Textes à méditer : Autre, différent...
Temps de lecture : 15 minutes
Viens, creusons un puits ; I have a dream ; Les outils du charpentier ; Les hommes sont des cadeaux ; La légende l'arc-en-ciel
Viens, creusons un puits
Depuis qu'un jour il m'a demandé, tout à fait à l'improviste, de lui apprendre à prier, Mohammed a pris l'habitude de s'entretenir avec moi.
C'est un voisin.
Nous avons ainsi une longue histoire de partage...
Un jour, il trouva la formule pour solliciter un rendez-vous : « Creusons notre puits ! »
Une fois, par mode de plaisanterie, je lui posai la question : « Qu'est-ce que nous allons trouver ? De l'eau musulmane ou de l'eau chrétienne ? »
Il m'a regardé, mi-rieur, mi-chagriné : « Nous marchons ensemble, et tu me poses cette question... Tu sais, au fond de ce puits-là, ce que je trouve : c'est l'eau de Dieu ! »
Frère Christian de Chergé
I have a dream
Oui comme le disait Martin Luther King :
J'ai rêvé Seigneur, d'un monde où toutes les ethnies se réuniraient, pour ne former qu'une, dans les moments de joie et de peine.
J'ai rêvé Seigneur, d'un monde où toutes les ethnies se réuniraient, pour ne former qu'une, en prenant un peu partout, et en n'en faisant qu'une bien meilleure.
J'ai rêvé, Seigneur, d'un monde où tous les hommes auraient les mêmes droits, où tous auraient accès à tout, sans distinction d'ethnies.
J'ai rêvé, Seigneur, d'un monde où c'est le travail qui fait la valeur de l'homme, et non la paresse, et non l'argent, et non le pouvoir.
J'ai rêvé, Seigneur, d'un monde où la justice et le droit ne seraient plus foulés aux pieds par les humains.
Mais où règne la clairvoyance, où la justice est vraiment justice, où le droit est vraiment droit, où la justice et le droit ne sont la propriété de personne.
J'ai rêvé, Seigneur, d'un monde où règnent entre les hommes la paix et non la guerre, l'entente et non la mésentente, le partage et non l'égoïsme, l’égalité et non le favoritisme, la lumière et non les ténèbres, l’amour et non la haine, l’amour vrai et l'amour sincère.
Seulement, Seigneur, ce n'était qu'un rêve.
Mais en attendant, crée en nous le désir, de vivre dans la Paix, de vivre dans la Fraternité, de vivre dans le Partage, d'aspirer à la justice et au droit, d'aspirer à la lumière et d''aspirer à l'amour vrai et sincère sans lequel rien ne changera.
Alors seulement, ce rêve deviendra réalité.
Ngatcha Nkonkep Lydie Gilvannie
Les outils du charpentier
Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village nordique, un atelier de charpentier. Un jour que le maître était absent, les outils se réunirent en grand conseil sur l'établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s'agissait d'exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.
L'un prit la parole:
« Il faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde ».
Un autre dit:
« Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu'il touche ».
« Quant au frère marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le ».
« Et les clous ?... Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu'ils s'en aillent !
Et que la lime et la râpe s'en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n'est que frottement perpétuel. Et qu'on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d'être dans cet atelier soit de toujours froisser ! »
Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L'histoire ne dit pas si c'était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c'était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu.
La réunion bruyante prit fin subitement par l'entrée du charpentier dans l'atelier. On se tut lorsqu'on le vit s'approcher de l'établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. La rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu'il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre sœur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau... Pour accueillir la Vie...
Légende suédoise
Les hommes sont des cadeaux
Du moins ainsi pensait Jésus : « Père, je veux que ceux que tu m'as donnés soient là où je serai... »
Je partage l'avis de Jésus et je veux que ceux que le Père m'a donnés soient là où je serai.
Les gens sont des cadeaux que le Père a enveloppé pour nous les envoyer.
Certains sont magnifiquement enveloppés.
Ils sont très attrayants dès le premier abord.
D'autres sont enveloppés de papier très ordinaire.
D'autres ont été malmenés par la poste.
Il arrive parfois qu'il y ait une « distribution spéciale ».
Certains sont des cadeaux dont l'emballage laisse à désirer ;
d'autres dont l'emballage est bien fait.
Mais l'emballage n'est pas le cadeau !
C'est si facile de faire une erreur et nous rions quand les enfants prennent l'un pour l'autre.
Parfois le cadeau est difficile à ouvrir. Il faut se faire aider.
Peut-être parce que les autres ont peur ?
Parce que ça fait mal ?
Ils ont peut-être déjà été ouverts et rejetés !
Ou se pourrait-il que le cadeau ne me soit pas destiné ?
Je suis une personne et donc, moi aussi, je suis un cadeau !
Un cadeau pour moi-même d'abord.
Le Père m'a donné à moi-même.
Ai-je été regarder à l'intérieur de l'emballage ?
Ai-je peur de le faire ?
Peut-être ai-je jamais accepté le cadeau que je suis...
Pourrait-il se faire qu'il y ait à l'intérieur quelque chose de différent de ce que j'imagine ?
Je n'ai peut-être jamais vu le cadeau merveilleux que je suis.
Les cadeaux du Père pourraient-ils être autre chose que magnifiques ?
J'aime les cadeaux que je reçois de ceux qui m'aiment,
pourquoi pas les cadeaux du Père ?
Je suis un cadeau pour les autres.
Est-ce que j'accepte d'être donné par le Père aux autres ?
Un homme pour les autres ?
Les autres doivent-ils se contenter de l'emballage ?
Sans jamais pouvoir apprécier le cadeau ?
Toutes les rencontres sont des échanges de cadeaux.
Mais un cadeau sans quelqu'un qui le donne n'est pas un cadeau ;
c'est une chose privée des liens avec celui qui le donne ou celui qui le reçoit.
L'amitié est une relation entre les personnes qui se voient comme elles en vérité...
Les cadeaux du Père les uns envers les autres, pour les autres, pour des frères !
Un ami est un cadeau pas seulement pour moi, mais aussi pour les autres à travers moi.
Quand je regarde mon ami, quand je me l'approprie, je détruis sa nature de cadeau.
Si je le mets de côté pour moi, c'est alors que je le perds ;
si je le donne aux autres, je le garde.
Les gens sont des cadeaux reçus ou donnés...
comme le Fils.
L'amitié est une réponse de personnes - cadeaux au Père qui donne.
L'amitié est Eucharistie, action de grâce !
Georges B. Wintemann
Document du MEJ (mouvement eucharistique des jeunes)
La légende de l'arc-en-ciel
Un beau jour, toutes les couleurs du monde entier se mirent à se disputer. Chacune prétendait qu’elle était la plus belle, la plus importante, la plus utile, la préférée !
Elles se vantaient, à haute-voix, chacune étant bien convaincue d’être la meilleure. Le bruit de leur querelle s’enfla de plus en plus. Soudain, un éclair d’une lumière aveuglante apparut dans le ciel, accompagné de roulements de tonnerre. La pluie commença à tomber à torrents sans discontinuer. Effrayées, toutes les couleurs se tapirent et se rapprochèrent pour chercher un abri les unes près des autres.
La pluie prit la parole : « stupides créatures qui vous battez entre vous, chacune essayant de dominer l’autre, ne savez-vous pas que c’est Dieu qui vous a faites toutes, chacune dans un but particulier, uniques et différentes ?
Il aime chacune d’entre vous, il a besoin de vous toutes. Joignez vos mains et venez à moi. Il va vous étendre à travers le ciel en un magnifique arc-en-ciel, pour vous montrer qu’il vous aime toutes, que vous pouvez vivre ensemble en paix. Comme une promesse qu’il est avec vous, et comme un signe d’espérance pour demain… »
Ainsi, chaque fois que Dieu envoie une pluie pour laver le monde, il place l’arc-en-ciel dans son ciel, et quand nous l’apercevons nous devrions nous rappeler qu’il veut que nous sachions, nous aussi, nous apprécier les uns les autres et le louer de notre merveilleuse complémentarité…
Légende amérindienne
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