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Textes à méditer : Par(ab)oles !

Temps de lecture : 21 minutes
Textes à méditer : Par(ab)oles !

La cithare du bonheur ; Les quatre saisons ; L'éléphant et les six aveugles ; Le conte des ballons ; Le condor et le colibri ; Comment être heureux ? ; L'aiglon dans la basse-cour ; le sapin et le pommier ; le panier d'ordures ; Un jardinier passionné

Voici des textes recueillis ici et là, bien souvent d’auteurs anonymes. Chacun peut être une occasion de réflexion au sein des équipes éducatives…


La cithare du bonheur

C'était un homme droit et sincère qui cherchait le chemin du bonheur, qui cherchait le chemin de la vérité. Il alla un jour trouver un vénérable maître soufi dont on lui avait assuré qu'il pourrait les lui indiquer. Celui-ci l'accueillit aimablement devant sa tente et, après lui avoir servi le thé à la menthe, lui révéla l'itinéraire tant attendu : « C'est loin d'ici, certes, mais tu ne peux te tromper : au cœur du village que je t'ai décrit, tu trouveras trois échoppes. Là, te sera révélé le secret du bonheur et de la vérité ».  

La route fut longue. Le chercheur d'absolu passa maints cols et rivières. Jusqu'à ce qu'il arrive en vue du village dont son cœur lui dit très fort : « C'est là le lieu ! Oui, c'est là ! » Hélas... dans chacune des trois boutiques il ne trouva comme marchandise que rouleaux de fil de fer dans l'une, morceaux de bois dans l'autre et pièces éparses de métal dans le troisième. Las et découragé, il sortit du village pour trouver quelque repos dans une clairière voisine.   

La nuit venait de tomber. La lune remplissait la clairière d'une douce lumière. Lorsque tout à coup se fit entendre une mélodie sublime. De quel instrument provenait-elle donc ? Il se dressa tout net et avança en direction du musicien. Lorsque, stupéfaction, il découvrit que l'instrument céleste était une cithare faite de morceaux de bois, des pièces de métal et des fils d'acier qu'il venait de voir en vente dans les trois échoppes du village. A cet instant, il connut l'éveil. Et il comprit que le bonheur est fait de la synthèse de tout ce qui nous est déjà donné, mais que notre tâche d'hommes intérieurs est d'assembler tous ces éléments dans l'harmonie.    

Anonyme


Les quatre saisons

Il était une fois un homme, père de 4 fils. Il voulait apprendre à ses 4 fils de ne point juger précipitamment. Pour cela il envoya chacun faire une enquête personnelle : observer un poirier. Le premier fils partit en hiver, le second au printemps, le troisième en été et le benjamin en automne.
Quand tous furent partis et revenus, il les rassembla et leur demanda de lui décrire ce qu'ils avaient vu.
Le premier fils dit : « L’arbre était affreux, plié et ses branches tordues ».
Le second dit : « Non, il était couvert de pousses vertes et plein de promesses ».
Le troisième n'était pas d’accord : « Mais non, il était couvert de fleurs qui sentaient bon et je le trouvais majestueux, c'était l'arbre le plus gracieux que j'avais jamais vu ».
Le benjamin secoua sa tête pour bien marquer sa désapprobation en disant qu’il portait  des fruits bien murs, lourds de leur jus.
Le brave homme leur dit alors: « Mes fils vous avez tous raison. Vous avez observé cet arbre à une saison différente et donc chacun a vu seulement une saison de la vie de l’arbre. Vous ne pouvez juger l’arbre sur une seule saison. Il en est de même des êtres humains : ne les jugez pas sur une seule petite partie de leur vie. »

Anonyme


L’éléphant et les six aveugles

Il était une fois six aveugles qui vivaient dans un petit village.
Un jour, les habitants dirent aux six aveugles qu'un prince étranger traversait le village à dos d'éléphant. Mais ils n'avaient aucune idée de ce qu'était un éléphant.
Ils décidèrent donc que, même s'ils ne pouvaient pas le voir, ils pouvaient le palper, le sentir. Ils s’empressèrent d'aller là où l'éléphant se trouvait et chacun le toucha.
Le premier explora le flanc. Il s'extasia : « Cet éléphant, cette merveille, est un mur, c'est évident. »
Le deuxième palpa l'oreille et prétendit : « Oh, non, cet éléphant dont on parle tant, est un éventail. »
Le troisième caressa la patte et déclara : « Vous vous trompez, cet éléphant est un arbre. »
Le quatrième, auscultant la trompe, opta pour un serpent, tandis que le cinquième prit les défenses pour une lance et s'exclama « Vous dites tous n'importe quoi ! »
Enfin le dernier, qui s'était saisi de la queue, affirma haut et fort : « Mais c'est très simple. L'éléphant n'est rien d'autre qu'une corde. »
Ils se mirent à discuter, chacun d'eux étant convaincu que son avis était le bon. Un tumulte s'ensuivit et les six aveugles commencèrent à se disputer, chacun refusant d'écouter la description des autres.
Chacun avait, en partie, raison. Mais ils avaient aussi tous tort.

Conte bouddhiste


Le conte des ballons

Sur la place du marché, le vendeur de ballons remporte un grand succès auprès des enfants.
Quand ses affaires ralentissent, en bon commerçant, il a trouvé une excellente publicité : il libère un ballon en alternant les couleurs… un blanc, un rouge, un jaune…
En voyant monter le ballon, les enfants s’approchent, retrouvent l’envie d’acheter et les affaires reprennent pour l’astucieux vendeur.
Mais voici que se présente un petit enfant noir. Il observe le manège, tire le marchand par la manche et lui pose cette question :
- Monsieur, si vous libériez un ballon noir, est-ce qu’il s’envolera comme les autres ?

Alors le vendeur regarde le petit garçon avec bonté et compréhension et lui dit :
- Ecoute-moi bien, fiston, et retiens ce que je vais te dire pour toute ta vie : c’est uniquement ce qu’il y a dans le ballon qui le fait monter !

Anonyme


Le condor et le colibri

Il était une fois le condor, un oiseau extraordinaire, grand et puissant, qui prétendait être le Roi car - selon lui - il était le seul à pouvoir voler jusqu’au soleil.
Un petit colibri apparut et dit. « Moi aussi je peux voler jusqu’au soleil ! »
Les animaux se mirent à rire et les deux oiseaux se défièrent pour une course le lendemain matin.
À la levée du jour tous les animaux de la forêt se réunirent : le condor y vint très tôt, préparant ses plumes et dépliant ses ailes majestueuses.
Mais le colibri n’arrivait pas. Le condor dit alors : « Voyez, mon opposant n’est même pas venu. Mais je vous montrerai quand même qui peut voler jusqu’au Soleil ! »
Il déplia ses ailes et vola très, très haut, jusqu’à être tout proche de l’atmosphère du soleil. À ce moment-là, pour montrer sa révérence - puisqu’il ne faut pas regarder le visage de Dieu - il inclina sa tête et des plumes de son col émergea le petit colibri, qui pénétra le soleil et en ressortit emportant dans son bec le feu le plus sacré !
Revenu à la forêt, il dit fièrement : « J’ai vu le visage de Wiracocha ! C’est donc moi le Roi. »
Depuis lors, il représente l’habileté d'utiliser la force à laquelle on ne peut pas s’opposer, l’astuce et l’intelligence… et la passion de se lancer dans de grands défis, même lorsque tous les autres croient qu’il nous manque les ailes ou la force pour faire face !

Légende des Andes


Comment être heureux ?

Un enfant demande à son père :
- Dis papa, quel est le secret pour être heureux ?
Alors le père demande à son fils de le suivre ; ils sortent de la maison, le père sur leur vieil âne et le fils suivant à pied.
Et les gens du village de dire :
- Mais quel mauvais père qui oblige ainsi son fils d'aller à pied !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison, dit le père.
Le lendemain ils sortent de nouveau, le père ayant installé son fils sur l'âne et lui, marchant à côté.
Les gens du village dirent alors :
- Quel fils indigne, qui ne respecte pas son vieux père et le laisse aller à pied !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Le jour suivant, ils s'installent tous les deux sur l'âne avant de quitter la maison.
Les villageois commentèrent en disant :
- Ils ne respectent pas leur bête à la surcharger ainsi !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Le jour suivant, ils partirent en portant eux-mêmes leurs affaires, l'âne trottinant derrière eux.
Cette fois les gens du village y trouvèrent encore à redire :
- Voilà qu'ils portent eux-mêmes leurs bagages maintenant ! C'est le monde à l'envers !
- Tu as entendu mon fils ? Rentrons à la maison.
Arrivés à la maison, le père dit à son fils :
- Tu me demandais l'autre jour le secret du bonheur. Peu importe ce que tu fais, il y aura toujours quelqu'un pour y trouver à redire. Fais ce qui te plaît et tu seras heureux !

Conte africain


L’aiglon dans la basse-cour

Au pays de mon enfance, il était une fois un jeune garçon qui découvrit un œuf merveilleux dans le nid d'un aigle. Il s'en empara, redescendit au village et mit l'œuf magnifique à couver dans le poulailler de la ferme de ses parents.
Quand l'œuf vint à éclore, un petit aigle en sortit et grandit parmi les poussins, picorant sa nourriture comme ses compagnons. Un jour, regardant en l'air, il vit un aigle qui planait au-dessus de la ferme. 
Il sentit ses ailes frémir et dit à un de ses frères poulet : 
- Comme j'aimerais en faire autant !
- Ne sois pas idiot, répondit le poulet, seul un aigle peut voler aussi haut.
Honteux de son désir, le petit aigle retourna gratter la poussière et picorer  son grain, le bec au sol. Il ne remit plus jamais en cause la place qu'il croyait avoir reçue sur cette terre.
Imaginez que l'aiglon de cette histoire ait refusé de se laisser définir par les autres et qu'il se soit appuyé sur son envie ! Comme l'aigle dans le ciel, il serait devenu ce qu'il est.

Conte tibétain


Le sapin et le pommier

Un jour d'automne, un pommier, mécontent de son sort, confia sa déception au pomiculteur. La nature avait été injuste envers lui en lui donnant une apparence toute difforme, alors que le magnifique sapin qui s'élançait à ses côtés faisait l'envie de tous les hommes qui, d'année en année, ne cessaient de le décorer de magnifiques étoiles illuminées.
Le pomiculteur reprit alors: « Tu es difforme, c'est vrai. Mais souviens-toi que tu es un arbre greffé dès ton jeune âge et que tu rappelles à l'homme qu'il est lui aussi déformé par ses fautes et ses faiblesses, mais capable de donner de bons fruits. Tu es émondé, c'est vrai aussi, mais c'est pour que tes fruits n'en soient que plus magnifiques. »
Et, parlant de ses fruits, le vieux pomiculteur tira une belle pomme du pommier, sortit son couteau et, d'un trait horizontal, la coupa en deux parties égales. Il montra les deux moitiés au pommier et pointant avec son couteau l'étoile formée au milieu par les pépins, il lui dit: « Tu vois, mon vieux, le sapin a les étoiles qu'on lui ajoute, mais toi c'est au milieu de toi que tu as tes étoiles. C'est dans ton cœur même qu'est ta beauté ! »

Anonyme


Le panier d’ordures

Un jour, un homme riche donna un panier rempli d’ordures à un homme pauvre. L'homme pauvre lui sourit et partit avec le panier. Il le vida, le nettoya et puis le remplit de fleurs magnifiques. 
Il retourna chez l'homme riche et lui rendit le panier. L'homme riche s'étonna et lui dit : « Pourquoi tu m'as donné ce panier rempli de belles fleurs, alors que je t’ai donné des ordures ? »
Et l’homme pauvre de lui répondre :
« Chaque personne donne ce qu’il a dans le cœur ».

Anonyme


Un jardinier passionné

Un jour, dans un monastère, le jardinier invite un des moines à venir contempler la beauté de son jardin.
« Regarde mes tomates, comme elles sont magnifiques ! Et mes fleurs ? Ne les trouves-tu pas de toute beauté ? »
« Oui, répond le moine, mais n’oublie pas que tout cela est un don du Créateur ! »
« C’est certain, dit le jardinier, mais viens avec moi… »
Il emmena le moine un peu plus loin, dans une parcelle laissée en friche...
« Regarde : voilà ce qui se passe quand on laisse le bon Dieu cultiver tout seul ! »

Anonyme


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