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La différenciation pédagogique pour les débutants 

Temps de lecture : 16 minutes
La différenciation pédagogique pour les débutants 

Diversifier les apprentissages, tous les enseignants en ont envie pour mieux aider leurs élèves. Tous ressentent également la forte incitation à différencier les apprentissages en fonction des besoins des élèves mise en avant par les textes officiels. Cependant, se lancer n’est pas facile. Par où commencer ? Comment être sûr de bien faire ? Jusqu’où aller ? La différenciation pédagogique pour débutants en dix questions…  

1. Et si je faisais déjà de la différenciation sans le savoir ?
Chaque enseignant, comme Monsieur Jourdain, fait certainement de la différenciation pédagogique sans le savoir. C’est ce que l’on appelle la différenciation intuitive. S’approcher d’un élève et lui mettre la main sur l’épaule pour l’apaiser, permettre à un élève de répondre à l’oral et non à l’écrit, c’est déjà de la différenciation. Première chose à faire donc : repérer ce que l’on fait déjà, mieux comprendre ce qu’il y a derrière et le faire de façon plus consciente et systématique. Pour en savoir plus : « Je fais de la différenciation sans le savoir ».
 
2. Par quoi commencer ? Une première étape : la diversification
Il s’agit de varier les approches et les démarches pour prendre en compte la diversité de profils des élèves. Tous les élèves font la même chose au même moment, mais l’enseignant s’efforce de varier les approches autour d’une même notion : il propose à l’ensemble du groupe plusieurs situations d’apprentissage autour de la même notion. Par exemple : 
- Pour les auditifs, les visuels, les kinesthésiques. 
- Pour ceux qui comprennent mieux à partir de la règle (déductifs), ceux qui comprennent mieux en partant d’exemples (inductifs), ceux qui comprennent mieux en établissant des rapports de ressemblance avec ce qui est déjà connu (pensée analogique). 
- Pour ceux qui sont stimulés par le travail de groupe et pour ceux qui ont besoin de chercher seuls. 
- Etc. 
 
3. Et ensuite ? La différenciation par groupes de besoins
Tous les élèves travaillent sur des compétences et des objectifs communs, mais pas de la même façon : on crée des groupes de besoins. On peut dire que tout le monde va au même endroit, mais pas par le même chemin. La différenciation c’est « La diversification des supports et des modes d’apprentissage pour un groupe d’apprenants aux besoins hétérogènes mais aux objectifs communs » Michel Perraudeau. Pour en savoir plus : « Les paramètres de la différenciation ».
 
4. Mais je dois différencier jusqu’où ? Tous les élèves doivent bien faire le programme ? L’individualisation
L’individualisation concerne les élèves en grande difficulté. Pour une compétence donnée, ils travaillent sur des objectifs qui leurs sont propres. Ces objecctifs peuvent être plus ou moins éloignés du programme. S’il y a un enseignant spécialisé dans l’établissement, il peut prendre en charge ces élèves. Il peut aussi aider à mettre en place des apprentissages individualisés au sein de la classe. Attention, cette démarche doit obligatoirement être formalisée par un PPRE : un élève ne peut pas travailler sur des objectifs différents de ceux du reste de la classe, et sans référence au programme, sans que cela soit contractualisé avec sa famille. 
 
5. Quelles modalités de différenciation ? 
On peut proposer : 
- Des activités différentes. 
- Des activités semblables avec des accompagnements différents. 
Pour en savoir plus et trouver des pistes de différenciation : « Les paramètres des la différenciation »
 
6. Doit-on différencier aussi pour les « bons » élèves ? 
Un enfant n’apprend pas sans plaisir. Un "bon" élève est un élève qui a généralement découvert le plaisir d’apprendre. S’il ne trouve plus de plaisir en classe, il peut régresser, voir devenir perturbateur. Il convient de répondre aussi à leur besoin d'apprendre. Il ne s'agit pas de leur donner du travail en plus mais plutôt de : 
- Jouer sur la complexité de la tâche : on ne donne pas du travail en plus mais une tâche plus complexe dès le départ. 
- Mettre à disposition des activités différentes à faire (ou pas) librement s’ils ont fini avant les autres : énigmes à résoudre, livres ou documents à lire ou approfondir une leçon, fichiers autocorrectifs, jeux de logique… 
- Leur proposer d’être « moniteurs » pour aider ceux qui sont en difficulté. 
 
7. Différencier, est-ce injuste ? 
Au contraire, prendre en compte les capacités de chacun, c’est cela la vraie justice. Cependant, les élèves peuvent percevoir le fait que certains aient un exercice moins long à faire ou bénéficient d’une aide comme « injuste ». Il est donc important d’en parler avec la classe, d’expliquer… Ça peut être l’occasion d’organiser un débat philosophique sur la justice. 
 
8. Doit-on aussi différencier l’évaluation ? 
Évaluer un élève sur une situation à laquelle il n’a pas été entraîné, c’est le mettre en échec à coup sûr. Il faut donc différencier l’évaluation pour qu’elle ait lieu dans les mêmes conditions que le travail de découverte et d’entraînement effectué en classe. 
Attention, cependant, toute différenciation de l’évaluation doit être contractualisée dans un PPRE car la famille de l’enfant doit avoir conscience du fait que les résultats ont été obtenus dans des conditions différentes de celles mises en place pour le reste de la classe. 
L’évaluation doit répondre à deux objectifs : 
- Situer l’élève par rapport aux objectifs de fin de cycle. 
- Mesurer les progrès de l’élève par rapport à sa propre progression. 
 
9. Différencier, ça me donne plus de travail ? 
Inutile de le cacher... oui, surtout au début !
Cependant, on voit très vite les résultats positifs, non seulement par les progrès des élèves mais aussi par un changement de climat dans la classe. Un élève dont les besoins sont pris en compte est plus apaisé, il reprend peu à peu confiance en lui et en l’enseignant...
Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide au maître E s’il y en a un dans l’établissement. On peut également solliciter le chef d’établissement et les collègues à l’occasion de concertations de cycle. Souvent, des tentatives de différenciation ont été mises en place l’année précédente. Pour démarrer, on peut s’appuyer sur ce qui a déjà fonctionné. L’enseignant de la classe précédente peut aussi signaler ce qu’il a essayé et qui n’a pas fonctionné… ça évite de perdre du temps !
Quand on débute, on peut aussi profiter des temps d’aide personnalisée dans le cadre des APC : voir qu’une stratégie fonctionne en petit groupe peut donner confiance pour l’utiliser ensuite en classe. 
La citation suivante peut aussi rassurer : 
« Il ne faut pas considérer la différenciation comme faisant appel à un renouvellement constant. L’enseignant doit disposer de supports qu’il utilise de façon relativement répétitive et que, d’une séance sur l’autre, il ne fait que compléter différemment (…) La différenciation ne se joue pas aux différentes séances sur des éléments nouveaux, ce qui serait perturbant pour les élèves, elle se joue sur des supports connus dont quelques éléments varient au cours de l’année ». Christian Cousin.
 
10. On ne peut quand même pas différencier pour tout le monde tout le temps ? 
Non, en effet, et ce n’est vraiment pas ce qui est demandé. Ce serait de l’individualisation, et nous avons vu que l’individualisation est réservée aux cas d’élèves en grande difficulté.
Si vous êtes « débutants » en différenciation pédagogique, choisissez quelques pistes qui vous semblent abordables pour vous lancez. Enrichissez ensuite votre dispositif en fonction des besoins et des résultats, petit à petit. 
 
À lire aussi sur sitEColes :
- Sur la différenciation 
- Sur des cas particuliers ou des besoins spécifiques
 
 
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