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Un conte chinois ; A l'école du caméléon ; Poème malgache ; Accueillir ; Ouvre-moi ta porte ; De qui te fais-tu le prochain ? Les personnes sont des cadeaux ; Pour l'autre : On ne trouve ce que l'on attend

Un conte chinois

Un empereur chinois fit un jour un serment solennel : « Je vais conquérir et rayer de la carte de mon royaume tous mes ennemis ».
Peu de temps après, les sujets de l’empereur ne furent pas peu surpris de le voir se promener dans les jardins impériaux bras dessus, bras dessous, en compagnie de ses pires ennemis riant et plaisantant ensemble.
« Mais alors, lui dit un courtisan étonné, n’as-tu pas juré de rayer de ton royaume tous tes ennemis ?
- Je les ai bel et bien supprimés, répondit l’empereur. De chacun d’eux, j’ai fait un ami ! »

Bruno Ferrero (Comme des ronds dans l’eau, Ed. du Signe, 2000)


A l’école du caméléon

Le caméléon est un très grand professeur.
Regardez-le.
Quand il prend une direction, il ne tourne jamais la tête. Faites comme lui. Ayez un objectif dans la vie et que rien ne vous en détourne.
Le caméléon ne tourne pas la tête mais c’est son œil qu’il tourne. Il regarde en haut, en bas. Cela veut dire : informez-vous. Ne croyez pas que vous êtes le seul sur la terre.
Quand il arrive dans un endroit, il prend la couleur du lieu. Ce n’est pas de l’hypocrisie. C’est d’abord de la tolérance et puis du savoir-vivre. Se heurter les uns les autres n’arrange rien. Jamais rien n’a été construit dans la bagarre. Il faut toujours chercher à comprendre l’autre. Si nous existons, il faut admettre que l’autre existe.
Si le caméléon avance, il lève un pied. Il balance ? Cela s’appelle de la prudence dans la marche.
Pour se déplacer, il accroche sa queue : ainsi si ses pieds s’enfoncent, il reste suspendu. Cela s’appelle assurer ses arrières. Ne soyez donc pas imprudent.
Lorsque le caméléon voit une proie, il ne se précipite pas dessus mais il envoie sa langue. Si sa langue peut lui ramener, elle lui ramène. Sinon, il a toujours la possibilité de reprendre sa langue et d’éviter le mal. Allez doucement dans tout ce que vous faites.
Si vous voulez faire une œuvre durable, soyez patient, soyez bon, soyez humain.

Hamadou Ampaté Ba


Poème malgache

Si tu t'es querellé avec ton frère
Et que tu as envie de le tuer
Assieds-toi, bourre ta pipe et fume-la.
Ta pipe fumée
Tu n'auras plus envie
Que de lui appliquer une bonne correction.
Alors, assieds-toi, bourre ta pipe et fume-la.
Après cela,
Tu seras persuadé qu'une bonne explication
Règlera aussi bien la querelle
Alors, assieds-toi, bourre ta pipe et fume-la.
Ta pipe fumée,
Va vers ton frère
Et pardonne-lui.

Anonyme


Accueillir

Accueillir tout simplement le jour qui vient
et le salut du voisin.
Accueillir le bonheur qui se présente
et le malheur qui s’abat.
Accueillir le frère qu’on attendait
et l’« ami » qu’on n’attendait pas.
Accueillir la chaleur et la soif,
le froid et la faim,
mais aussi l’abondance démesurée de la viande,
les jours où l’on fait la fête.
Accueillir le mystère de l’existence,
de la nature, de la vie, de la mort,
et l’avenir venu de Dieu.
Accueillir le monde comme un don
Qu’on reçoit tous ensemble,
et non comme une proie
qu’on s’arrache.
Accueillir la vie avec un cœur d’enfant
une confiance spontanée,
une capacité inlassable de toujours recommencer,
une fois paisible en l’avenir.

Hervé de Bellefon


Ouvre-moi ta porte

J'ai frappé à ta porte,
j'ai frappé à ton cœur
pour avoir un bon lit,
pour avoir un bon feu.
Pourquoi me repousser ?
Ouvre-moi, mon frère !...
Pourquoi me demander
si je suis d'Afrique,
si je suis d'Amérique,
si je suis d'Asie,
si je suis d'Europe ?
Ouvre-moi, mon frère !....
Pourquoi me demander
la longueur de mon nez,
l'épaisseur de ma bouche,
la couleur de ma peau
et le nom de mes dieux ?
Ouvre-moi, mon frère !....
Je ne suis pas un Noir,
je ne suis pas un Rouge,
je ne suis pas un Jaune,
je ne suis pas un Blanc,
mais je ne suis qu'un homme.
Ouvre-moi, mon frère !...
Ouvre-moi ta porte,
ouvre-moi ton cœur
car je suis un homme,
l'homme de tous les temps,
l'homme de tous les cieux,
l'homme qui te ressemble !..

René Philombe


De qui te fais-tu le prochain ?

Qui est mon prochain ?
Seigneur, quand je me demande quel est mon prochain, tu déplaces habilement la question
et tu me réponds : « De qui te fais-tu le prochain ? »  Le prochain ce n'est pas l'autre
c'est toi qui te rends proche de ton voisin !
Seigneur, tu es le bon Samaritain, toi qui, le premier, as voulu être le prochain de tout homme. Ta vie est une invitation à ouvrir toutes grandes les portes de notre maison.
Tu fais éclater toutes nos frontières, celles du sang, de la race et de la religion.
Tu nous révèles le signe de la vraie conversion : sortir de nous-mêmes, de notre égoïsme, de l'étroitesse de notre petit univers, pour aller, chaque jour, chaque matin, à la rencontre de celui que tu mets sur notre chemin.
Ce voisin de palier que nous ne voudrions pas croiser,
cette fille-mère du quartier que nous préférerions ignorer,
ce chômeur qui trouble notre quiétude,
cet étranger qui perturbe nos habitudes,
tous ceux qui risquent de nous déranger ...
Et si, un jour, nous décidions de devenir leur prochain qui leur tend la main !

Michel Hubaut


Les personnes sont des cadeaux

Les gens sont des cadeaux. Certains sont magnifiquement enveloppés. Ils sont très attrayants, dès le premier abord. D’autres sont enveloppés de papier très ordinaire. D’autres ont été malmenés par la poste. Il arrive parfois qu’il y ait une « distribution spéciale ». Certains sont des cadeaux dont l’emballage est bien fait. Mais l’emballage n’est pas le cadeau. C’est si facile de faire erreur et nous rions quand les enfants prennent l’un pour l’autre.
Parfois le cadeau est très facile à ouvrir. Parfois, il est difficile, il faut se faire aider. Peut-être parce que les autres ont peur ? Parce que ça fait mal ? Ils ont peut-être été déjà ouverts et rejetés...
Je suis une personne et donc moi, je suis un cadeau. Un cadeau pour moi-même d’abord. Ai-je déjà regardé à l’intérieur de l’emballage ? Ai-je peur de le faire ? Peut-être n’ai-je jamais accepté le cadeau que je suis. Pourrait-il se faire qu’il y ait à l’intérieur quelque chose de différent de ce que je m’imagine ?
Je n’ai peut-être jamais vu le cadeau que je suis. Je suis aussi un cadeau pour les autres. Je suis une personne unique pour les autres. Les autres doivent-ils se contenter de l’emballage, sans jamais pouvoir apprécier le cadeau ?
Toutes les rencontres sont des échanges de cadeaux. Une personne est un cadeau, pas seulement pour moi. Mais aussi pour les autres à travers moi. Quand une personne devient mon ami et que je me l’approprie, je détruis sa nature de cadeau si je le mets de côté que pour moi. C’est alors que je peux le perdre, mais si je le donne aux autres, je le garde.
Oui, les gens sont des cadeaux reçus... ou donnés...

Georges B. Nintemann


Pour l’autre

Voici l’autre devant moi, Seigneur,
Je dois le regarder « lui »
au-delà de ma sympathie ou de mon antipathie,
au-delà de mes idées et de ses idées,
de mon comportement et de son comportement,
je dois « lui » permettre d’exister devant moi,
tel qu’il est en son être profond
et ne pas l’obliger à l’attaque,
à la défensive, à la comédie.
Je dois le respecter, autre que moi,
et non pas le saisir pour moi,
le gagner à mes idées, l’entrainer à ma suite.
Je dois être « pauvre » devant lui,
ne pas l’écraser ou l’humilier,
ni l’obliger à la reconnaissance.
Car il est unique, Seigneur,
et donc riche d’une richesse que je ne possède pas,
et c’est moi, le pauvre qui me tiens à sa porte,
dépouillé, nu, pour apercevoir, au fond de son cœur,
ton visage, Ô Christ ressuscité,
qui m’invite et me sourit.

Michel Quoist


On ne trouve ce que l’on attend

Il était une fois un homme assis près d’une oasis, à l’entrée d’une ville du Moyen-Orient.
Un jeune homme s’approcha et lui demanda :
- Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme lui répondit par une question : 
- Comment étaient les gens de la ville d’où tu viens ?
- Egoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit le vieil homme.

Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et posa la même question : 
- Je viens d’arriver dans la région. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme répondit de même :
- Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens de la ville d’où tu viens ?
- Ils étaient bons, bienveillants et accueillants, honnêtes. J’avais de nombreux amis et j’ai eu beaucoup de mal à les quitter.
- Tu trouveras les mêmes ici, lui répondit de vieil homme.

Un marchand qui faisait boire ses chameaux, avait entendu les deux conversations. Dès que le second jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche : 
- Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la question donnée par deux personnes ?
- Mon fils, dit le vieil homme, chacun porte son univers dans son cœur. D’où qu’il vienne, celui qui n’a rien trouvé de bon par le passé ne trouve rien ici non plus. Par contre, celui qui avait des amis dans l’autre ville trouvera ici aussi des amis loyaux et fidèles. Car vois-tu, les gens sont vis-à-vis de nous ce que nous trouvons en eux.

Conte oriental 


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