De nouveaux programmes 2008 : gardons le cap !!
Temps de lecture : 10 minutesOui, on nous annonce de nouveaux programmes pour la rentrée 2008. Programmes en 2002 … en 2007… socle commun … !! Comment s’y retrouver ? Un message aux équipes : gardez le cap.
L’encre des programmes de 2007 qui ajustaient ceux de 2002 à la suite de la publication du socle commun, cette encre est à peine sèche que nous recevons ce projet de programmes allégés (on pourrait dire "light" !!) à soumettre aux équipes enseignantes en ces jours de début de printemps. Disons-le tout court : cela laisse perplexe bien des enseignants. On s’interroge à juste titre : pour qui ces programmes ? Pour les enseignants ? Pour les parents ? Il me semble que le plus important dans nos classes, dans nos écoles doit être l’élève !
Un bon marin vous dira : "Il n’y a pas de bonne navigation pour celui qui ne sait pas où il veut aller". Devant ces successifs programmes qui sont proposés aux équipes enseignantes, on peut légitimement se poser la question : "Où veut-on aller ? A quand le prochain changement de cap ?" Alors au milieu de cette mer tourmentée, un mot d’ordre aux équipes de nos écoles : "Gardez le cap".
Oui, nous vivons dans un monde dont personne n’ignore la complexité. Pour s’y insérer (et c’est pour cela aussi que l’école est là : aider chaque jeune à entrer dans cette société), pour y trouver une place, les parents savent que la réussite à l’école pour leur enfant est indispensable. Cela explique leur attente très forte vis-à-vis de l’école et les médias sont également là pour souligner cet aspect. Il reste à clarifier ce que chacun entend par réussite !!
Monde complexe mais aussi monde où les nouveaux moyens de communication, s’ils sont un réel atout dans l’acquisition des connaissances, nous entraînent dans une permanente course au quotidien : fax, courriel, internet, etc… Il faut agir dans l’urgence, urgence qui exerce sur tous une véritable tyrannie. Un conseil : résistez à cette tyrannie de l’urgence !
Dans un monde si complexe et en permanent changement, il est difficile de stabiliser les choses (c’est peut-être pour cela que les programmes changent si souvent !) : nous voudrions définir de façon sûre les compétences dont l’élève aura besoin pour se situer dans cette société à l’issue de sa scolarité. Cela exige une certaine anticipation, un peu de prospective mais nous savons aussi qu’il existe les valeurs fondamentales qui construisent un homme et une femme quel que soit le monde dans lequel nous vivons. C’est là notre travail de fond.
Pour garder le cap, il faut une boussole : c’est plus fiable que le GPS qui, à la moindre nouveauté, vous annoncera "calcul en cours" !! Cette boussole, c’est le projet éducatif qui pose clairement le trajet qu’ensemble, équipe éducative, élèves et parents, nous mettons en place pour construire une liberté, celle du jeune qui nous est confié. Nous avons besoin de repères solides, non tributaires des aléas du quotidien au risque de faire de notre travail un permanent zapping !
Au cœur de ce projet, il y a l’élève. Certes, il y a un programme que nous avons à respecter dans le cadre de nos relations contractuelles avec l’Etat. Mais c’est d’abord l’élève qui est premier et pour lui, trois orientations doivent nous guider dans nos choix éducatifs et pédagogiques.
On ne peut séparer instruction et éducation ni transformer l’apprentissage en une addition de domaines disciplinaires à maîtriser sans un souci permanent de travailler sur ce qui relie les savoirs. Il nous faut passer de l’école des savoirs à celle de l’intelligence.
Pour se construire, l’élève a besoin de cohérence. C’est l’objet du travail en cycle (tiens, on n’en parle plus beaucoup dans ces nouveaux programmes !!)) et c’est la priorité de toute équipe d’assurer cette continuité qui permet à l’élève de s’y retrouver.
A la base de tout apprentissage, il y a la motivation. Bien sûr, il nous faut travailler à rendre attrayant notre approche pédagogique mais cela ne suffit pas. L’élève motivé est celui qui trouve sens au travail qu’il réalise (on parle de la pédagogie de projet !) et c’est celui qui se sait capable de surmonter les obstacles de l’apprentissage (nous sommes au cœur d’une pédagogie différenciée).
Pour que le navire garde le bon cap, il reste à se soucier aussi de ceux qui surveillent les manœuvres ! Les parents. Qu’attendent-ils de nous, équipes éducatives ? Qu’ils soient rassurés ; que nous sachions les réconcilier avec l’école (combien d’entre eux gardent de l’école de biens mauvais souvenirs) ; que nous n’enfermions pas la relation avec les parents dans des notes et des évaluations : chaque élève vaut bien plus qu’une addition de notes.
Cela veut dire que la relation avec les familles doit s’inscrire dans une lisibilité de notre action à travers l’information fréquente, régulière, dans un langage adapté et compréhensible, en aménageant des temps et des espaces de rencontre.
Au cours de ces années écoulées, tandis que nos ministres successifs s’évertuaient à trouver les meilleurs programmes, nos écoles catholiques se sont inscrites dans une démarche de réflexion de leur travail éducatif. C’est tout le sens de la démarche d’Assises : prendre en compte la personne ; chacun est un être en devenir, fragile, relié ; changer de regard… Autant d’approches qui sont pour nous des repères pour garder le cap. Les programmes ne sont qu’un outil pour nous aider à ce voyage éducatif !!
Alors pour aller plus loin…
- Où en est le projet de notre école et le projet de chacun dans sa classe ? Quelle cohérence ? Quelle continuité pour une réponse adaptée aux besoins des élèves ?
- Quelle est notre politique d’informations des familles, de communication avec elles ?