Nathanaël redécouvre son baptême
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Un grand-père écrit à son petit-fils, Nathanaël, pour l’aider à retrouver le sens du baptême qu’il a reçu quand il était tout-petit enfant. Des lettres qui aident à redécouvrir la base de notre vie de chrétien…
1. « Je t’ai appelé par ton nom »
Tu as assisté l’autre jour au baptême de ton petit cousin et voilà que tu m’interroges pour mieux comprendre ce qui s’y est déroulé en pensant à ton propre baptême, il y a déjà plus de 15 ans ! Tu me dis ta surprise de voir le prêtre vous accueillir à l’extérieur, au seuil de l’église et engager un dialogue avec les parents, parrain et marraine avant de les inviter à entrer. Quoi de plus naturel que de venir accueillir les invités comme tu accueilles des amis à la porte de ta maison. Car c’est bien Dieu qui nous invite à le rejoindre en toute liberté et qui nous accueille dans sa maison, l’église.
As-tu bien entendu les deux questions posées par le prêtre ? « Quel nom avez-vous choisi pour votre enfant ? Que demandez-vous pour votre enfant à l’Eglise de Dieu ? » A tes parents, le prêtre avait posé ces mêmes questions. Ils avaient choisi pour toi le prénom de Nathanaël, un prénom biblique (Nathanaël fait partie des disciples de Jésus). Connaissant ta curiosité, tu as recherché le sens de ton prénom : Nathanaël veut dire : « Dieu donne »,… tout un programme ! Tu as reçu ce prénom comme une histoire à vivre.
Donner un nom à quelqu’un, ce n’est pas simplement lui coller une étiquette comme on marque des marchandises. C’est lui donner son existence. C’est par ce nom qu’on peut t’appeler pour que tu puisses répondre. Je me souviens comment à ta naissance, autour de ton berceau, tes parents, les amis savouraient le plaisir de t’appeler. « On devient vivant en étant nommé dans l’amour ». Le jour de ton baptême, en t’appelant par ton nom, le prêtre t’appelle à rejoindre les amis de Dieu, à appartenir à celui qui n’oublie jamais personne. « Une femme peut-elle oublier son enfant ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, j’ai gravé ton nom sur les paumes de mes mains » (Isaïe, 49, 15-16). Le jour de ta confirmation, l’évêque t’a à nouveau appelé par ce nom et il en sera ainsi le jour de ton mariage et en bien d’autres circonstances. « Quand on est nommé au baptême, c’est pour être invité à entrer en conversation avec Dieu et avec tous ses amis, un dialogue dans lequel, en fin de compte, sera dévoilé qui on est appelé à être » (T. Radcliffe « Faites le plongeon » Ed. du Cerf).
Et l’on a posé une seconde question à tes parents : « Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? » Cette question est importante car elle engage et surtout elle marque de façon claire que c’est en toute liberté que tes parents ont demandé le baptême pour toi. Tu ne te souviens plus de leur réponse : ce pourrait être l’occasion de le leur demander. Mais je puis te dire que le prêtre a ajouté ceci : « Chers parents, vous vous engagez à éduquer votre enfant dans l’obéissance des commandements ». J’entends tes réactions : obéir ? Encore ce mot si souvent entendu dans la bouche de mes parents ! Et en plus obéir à des commandements ! Tu as des amis au lycée et tu sais bien que toute vraie amitié a ses exigences. Le baptême est une invitation à entrer dans l’amitié de Dieu et pour cela il faut écouter attentivement (le mot obéir vient du latin ob-audiens : « écouter attentivement ») les exigences posées pour vivre ce dur apprentissage de l’amitié de Dieu. Dieu t’y invite tous les jours : à toi de répondre.
Et parrain et marraine, ça sert à quoi ? Je t’en parlerai la prochaine fois.
2. Parrain et marraine
Tu me dis combien ta marraine compte pour toi. C’est ta confidente, présente aux moments forts de ta jeune vie. Tu apprécies de partager avec elle tes soucis, tes questions d’adolescent. Oui, parfois, il est difficile de partager avec les parents que l’on côtoie au quotidien. Et n’oublie pas le parrain !!
A travers cette expérience personnelle, tu découvres le rôle des parrain et marraine : des confidents, des personnes de confiance avec qui on peut partager les joies, les peines. Mais tu me dis : « Quel lien avec le baptême ? » Tu as sans doute oublié ce que le prêtre a dit lors de la remise de la lumière à ton baptême : « C’est à vous, parents, parrain et marraine que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir : que Nathanaël illuminé par le Christ avance dans la vie en enfant de lumière et demeure fidèle à la foi de son baptême. » Pour mieux comprendre, un peu d’étymologie : le mot parrain vient du latin patrinus, celui qui tient un enfant sur les fonts baptismaux. Et comme tu connais bien l’anglais, tu as appris que parrain se dit « godfather », père en Dieu ! Voilà de quoi situer le rôle des parrain et marraine : tu comptes sur eux pas simplement pour te porter, te supporter (!!) mais pour être porteur de la transmission chrétienne. Ils deviennent tes parents en Dieu, accompagnateurs de ta vie spirituelle, partageant cette préoccupation avec tes parents de chair.
L’Eglise dit du baptême que c’est un sacrement de l’initiation. Initier fait penser à un commencement. Quand tu as voyagé en Angleterre, tu as été initié à la langue, aux coutumes (y compris alimentaires !) de ce pays tout comme tu t’inities depuis quelques mois à la pratique du badminton. Un baptisé entre dans un univers qu’il ne connaît pas et il a besoin de guides qui l’aident, répondent à ses questions. Et en même temps, initier c’est aussi expérimenter, faire : l’apprenti boulanger qui s’initie au métier doit mettre la main à la pâte. L’initiation implique donc une durée, un cheminement, un parcours, à l’image de ces pèlerins sur le chemin d’Emmaüs qui marchent avec le Christ ressuscité (qu’ils n’ont d’ailleurs pas reconnu) et tout en marchant, « commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. »... Pour ta marche dans la foi, comme pour celle de tout chrétien, tu as besoin de tuteur, de passeur. Voilà ce qu’on peut attendre des parrain et marraine. C’est quelque chose d’exigeant car ils sont appelés à être des témoins, des modèles de comportement, d’attitude pour vivre en chrétien. Ils sont des « anges gardiens » incarnés, qui te font percevoir la grandeur de ta vie humaine, qui t’aident à sortir de ton univers pour aller à la rencontre des autres, de l’Autre.
Oui, mais il y a aussi les cadeaux à Noël ou pour ton anniversaire !! Bien sûr, c’est normal mais il faut que ces cadeaux soient des signes qui montrent qu’ils te suivent, te connaissent. C’est pour eux une façon de partager avec toi et comme je connais ta passion pour les spectacles de cirque je suis sûr que ta marraine t’a déjà offert des entrées. Alors un conseil : poursuis tes relations avec parrain et marraine. Il y aura des hauts et des bas comme dans toute relation et qui sait, avec le temps, la relation s’inversera peut-être : ce sont eux qui trouveront aide et réconfort auprès de toi !!
3. Elle est vivante la Parole !
Et nous voilà encore à parler du baptême. Merci de me faire part de tes étonnements, de tes interrogations. Cette fois, c’est en assistant à une étape du cheminement catéchuménal de ton camarade de lycée que tu as été surpris. Il sera baptisé à la veillée pascale et là, il recevait le livre de la Parole. « Reçois l’Evangile, la bonne nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu » lui dit le prêtre. Et toi, lors de ton baptême, tu n’aurais pas reçu ce livre de la Parole ? Ce n’est pas tout à fait exact : en effet lors du baptême d’un bébé, ce sont les parents qui sont invités à choisir un texte biblique signifiant par là la place de la Bible dans la vie de tout chrétien. Et depuis tu as pu découvrir, je l’espère, d’autres passages importants de cette bibliothèque de 73 ouvrages qu’est la Bible.
Etre chrétien c’est en effet se voir confier cette Parole de Dieu non pas pour adhérer à l’exactitude littérale du texte ou pour y recueillir des infos aussi intéressantes soient-elles. Recevoir cette Parole, c’est la laisser façonner ta vie pour lui donner une orientation, un sens. Ecoute ce que dit le prophète Isaïe : « La Parole de Dieu me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire ». Et les paroles du cantique que tu as chanté à la célébration de remise de l’Evangile redisent le même message : « J’ai ouvert le livre de l’histoire des hommes, j’ai ouvert le livre de l’amour de Dieu, j’ai ouvert le livre, cherché la Parole, les mots qui font vivre et rendent heureux. »
Alors tu voudrais connaitre le mode d’emploi de cette Parole de Dieu. Avant tout, il te faut lire les textes bibliques, lentement, attentivement, en les laissant imprégner ta vie. Ne dis pas : « Je n’ai pas le temps », c’est l’affaire de quelques minutes par jour. (Je te glisse un tuyau : charge sur ton iPhone l’application Carpe Deum !! Tu y trouveras chaque jour l’évangile de la messe du jour). En lisant ces textes, laisse-toi surprendre : si tu penses connaître à l’avance ce qu’ils vont dire, tu risques de les recevoir de travers, comme un couple dont l’amour s’essouffle parce que chacun pense trop bien connaître l’autre. L’Eglise confie les Ecritures à tout nouveau baptisé pour qu’il perçoive sa vie comme ayant une signification globale, définie par son but : la vie avec Dieu. Oui, être baptisé, c’est vivre sa vie comme une vocation façonnée par nos réponses à la Parole de Dieu. Tu as bien compris : le Christ attend ta réponse libre. Et tu sais déjà que la route de tout baptisé est longue, les sentiers à suivre inconnus, parfois malaisés. Mais tu n’es pas seul : quand nous traçons notre chemin vers Dieu, nous dépendons les uns des autres. C’est toute la signification de la prière d’intercession, dite universelle, à la messe mais aussi le jour de ton baptême : nous prions pour les besoins des uns et des autres, pour les besoins de l’Eglise et des hommes.
Juste un dernier mot : dans ta vie, laisse un peu de place au silence, à ces moments où tu oublies ce qui t’entoure car « c’est en étant présent à soi-même qu’on est présent à Dieu » (Marcel Légaut).
Laisse-moi te confier ce beau poème de Gerhard Tersteegen (je sais que tu aimes la poésie !) :
« Ferme tranquillement les yeux.
Laisse-toi tomber
Loin de ta « personne »,
Jusqu’au fond de ton être,
Lâchant prise, dans le silence,
Dépouillé de toi-même,
Dans cet instant qui est Présence.
Tu trouveras ainsi, tel un enfant,
Sans te déplacer et sur-le-champ
Le Royaume intérieur,
Dieu lui-même et son Repos. »
4. Prêtre, prophète et roi…
Tu es toujours curieux d’en savoir plus sur le déroulement du baptême et tu n’as pas manqué de noter les trois symboles qui font suite au geste de l’eau : l’huile, le vêtement blanc et la lumière. Ils sont là pour dire au baptisé la manière dont il a à vivre sa nouvelle identité dans la vie de l’Eglise. Le geste du prêtre qui marque le front de l’enfant avec de l’huile te pose question. De l’huile ? Qu’est-ce à dire ?
Fais appel à ton expérience dans la vie quotidienne. Quand tu verses de l’huile sur ta chemise, cela tache et durablement : ta maman en sait quelque chose. Cette situation peut t’aider à comprendre pourquoi, dans la Bible, on utilise de l’huile pour marquer celui qui est choisi : Samuel, au nom de Dieu, a porté son choix sur le petit David pour devenir le roi et il l’a marqué avec de l’huile (1 Samuel 16, 13). En marquant le front du baptisé avec l’huile, le prêtre signifie le choix comme enfant de Dieu et en même temps comme l’huile pénètre la peau, le baptisé est imprégné d’une relation nouvelle avec Jésus-Christ. « Tu fais partie du peuple de Dieu, tu es membre du corps du Christ et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi ».
Je comprends ta réaction en entendant ces trois mots : prêtre, prophète et roi. Ils n’appartiennent pas à ton vocabulaire du quotidien. Alors regardons de plus près.
Etre « prêtre » pour un baptisé, c’est incarner l’amour de Dieu pour l’humanité et l’amour de l’humanité envers Dieu. Tu le fais chaque fois que tu aimes quelqu’un d’autre, tes parents, tes amis, etc… avec l’amour même de Dieu.
Etre prophète, ce n’est pas prédire l’avenir, c’est dire la Parole de Dieu, qui nourrit, fortifie les gens. Toi aussi, tu deviens prophète dans ta façon de parler aux autres, dans ce que tu dis d’eux. Que tes paroles soient vraies, qu’elles respectent la dignité de chacun.
Roi, voilà un mot démodé aujourd’hui. Mais si tu te rappelles l’arrivée de Jésus à Jérusalem sur le dos d’un âne, tu comprendras qu’il nous propose une royauté qui n’est pas celle des fastes vues à la télé : nous participons à cette royauté quand nous utilisons des moyens non violents pour prendre des décisions pour le bien de tous les hommes.
Une dernière chose : as-tu aussi remarqué que l’huile du baptême est parfumée ? L’huile dans la Bible est signe de joie, d’allégresse. Le baptisé est appelé à semer la joie autour de lui comme un parfum qui se répand autour de nous.
5. Baptisé … et confirmé…
Dans trois semaines, quelques-uns de tes camarades reçoivent le sacrement de confirmation. Et tu m’interroges, soucieux de retrouver le sens de ce sacrement que tu as reçu il y a déjà quelques années.
A l’origine, dans l’église primitive, et cela est le cas encore de nos jours pour les adultes ou les grands enfants d’âge scolaire, le baptême et la confirmation étaient donnés en même temps par l’évêque responsable de la communauté chrétienne. Mais quand les chrétiens sont devenus trop nombreux, on a séparé les deux, réservant la confirmation à l’évêque qui venait ainsi à la rencontre des communautés paroissiales. Souvent tu entendras dire qu’au baptême du bébé, ce sont les parents qui ont inscrit leur enfant comme membre de l’Eglise et, à la confirmation, c’est le jeune qui prend sa décision. Ne deviendrais-tu un vrai chrétien que lorsque tu es confirmé ? Cela n’est pas la réalité car déjà tu sais vivre en chrétien engagé.
Tu connais mes habitudes : revenir à l’étymologie des mots. Confirmation vient de confirmation qui signifie « renforcement », « affermissement ». C’est donc bien plus qu’approuver le choix de tes parents. A la confirmation, l’Esprit nous est donné pour nous donner vigueur, pour nous aider à parvenir à notre statut d’homme et de femme mûrs. Nous venons avec ce que nous sommes, nos faiblesses et nos richesses et nous demandons à l’Esprit-Saint de nous rendre forts. Lors de la cérémonie, nous l’exprimons en sollicitant les sept dons de l’Esprit dont l’esprit d’intelligence, de sagesse, de conseil, etc. Tu le sais bien : tout au long de ces années, tu as évolué (même en sagesse, j’en suis souvent témoin !), tu as changé, tu as mûri. « Vivre, c’est changer ; et être parfait, c’est avoir changé souvent », écrivait le cardinal Newman.
A la confirmation, l’évêque marque le front du chrétien avec le saint chrême, cette huile parfumée utilisée également au baptême. « Reçois la marque de l’Esprit Saint qui t’est donné ». Ton prénom (Nathanaël = Dieu donne) a pris tout son sens le jour de ta confirmation. Tu retrouves le symbole de l’huile dont je te parlais dans ma précédente lettre. Le symbole de l’huile est celui de la marque d’appartenance au Christ. Celle-ci ne te prive pas de ton identité : bien au contraire, Dieu te donne la grâce et la force de devenir pleinement toi-même. Et cette marque est faite sur le front. Connais-tu l’expression « marcher le front haut » pour dire que l’on avance avec fierté et que l’on n’a rien à cacher, qu’on n’a pas honte. Le jour de ta confirmation tu es devenu un témoin public pour jouer ton rôle dans l’annonce de l’Evangile et tu ne dois pas avoir honte. Saint Thomas disait que « le saint chrême est mélangé avec du baume odorant pour que la bonne odeur gagne les autres ».
Voilà une belle mission pour tout chrétien mais nous ne sommes pas seuls pour cela : il y a les autres et puis il y a justement l’Esprit Saint. Mais attention, ce n’est pas du « tout prêt », « tout fabriqué d’avance » comme dans notre société de consommation.
Pour t’aider dans ta réflexion, écoute plutôt cette jolie parabole :
« Un ange tenait boutique. Un client entra et demanda :
- Je voudrais acheter un peu de paix
- Je regrette, mais je n’en ai pas, dit l’ange.
- De l’amour, alors.
- Désolé, mais...
- Bon, je vais prendre une sérénité.
- C’est que, heu...
- Mais vous n’avez donc rien dans cette boutique !
- Ne m’en veuillez pas, dit l’ange, moi je ne vends que les graines. »
6. La lumière du Christ
Les lumières qui éclairaient nos rues pour les fêtes de Noël et du nouvel an se sont éteintes. Et voilà que par mesure d’économie, on suggère de réduire l’éclairage de nos villes et de nos vitrines. Et toi, tu me dis avoir redécouvert ce cierge que tu as reçu le jour de ton baptême. Du coup tu m’interroges sur le symbole de la lumière dans la religion. Pourquoi le prêtre t’a remis ce cierge ?
En réalité, il l’a confié à tes parents, à ton parrain et à ta marraine. Tu étais bien trop petit pour t’en saisir. En le remettant le prêtre a dit ceci : « Nathanaël, reçois la lumière du Christ. Parents, parrain et marraine, je vous confie cette lumière, signe en votre enfant de la vie du Christ ressuscité. Veillez à ce que, illuminé par le Christ, il avance dans la vie à la lumière de l’Evangile.… ».
Tu as grandi : à toi désormais d’entretenir cette lumière. Par expérience, tu sais que la lumière sert d’abord à éclairer : ta chambre, ta maison, la rue mais surtout les visages de tous ceux qui t’entourent. Cela veut dire qu’il te faut apprendre à voir ces visages tels qu’ils sont et non tels que tu voudrais qu’ils soient. A toi de choisir quel sera ton regard pour voir en vérité l’autre, pour apprendre à aimer. Dans l’Evangile, le Christ nous fournit bien des exemples de ce regard qui voit en tout homme un frère à aimer.
Mais la lumière est aussi très utile pour retrouver son chemin dans l’obscurité. Tu habites près de la mer et tu connais aussi l’importance du phare pour le marin qui veut repérer l’entrée du port ou éviter les rochers affleurant à la surface de l’eau. Dès le début du livre de la Genèse, Dieu crée la lumière, comme le vrai commencement de toutes choses. C’est cette lumière qui doit te guider au quotidien pour choisir la bonne route, pour prendre les décisions qui te font grandir. Tu as été baptisé comme pèlerin en route et tu auras besoin de tout ton courage pour lutter contre les doutes, pour faire face aux questions difficiles. Le Christ, lumière, est là pour te guider.
Et cette lumière, tu ne la gardes pas pour toi seulement au risque de la voir s’éteindre. Tu as aussi à la transmettre à d’autres. Je te confie une belle histoire pour t’expliquer cela.
« L'étoile a guidé les rois mages jusqu'à la crèche, ils sont rentrés chez eux. Alors Dieu se dit : « Que faire de cette nouvelle étoile ? Où la placer ? » Il sillonne le ciel, fait le tour des constellations et demande aux myriades d'étoiles, à la Voie lactée, à la Grande Ourse, si elles ne peuvent pas se serrer un peu, laisser un peu d'espace, faire une petite place à cette nouvelle venue...
« Il n'en est pas question, répondent-t-elles, nous sommes installées dans cet ordre depuis toujours, il est impossible de changer notre ordonnance ! »
« Que faire ? », se demande-t-il. « Cette étoile a un destin particulier, elle a guidé les mages jusqu'au Sauveur du monde. Elle est très proche de la Terre !! J’ai la solution ! Je vais la donner au monde. »
Alors, dans son atelier, il casse l'étoile en mille éclats et, comme le semeur, à la volée, il lance les éclats d'étoile partout sur la Terre. Mais ils ne vont pas n'importe où : certains se logent dans les chambres des hôpitaux et deviennent les veilleuses dont les malades ont tant besoin pour ne pas être angoissés la nuit. D'autres descendent au fond des mines, là où les mineurs de fond ont besoin d'être guidés par une lampe frontale. D'autres encore se placent comme fanaux sur les barques, dans les phares sur la mer, pour éviter aux embarcations de s'échouer sur les rochers. Enfin, le plus grand nombre vient habiter le cœur des hommes.
Toi aussi, tu as reçu un éclat de l'étoile de Noël. À toi de le faire briller, de raviver sans cesse cet éclat de lumière dans ton cœur. Joli travail en perspective !!
7. Le Credo : une histoire d’amour
« Croyez-vous en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ? » C’est la question posée par le prêtre à tes parents, parrain et marraine le jour de ton baptême. Tu ne t’en souviens pas mais aujourd’hui tu m’interroges sur le symbole des apôtres. Tu l’entends, tu le proclames même à chaque fois que tu assistes à la messe. Le prêtre invite les fidèles présents à dire leur foi mais tu as du mal à t’y retrouver : « La foi, c’est une affaire personnelle, je crois et puis c’est tout ! ».
J’entends bien ta réaction : oui, croire en quelqu’un (un ami, une copine…), c’est être en relation avec cette personne, c’est s’en remettre à elle car on sait qu’on peut trouver auprès d’elle un appui. D’ailleurs tu auras remarqué que le mot foi a la même racine (le latin « fides ») que confiance, fiabilité, fidélité, fiançailles. Et pour un chrétien, la foi est la réponse libre que nous faisons à l’initiative de Dieu qui se révèle à l’homme.
Seulement, croire en Dieu ne veut pas dire que chacun va remplir son caddy au supermarché des croyances pour y mettre ce qui lui convient ! A cet effet, le Credo, le symbole des apôtres, se veut un condensé de ce qu’il faut croire et nous le partageons avec tous les chrétiens.
Croire en Dieu, ce n’est pas adhérer à un certain nombre de propositions sur Dieu, c’est véritablement faire un avec lui. Et le Credo c’est cette histoire d’amour, de confiance, d’alliance dans laquelle chacun d’entre nous est invité à s’inscrire. Oui, une histoire d’amour qui nous mène de la création de toute chose par Dieu au pardon des péchés, à la résurrection des morts et à la vie éternelle.
Je crois en Dieu, créateur de tout ce qui existe, un Dieu « papa », plein de la puissance d’amour pour le bonheur de tous.
Je crois en ce Jésus, le Fils venu partager notre condition humaine, totalement, de la naissance à la mort. Et quelle mort ! La plus odieuse qui puisse exister de son temps : cloué sur une croix après avoir enduré la haine et la torture des hommes. Oui, il n’y a pas d’enfer humain que le Christ n’ait visité. Mais au matin de Pâques, il est ressuscité. Et c’est pour toi, pour moi, pour chacun d’entre nous la promesse de notre propre résurrection. Le Credo est bien cette histoire d’amour qui nous dit que l’amour peut venir à bout de toute haine.
Et comme Dieu n’est pas simplement créateur et sauveur, il nous a envoyé son Souffle, son Esprit qui est là au cœur de notre quotidien et qui accompagne l’Eglise dans sa marche.
« La foi est rencontre de quelqu’un. Elle n’est pas une science. Elle est une vie. Elle n’est pas une somme de connaissances. Elle est connaissance et reconnaissance de quelqu’un. L’amour entre un homme et une femme ne s’approfondit pas par les connaissances accumulées sur l’être aimé, mais par la connaissance et la reconnaissance de plus en plus vive de celui et de celle qu’on aime. » (Michel Wackenheim).
Pourras-tu désormais penser à tout cela en disant de symbole des apôtres ?
8. S’habiller de blanc
Tu as eu la chance d’assister au baptême de l’un de tes camarades au cours de la veillée pascale. Tu as retrouvé les gestes et paroles du prêtre pour ton propre baptême. Et voilà que tu m’interroges sur la signification de cette remise d’une étole blanche sur les épaules de chaque nouveau baptisé. Oui, toi aussi lors de ton baptême, tu as été revêtu de ce vêtement blanc. « Tu es une créature nouvelle dans le Christ : ce vêtement blanc en est le signe. » Ce sont les paroles dites alors par le célébrant.
Quand nous évoquons le blanc, nous devons sûrement être très marqués par la publicité (la lessive machin lave plus blanc !!) car aussitôt nous parlons pureté, propreté. Au baptême, nous sommes plongés dans l’eau ou plutôt l’eau est versée sur notre tête : cette eau nous lave, nous purifie… Elle nous introduit dans une vie nouvelle, celle d’enfant de Dieu. Mais le vêtement blanc a une autre signification lors du baptême.
Dans ton quotidien d’adolescent, tu es soucieux des habits que tu vas porter ; tu adoptes des tenues à la mode pour être comme les autres tout en ayant bien sûr le souci de marquer ta particularité. Le vêtement c’est bien cela : il est l’expression d’une appartenance, d’une identité. De mon temps (plus de 60 ans déjà !), nous devenions des grands quand nous quittions le short pour les premiers pantalons. Dans certaines tribus africaines, la tenue vestimentaire, la coiffure permettent de distinguer la jeune fille de la femme mariée. Au baptême, la remise du vêtement blanc nous introduit dans un nouveau statut, celui d’enfant de Dieu. Nous revêtons le Christ ressuscité et le vêtement blanc signifie notre participation à la sainteté même du Christ ; il parle de notre vocation commune à être saints.
J’utilise ce mot « saint » et déjà j’anticipe ta réaction : « Moi, baptisé, devenir saint comme saint Yves ou encore comme Mère Térésa ou Saint Vincent de Paul !! Tu rêves ! » Quand nous parlons de sainteté, nous viennent à l’esprit ces personnes dont la vie témoigne héroïquement de leur foi, parfois même jusqu’à mourir assassinées. Et tu en connais quelques exemples. Oui, chrétien, nous sommes certes invités à cela : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. » (Luc 9, 23-24)
Mais être saint, c’est avant tout être choisi par Dieu et, baptisé, tu as été choisi par Dieu (rappelle-toi ce que je te disais sur la signification de l’onction d’huile). En tant qu’« employeur », Dieu ne fait pas le choix de superstars : David, choisi comme roi, assassine Urie pour lui prendre sa femme, Bethsabée ; Pierre prend la fuite dès qu’on lui demande s’il fait partie des disciples de Jésus ; Paul devient l’apôtre des nations mais après avoir persécuté les chrétiens…Voilà, tu n’es pas saint parce que tu es meilleur que les autres et que, soudain, tu deviens très bon, mais parce que tu aimes Dieu et que tu acceptes qu’il t’aime. Et Dieu prend plaisir en nous tels que nous sommes. Le blanc signifie la « gloire éclatante du plaisir de Dieu en nous. »
En revêtant le vêtement blanc, nous sommes enrôlés (en toute liberté) dans le camp des amis de Dieu. Cependant pour parvenir à vivre vraiment en amis de Dieu, il y a quelques exigences (car tu sais bien que toute amitié a ses exigences) : deux règles toute simples que le Christ fait découvrir à ses amis les plus proches lors de la Transfiguration (Marc 9, 2-8). D’abord passer du temps avec Dieu comme on passe du temps avec ses amis : « Il est bon que nous soyons ici » dit Pierre. Et descendre de la montagne et se mettre en route c’est-à-dire se confronter aux réalités de la vie, aller vers les autres.
9. « Je suis venu pour que les hommes aient la vie »
« Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, rejetez-vous le péché ?
Pour suivre Jésus le Christ, rejetez-vous Satan qui est l’auteur du péché ? »
Ce sont les questions que tu as entendues de la bouche du célébrant lors de la Vigile pascale. Et comme le prêtre invitait les fidèles au renouvellement des promesses de leur baptême, tu m’interroges pour savoir comment cela s’est passé à ton baptême. Tes parents ont en effet répondu à ces mêmes questions : « Nous le rejetons ». Tu réagis : « Mais cette promesse ne se réalise pas, le mal est là, au quotidien, au cœur de notre vie, au cœur du monde dans lequel nous vivons ! » Oui, c’est la réalité de notre monde.
De plus au détour d’une conversation, quelqu’un te parle du péché originel, ce péché que la Bible attribue à Adam et Eve, les premiers humains. A l’origine, Adam et Eve ont désobéi à Dieu en mangeant de l’arbre défendu (la fameuse pomme !) et voilà que, depuis, ce péché pèse sur chacun d’entre nous un peu comme une tache sur une belle chemise que tu viens d’acheter !!
Comprends bien que ce récit biblique n’est pas historique : il nous décrit la réalité qui appartient à toute personne. Le mal est au cœur de la nature humaine : c’est d’ailleurs ton propre constat. Nous ne faisons pas usage de notre liberté et, comme Adam, nous nous rebellons contre Dieu et nous refusons l’Amour en préférant la haine. Si tu parcours la Bible, tu découvriras que l’histoire du peuple de Dieu est tissée de ces évènements où l’homme se méfie de Dieu, reprenant le message du serpent à Adam et Eve : « Dieu ne veut pas ton bonheur. » Caïn tue son frère Abel, Joseph est abandonné comme mort par ses frères, David tue Urie pour s’emparer de sa femme, etc… Et aujourd’hui comme hier, le mal est toujours là sous bien des formes : haine, jalousie, violence dans nos familles, nos cités, notre monde (exclusion, persécutions, massacres, …).
A Dieu qui nous propose de nous engager dans sa Vie, de la recevoir comme un don, notre réponse est bien souvent : « Je n’ai besoin de personne et surtout pas de Toi ; je veux vivre comme j’en ai envie ! » Voilà ce qu’est le péché. Rejeter le péché, c’est donc accepter de s’ouvrir à la Parole de Dieu, de lui faire confiance. Et tu comprends, quand tu entends ce mot confiance, pourquoi juste après cette renonciation au péché, nous professons notre foi en ce Dieu qui n’a de cesse de nous pardonner. Il reste fidèle au-delà de ce que tu peux imaginer.
Saint Paul écrivait : « Ce que je voudrais faire, ce n’est pas ce que je réalise ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. » Nous sommes tous dans cette situation et notre chemin de guérison est de prendre conscience de notre capacité à aimer qui trouve ses racines dans l’Amour que Dieu nous porte. Quand nous aurons réajusté les deux images, la personne que nous voudrions être et celle que Dieu veut que nous soyons, alors nous serons réconciliés avec nous-mêmes
Je te confie ces deux phrases fortes que tu pourras méditer :
« Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. », nous dit Jésus dans l’évangile de saint Jean (Jean 10, 10) »
« Je choisis le culte de l’Amour, la haine est un fardeau trop lourd à porter » (Martin Luther King).
A bientôt ! Que Dieu te garde !
10. Prier… un désir… une rencontre
Et voilà que tu m’interroges sur la prière : les chaines de prières pour la libération d’une famille française détenue en otage au Nigéria te posent question. C’est donc quoi prier ? A quoi ça sert ? Es-ce donc efficace ?
T’apporter une réponse complète en si peu de lignes sera difficile. Pour la prière, comme pour bien d’autres aspects de ta vie de chrétien, il faut expérimenter pour bien comprendre. La prière ne se transmet pas. Elle exige découverte, initiation…
Prier, c’est avant tout aller à la rencontre de quelqu’un. Dans ta vie d’adolescent, tu me dis souvent l’importance des échanges avec tes ami(e)s, avec tes professeurs, avec tes parents, même quand cela coince un peu : de ces échanges, tu retires un autre regard sur toi, sur tes projets, sur le monde qui t’entoure. La prière, c’est justement cette relation à Dieu, ce dialogue qui t’oblige à te décentrer de toi, de tes soucis, de te mettre à l’écoute. Cependant tu sais bien que pour entrer en relation avec quelqu’un, il faut le vouloir, le désirer. Souviens-toi de cet épisode de l’Evangile où Nathanaël vient à Jésus, attiré par ce qu’on dit de cet homme. Ses amis lui en ont parlé et il désire en savoir plus. Et Jésus lui fait comprendre qu’il le connait et l’aime avant qu’il s’en soit douté. Dans la Bible, il y a aussi ces belles prières que sont les psaumes qui redisent ce désir de Dieu : « C’est ta face que je cherche, Seigneur ! » Et quand ce désir est là, la prière devient émerveillement, joie, appel au secours, cri de colère et de révolte, demande, tous ces sentiments que l’on exprime à quelqu’un qu’on aime.
En priant tu t’ouvres vraiment à quelqu’un d’autre, à ce Jésus-Christ qui t’attend, tu acceptes d’être habité par sa Parole. Une Parole qui appelle une réponse. C’est dire l’importance de la lecture de la Bible dans ta vie de chrétien.
Et tu sais bien que toute relation avec quelqu’un nous change. Quand tu acceptes de rentrer dans cette relation avec Dieu, tu te transformes aussi, tu deviens autre. « Le but de la prière est moins d’obtenir ce que nous demandons que de devenir autre. » (Julien Green) Et ce que Dieu nous donne, c’est son Esprit, son Souffle. Il nous fournit comme une respiration qui nous redresse intérieurement pour faire face, pour nous mobiliser pour que s’accomplisse ce que nous demandons à Dieu. C’est là tout le sens de ces chaines de prières dont tu me parlais. « Cherchez et vous trouverez ce que vous devez faire ». Dieu souhaite que nous recevions les choses comme répondant à nos prières et donc que nous les reconnaissions comme des dons. Recevoir quelque chose en réponse à une prière est comme le recevoir enveloppé dans du papier cadeau, comme un présent qui exprime une relation. Et cela change tout !
Mais comment prier ? En lisant l’Evangile, tu pourras noter que Jésus pour prier se retire dans le silence. Il nous dit même : « Lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte. » C’est sans doute l’une des premières choses difficiles à réaliser : faire silence, ce qui ne veut pas dire obligatoirement s’enfermer dans un monastère ! Mais c’est te détacher de tout ce qui encombre l’esprit. Comme dans la relation avec quelqu’un, si je ne suis pas présent à celui qui est en face de moi, je ne peux échanger vraiment avec lui. Et quand ce silence s’est fait, la prière coule de source et peu importe le lieu où tu te trouves.
Et alors que dire ? Parfois, rien… se taire… mais aussi lui parler avec ton cœur. Et tu as à ta disposition les prières de l’Eglise : le Notre Père, le « Je vous salue Marie », les psaumes etc... Je te conseille également un ouvrage : « Youcat-Le livre de prière ». Et nous reparlerons plus tard de la prière des chrétiens : le « Notre Père »
Que Dieu te garde.
11. Le Notre Père
Dans ma précédente lettre, je te parlais de la prière : elle est vitale dans la vie de tout chrétien. Un poisson pourrait-il vivre sans eau !! Tu sens bien que la prière est essentielle pour tout baptisé et tu me dis ton interrogation sur le comment prier. Ta question rejoint celle des disciples de Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier ? » Et quelle fut sa réponse ? Il leur a enseigné le Notre Père, cette prière que tu as apprise, que tu reprends régulièrement lorsque tu te retrouves avec d’autres chrétiens mais aussi dans le silence de ton cœur j’en suis sûr !!
Pourquoi cette prière a une telle importance ? Tout simplement parce que c’est celle que le Christ nous a léguée. Il nous a invités à appeler Dieu Père. Il a même utilisé un mot araméen qui, en français donnerait Papa, Abba ! Tu m’évoques la difficulté que certains de tes camarades ont à parler de père en raison des difficultés familiales qui sont les leurs. Il est vrai que de telles situations altèrent l’image d’un Dieu bon, aimant. Il te faut comprendre que la relation au Dieu Père, à l’image de celle du Christ, n’est pas celle d’une subordination, d’une domination autoritaire. « Moi et le Père nous sommes un » : c’est une relation de parfaite égalité et nous nous inscrivons dans cette même relation. On peut même aller jusqu’à dire que Dieu est pour nous Père et Mère : Rembrandt a traduit cela dans sa célèbre toile du Fils prodigue en peignant le Père accueillant son fils avec une main de féminine et une main masculine !
Notre Père !! Et pourquoi pas mon Père ? Le déterminant « notre » dit notre appartenance à une communauté, notre joie d’être enfants du même Père. Et puis continuons ensemble ce parcours du notre Père :
- Qui est aux cieux : non pas dans un lieu par-delà les nuages, mais ici et ailleurs, sans lien avec le temps et l’espace
- Que ton nom soit sanctifié : le nom c’est l’être véritable de la personne et le sanctifier c’est le reconnaître, le louer, le traiter avec estime et respect. J’en connais de tes copains qui réagissent violemment quand ils estiment que leur nom n’est pas respecté !
- Que ton règne vienne, que ton projet de justice, de paix, de joie pour le monde se réalise.
- Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel, que ce projet se réalise autour de nous mais aussi dans notre propre cœur.
Et la seconde partie du Notre Père est une suite de demandes faciles à comprendre mais si difficiles à réaliser.
12. La bénédiction
C’est la 12ème lettre. Ensemble nous avons parcouru les points forts du baptême. A la fin de la cérémonie, après le Notre Père dont je te parlais précédemment, il y a ce moment où le prêtre bénit le nouveau baptisé, les parents et toues les personnes présentes. Tu étais bien petit pour te souvenir de ce moment, mais tu m’as évoqué quelques souvenirs récents où tu as assisté à des bénédictions : celle de la mer, celle des chevaux, celle de la nouvelle cloche de l’église… Oui, la bénédiction est trop souvent réduite à cette sacralisation d’objets et on a tendance à lui donner un aspect magique, une espèce de protection infaillible, plus sûre que toutes les assurances du monde !! Et cela te pose quelques interrogations. Qu’est-ce que ces bénédictions ?
Il faut toujours se rapporter à l’étymologie du mot : ce mot « bénir » (du latin benedicere ; ce mot traduit en grec est à l’origine du mot « éloge ») signifie « dire le bien ». Et si on parcourt la Bible, dès les premiers chapitres de la Genèse, l’homme et la femme sont bénis par Dieu. « Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Jésus, lui aussi, bénit les enfants, les malades, les foules qui le suivent… Et au dernier repas avant sa mort, il bénit le pain et le vin. A la fin du baptême, c’est le célébrant qui s’exprime ainsi : « Que Dieu bénisse celle qui vient d’être maman, qu’il bénisse le papa afin que tous deux soient les premiers témoins de la foi pour l’enfant qui vient d’être baptisé… »
Bénir ce n’est pas une formule magique. Dieu, le Père et le créateur de toutes choses nous dit : « Il est bon que tu sois là, c’est bien que tu existes. Et ces animaux, cette maison, ce bateau sont là pour ton bien et qu’à travers eux tu comprennes que Dieu est au cœur de ton quotidien et lui donne son sens ». Le geste du prêtre qui bénit est là pour nous tourner vers Dieu et nous inviter à notre tour à dire notre reconnaissance, à proclamer que Dieu est source de tout don. La bénédiction est donc à double sens : Dieu, par le prêtre, bénit ses créatures, comme à la création dans le livre de la Genèse (« Et dieu vit que cela était bon ») ; l’homme, en retour (quand il n’oublie pas !!) dit toute sa reconnaissance pour ce que Dieu a fait pour lui. Tu pourras relire les nombreux psaumes qui disent ce merci.
Et comme à la fin de chaque eucharistie, le baptême se termine par l’envoi. Tu noteras que je n’ai pas dit : le renvoi. Oui tout baptisé est envoyé vers le monde dans lequel il va vivre non pas pour faire un travail de recrutement de gens qui vont adopter ses idées mais pour découvrir que nous sommes invités à vivre avec les autres et pour les autres. Nous avons à découvrir Dieu en chacun de nos frères et sœurs…
Le rôle de l’Eglise est d’aller vers les autres, de connaître chacun par son nom. C’est le cœur de la mission. Il est vrai qu’en descendant dans la rue, on prend le risque, comme n’importe qui, d’avoir un accident. Mais je préfère mille fois une Eglise accidentée à une Eglise malade.