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Textes à méditer : Douceur

Temps de lecture : 27 minutes
Textes à méditer : Douceur

Éloge de la douceur ; La petite note de douceur ; La leçon des hérissons ; Le sourire ; Une école de la douceur ; La vraie douceur ; Béatitudes de la douceur ; Un poème : Douceur ; Seigneur, je suis Ton petit instrument ; Seigneur, donne-moi Ta divine Douceur ; Il y a des matins d’été ; Les yeux de la mama ; La Tendresse.

Éloge de la douceur
Pascal Balmand, extrait de la conférence de presse du 3 octobre 2017
Et puisque je viens de parler d’Alliance, j’aimerais clore mon propos par l’éloge d’une vertu trop facilement raillée : la douceur, sans laquelle nulle alliance n’est possible. La douceur de celles et ceux qui savent que tout ce qui est important appelle de la lenteur. La douceur de celles et ceux qui cultivent la gratuité avant le rendement. La douceur de celles et ceux qui choisissent d’écouter, et non d’être sûrs d’avoir raison. La douceur de celles et ceux qui laissent à un enfant le temps de grandir. Dans un livre magnifique intitulé « Puissance de la douceur », Anne Dufourmantelle écrit ceci : « (…) la douceur apparaît d’abord comme une défaillance. Elle déroge à toutes les règles du savoir vivre social. Les êtres qui en font preuve sont parfois des résistants mais ils ne portent pas le combat là où il a lieu habituellement. Ils sont ailleurs. Incapables de trahir comme de se trahir, leur puissance vient d’un agir qui est constamment une manière d’être au monde ». Après avoir précisé, puisqu’hélas il me faut sans doute le préciser, que pour moi la douceur n’est absolument pas incompatible avec l’exigence - dont elle constitue bien au contraire une condition, je peux vous l’avouer : l’École que j’aime est une École de la douceur …

La petite note de douceur

Il était une fois une note de musique qui s'était échappée d'une des plus belles partitions parce qu'elle ne pensait pas être à sa place. Elle avait le plus joli son et le plus doux de toute les notes mais elle était tellement rapide qu'elle se sentait inutile au milieu de toute ses soeurs.
Elle voulait tellement être plus lente pour pouvoir faire profiter plus longtemps de sa beauté.
Sa pensée était simple; elle attendrait que le pianiste s'aperçoive qu'il ne la jouait plus, et comme ça il pourrait peut être grâce à son talent et à son oreille se dire qu'il manquait une note douce et lente dans son oeuvre.
Le musicien joua chaque soir pendant un long moment et, même si elle s’impatientait, la petite note attendait car elle était sûre qu'il s'en apercevrait.
Un soir, par pur hasard, une petite fille s'approcha du piano, elle toucha d'abord une touche blanche, puis une noire, puis une blanche et ainsi de suite... Elle allait tellement vite qu'elle réveilla la petite note mais ce fut si rapide qu’elle n'y prêta pas d'attention.
Le pianiste qui l'observait et bien sûr l'écoutait se tourna vers elle et lui dit:
« Tu as joué une des plus jolies notes et une des plus douces mais tu n'y as pas fait attention. »
Il se leva, regarda le piano, et commença à jouer le premier morceau qui lui avait fait aimer la musique.
Il ne se souvenait plus de cet air qui pourtant avait décidé de son avenir...
Le pianiste avait oublié la plus jolie des notes, et la douceur de son enfance... 
Plus ses mains s'amusaient et plus la petite note s'entendait, plus les sons retentissaient et plus son visage s'éclairait...
C’est ainsi que la plus jolie note est revenue, et qu'elle ne quitta plus les pensées de celui qui la faisait sonner avec tant de douceur et d'émerveillement... comme un enfant.

(Anonyme)

La leçon des hérissons

Une nuit d’hiver, une famille de hérissons n'arriva pas à dormir, tant le froid était vif. Ils décidèrent donc de se serrer les uns contre les autres pour se réchauffer. Mais ils avaient oublié leurs piquants.
Chaque fois qu’ils tentaient de se rapprocher, ils finissaient par se piquer douloureusement.
Jamais le groupe ne parvint à rester uni. Certains tentèrent de se rapprocher à nouveau, mais chaque fois, ils se piquèrent le museau.
Pourtant, il fallait absolument trouver comment se rapprocher : les oiseaux y arrivaient, les lapins, les taupes, tous les animaux aussi. Enfin, ils comprirent.
Et tout doucement, petit à petit, soir après soir, ils s’approchèrent les uns des autres en rétractant leurs piquants.
C’est ainsi qu'avec mille et une précautions, ils trouvèrent la bonne distance pour dormir heureux et au chaud.

D'après la parabole de Schopenhauer

Le sourire

Il est un bon moyen de se créer une âme amicale : le sourire. Pas le sourire ironique et moqueur, le sourire en coin de lèvres, qui juge et rapetisse. Mais le sourire large net.
Savoir sourire : quelle force ! Force d'apaisement, force de douceur, de calme, force de rayonnement. 
Un type fait une réflexion sur ton passage... tu es pressé... tu passes... mais souris, souris largement. Si ton sourire est franc joyeux, ton type sourira aussi... et l'incident sera clos dans la paix... Essaie. 
Tu veux faire à un camarade une critique que tu juges nécessaire, lui donner un conseil que tu crois utile. Critique, conseil, choses dures à avaler. Mais souris, compense la dureté des mots par l'affection de ton regard, le rire de tes lèvres, par toute ta physionomie joyeuse. Et ta critique, ton conseil porteront mieux... parce qu'ils n'auront pas blessé. 
Il est des moments où, devant certaines détresses, les mots ne viennent pas, les paroles consolatrices ne veulent pas sortir... Souris avec tout ton cœur, avec toute ton âme compatissante. 
Tu as souffert et le sourire muet d'un ami t'a réconforté. Tu ne peux pas ne pas avoir fait cette expérience. Agis de même pour les autres. ..
Souris à ce pauvre à qui tu viens de donner deux sous..., à cette dame à qui tu viens de céder ta place..., à ce monsieur qui s'excuse parce qu'il t'a écrasé le pied en passant. Il est malaisé parfois de trouver le mot juste, l'attitude vraie, le geste approprié. Mais sourire ! C'est si facile... et cela arrange tant de choses ! Pourquoi ne pas user et abuser de ce moyen si simple. Le sourire est un reflet de joie. Il en est source. 

Guy de Larigaudie

Une école de la douceur 

La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.
Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.

La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.

De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.

La douceur est l'un des noms de cette réconciliation avec ce qui a été refoulé, exilé dans le passé et ainsi "repris" avec mansuétude et le courage qu'il faut pour s'avouer qu'on y était, en conscience.

La douceur est ce qui nous permet d'aller au-devant de cet étranger qui s'adresse à nous, en nous. C'est la voix que le poète anime, et recueille.
C'est une part du monde sauvage déposée là.

La douceur apparaît d’abord comme une défaillance. Elle déroge à toutes les règles du savoir-vivre social. Les êtres qui en font preuve sont parfois des résistants mais ils ne portent pas le combat là où il a lieu habituellement. Ils sont ailleurs. Incapables de trahir comme de se trahir, leur puissance vient d’un agir qui est constamment une manière d’être au monde

« Puissance de la douceur », Anne Dufourmantelle

La vraie douceur 

La vraie douceur combine la fermeté de l'esprit et la tendresse du cœur ; elle évite la complaisance et l'inaction de l'esprit débile, aussi bien que la violence et l'amertume du cœur dur.
Sans la douceur du cœur, la fermeté de l'esprit est froide et distante, laissant la vie dans un perpétuel hiver privé de la douceur du printemps et de l'agréable chaleur de l'été. Quoi de plus tragique que de voir une personne qui s'est élevée jusqu'aux hauteurs disciplinées de la fermeté de l'esprit, mais qui a sombré en même temps dans les abîmes sans chaleur de la dureté du cœur.
 
Martin Luther King

Béatitudes de la douceur 

Heureux celui dont la douceur apporte aux hommes
un peu de paix puis la joie de vivre.

Heureux celui dont la douceur fait respirer
le temps qui passe,
vient calmer la tristesse ou réduire la souffrance.

Heureux celui dont la douceur
n’est pas suave, ni faible.
Celui-là sait ouvrir les yeux.
Celui-là fait contempler à l’homme
le monde qui l’environne, 
les hommes qui l’entourent.

Alors celui-là ouvrira l’ère d’un monde nouveau.
En lui toute larme saura disparaître,
En lui la mort s’ouvrira vers la vie,
En lui toute la terre deviendra le Royaume;

sur le site Port-Saint-Nicolas

Un poème : Douceur 
 
Douceur,
Je dis : douceur.

Je dis: douceur des mots
Quand tu rentres le soir du travail harassant
Et que des mots t'accueillent
Qui te donnent du temps.

Car on tue dans le monde
Et tout massacre nous vieillit.

Je dis: douceur,
Pensant aussi
À des feuilles en voie de sortir du bourgeon,
À des cieux, à de l'eau dans les journées d'été,
À des poignées de main.

Je dis: douceur, pensant aux heures d'amitié,
À des moments qui disent
Le temps de la douceur venant pour de bon,

Cet air tout neuf,
Qui pour durer s'installera.

Guillevic (1907-1997)
 

Seigneur, je suis Ton petit instrument 

Seigneur, je suis un petit instrument. Très souvent j'ai l'impression d'être un bout de crayon entre Tes mains. C'est Toi qui penses, qui écris et agis. Fais que je ne sois rien d'autre que ce crayon. 

Tu m'as envoyée. Ce n'est pas moi qui ai choisi où aller. Tu m'as envoyée non pour enseigner mais pour apprendre : à être douce et humble de cœur. 
Tu m'as envoyée pour servir et non pour être servie. Servir avec un cœur humble. Et tu me dis : va, pour être cause de joie dans ta communauté. Va chez les pauvres avec zèle et amour. Va servir en hâte, comme la Vierge. 
Choisis les choses les plus dures. Va avec un cœur humble, avec un cœur généreux. 
Ne va pas avec des idées inadaptées à ton genre de vie, avec de grandes idées sur la théologie ou sur ce que tu aimerais enseigner ; va plutôt pour apprendre et servir. 
Partage avec un cœur humble ce que tu as reçu. Va chez les pauvres avec une grande tendresse. Sers-les avec un amour tendre et compatissant. Va te donner sans réserve.

Mère Térésa de Calcutta

Seigneur, donne-moi Ta divine Douceur 

Seigneur, donne-moi Ta divine Douceur, Toi qui voulus être un petit enfant enveloppé de langes, un adolescent soumis à Marie et Joseph, un Messie jamais conquérant, un Ressuscité dans le secret. 
Seigneur, donne-moi Ta divine Douceur, Toi qui as dit : « Bienheureux les doux, Ils possèderont la terre » donne-moi de saisir chaque chose avec douceur ; le téléphone et la valise, la plume et le balai, la fourchette et le plat, et surtout la main qui se tend vers moi. 
Seigneur, donne-moi Ta divine Douceur, Toi qui as dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. ». Donne-moi d’accueillir toute chose avec douceur ; le bon et le mauvais, la joie et la peine, l’encouragement et la critique, l’instant tel qu’il est et surtout l’autre tel qu’il se présente. Vierge pleine de grâce, Vierge du Sourire, restaure en moi la divine douceur, apprends-moi à guérir ceux que j’ai blessés, que ta Tendresse fasse surgir sur mes lèvres les paroles qui rétablissent la paix.

Sœur Emmanuelle du Caire


Il y a des matins d’été

Il y a des matins d’été où,
comme une fleur qui s’ouvre à la rosée 
on goûte lentement la douceur de l’eau fraîche
Seigneur, quand l’eau me désaltère
Je suis ton enfant bien vivant.

Il y a des après-midi d’été où,
comme un petit lézard qui s’endort sur sa pierre
on se laisse caresser par le brûlant soleil 
Seigneur, quand le soleil me réchauffe
Je suis en paix avec toi.

Il y a des soirs d’été où,
comme les voiles d’un bateau qui se gonflent de vent, 
on écarte grand les bras pour respirer la brise
Seigneur, quand l’air du soir me porte
Je m’élance vers toi.

Il y a des nuits d’été où,
comme les étoiles qui veillent dans le ciel 
on reste là, attentif aux bruits du silence. 
Seigneur, quand les bruits de la nuit me bercent
Je veille un moment près de toi.

sur le site Port-Saint-Nicolas


Des chansons 

Les yeux de la mama

Quand j’ai froid, elle se fait lumière 
Comme un soleil dans l’existence 
Quand j’ai mal, elle se fait prière 
Elle me dit tout dans un silence 
Quand je souffre, elle souffre avec moi 
Quand je ris, elle rit aux éclats 
Mes chansons sont souvent pour elle 
Elle sera toujours ma merveille 

Quand je n’suis pas à la hauteur 
Elle m’élève plus haut que le ciel 
Elle est la splendeur des splendeurs 
Elle est la sève, elle est le miel 
C’est son sang qui coule dans mes veines 
Et des souvenirs par centaines 
Bercent mon cœur de mille étoiles 
Elle est ma quête, elle est mon Graal 

Oh mon Dieu, laissez-les-moi 
Les beaux yeux de la Mama 
Enlevez-moi même tout le reste 
Mais pas la douceur de ses gestes 
Elle m’a porté avant le monde 
Elle me porte encore chaque seconde 
Elle m’emportera avec elle 
Je lui serai toujours fidèle 

Quand je me blesse, elle est douceur 
Comme une caresse dans l’existence 
Quand j’abandonne, elle devient lionne 
Et me relève avec patience 
Quand j’ai la folie des grandeurs 
Elle me ramène sans me faire mal 
Elle est dans ce monde infernal 
Mon étoile parmi les étoiles 

Oh mon Dieu, laissez-les-moi 
Les beaux yeux de la Mama 
Enlevez-moi même tout le reste 
Mais pas la douceur de ses gestes 
Elle m’a porté avant le monde 
Elle me porte encore chaque seconde 
Elle m’emportera avec elle 
Je lui serai toujours fidèle 

Kendji Girac


La Tendresse

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y'en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas

On peut vivre sans la gloire
Qui ne prouve rien
Etre inconnu dans l'histoire
Et s'en trouver bien
Mais vivre sans tendresse
Il n'en est pas question
Non, non, non, non
Il n'en est pas question

Quelle douce faiblesse
Quel joli sentiment
Ce besoin de tendresse
Qui nous vient en naissant
Vraiment, vraiment, vraiment

Le travail est nécessaire
Mais s'il faut rester
Des semaines sans rien faire
Eh bien... on s'y fait
Mais vivre sans tendresse
Le temps vous paraît long
Long, long, long, long
Le temps vous parait long

Dans le feu de la jeunesse
Naissent les plaisirs
Et l'amour fait des prouesses
Pour nous éblouir
Oui mais sans la tendresse
L'amour ne serait rien
Non, non, non, non
L'amour ne serait rien

Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n'est plus qu'un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D'un coeur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n'irait pas plus loin

Un enfant vous embrasse
Parce qu'on le rend heureux
Tous nos chagrins s'effacent
On a les larmes aux yeux
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu...
Dans votre immense sagesse
Immense ferveur
Faites donc pleuvoir sans cesse
Au fond de nos coeurs
Des torrents de tendresse
Pour que règne l'amour
Règne l'amour
Jusqu'à la fin des jours.

Noël Roux 


 
© Crédit photo : Yvon Garel