur en l'air, les pieds dans tes rêves et les yeux pour l'entendre.
Je te souhaite de vivre sans te laisser acheter par l'argent.
Je te souhaite de vivre debout et habité.
Je te souhaite de vivre le souffle du feu, brûlé vif de tendresse.
Je te souhaite de vivre sans titre, sans étiquette, sans distinction, ne portant d'autre nom que l'humain.
Je te souhaite de vivre sans que tu aies rendu quelqu'un victime de toi-même.
Je te souhaite de vivre sans suspecter ni condamner, même du bout des lèvres.
Je te souhaite de vivre sans ironie, même contre toi-même. Je te souhaite de vivre dans un monde sans exclu, sans rejeté, sans méprisé, sans humilié, ni montré du doigt, ni excommunié.
Je te souhaite de vivre dans un monde où chacun aura le droit de devenir ton frère et de se faire ton prochain.
Un monde où personne ne sera rejeté du droit à la parole, du droit d'apprendre à lire et savoir écrire.
Je te souhaite de vivre dans un monde sans croisade, ni chasse aux sorcières.
Je te souhaite de vivre dans un monde libre d'aller et venir, d'entrer et de sortir, libre de parler librement dans toutes les églises, dans tous les partis, dans tous les journaux, à toutes les radios, à toutes les télévisions, à toutes les tribunes, à tous les congrès, à toutes les assemblées, dans toutes les usines, dans tous les bureaux, dans toutes les administrations.
Je te souhaite de parler non pour être écouté mais pour être compris.
Je te souhaite de vivre l'inespéré, c'est dire que je te souhaite de ne pas réussir ta vie.

Père Jean Debruynne


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