Présentation synthétique des programmes 2002 de l'école
Temps de lecture : 25 minutesL’intégralité du dossier de presse est disponible sur www.education.gouv.fr
A. Présentation des nouveaux programmes de l'école
1. De véritables instruments de travail
Les programmes sont accompagnés d'une liste détaillée de compétences exigibles à la fin de l'école maternelle et à la fin de chacun des cycles de l'école élémentaire et complétés par des documents d'application qui précisent leur mise en œuvre. D'une manière générale, les nouveaux programmes proposent aux maîtres d’assurer : La maîtrise du langage, l'éducation citoyenne, la maîtrise des mathématiques et des sciences, l’apprentissage d’une langue vivante ou régionale, le développement de l'intelligence sensible et l'éducation physique Ces programmes visent à transmettre une culture et des connaissances précises.
À l'école maternelle :
Les programmes de l'école maternelle restent en continuité avec les précédents. Ils explicitent de manière beaucoup plus détaillée ce qui est attendu des maîtres. Ils mettent le langage " au cœur des apprentissages " sans négliger qu'à cet âge, le jeu en est une dimension centrale.
Au cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2)
Les programmes du cycle 2 se caractérisent essentiellement par l'effort qui a été fait pour tenir compte des connaissances accumulées ces dernières années sur la manière dont les élèves apprennent à lire et écrire. Ils tournent délibérément le dos aux tentations des méthodes globales et demandent aux enseignants de faire comprendre à tous leurs élèves ce qu'est le code alphabétique et comment il convient de s'en servir pour lire avec efficacité. Parallèlement, ils demandent de mettre l'accent non seulement sur la compréhension des textes écrits mais aussi, plus généralement, du langage oral. Enfin ils exigent un effort soutenu sur l'écriture. En mathématiques, ils mettent l'accent sur le nombre et son écriture ainsi que sur l'entraînement au calcul mental.
Au cycle des approfondissements (cycle 3)
C'est au cycle 3 que se concentrent les plus grandes nouveautés. - La maîtrise du langage y prend une dimension décisive. Il est demandé aux enseignants de s'assurer qu'elle s'acquiert non seulement pendant les heures qui lui sont réservées mais aussi chaque fois que le parler, le lire et l'écrire sont engagés. - La construction des éléments de base d'une culture partagée. Cette première culture, différente des cultures familiales, est seule susceptible de faire comprendre à tous les élèves, dès le plus jeune âge, qu'ils viennent à l'école non seulement pour apprendre à lire, écrire et compter mais aussi pour construire des connaissances (qui seront universelles), pour reconnaître les valeurs qui sont celles de la République et celles de la démocratie. - Un enseignement cohérent et continu d'une langue vivante - Une culture scientifique fondée sur l'expérience maintenant validée de la " main à la pâte " et sur un enseignement renouvelé des mathématiques.
1. De nouvelles manières de travailler
— Articuler les activités spécifiques et les activités transversales :
La maîtrise du langage et de la langue française s'inscrit certes dans des activités spécialisées mais aussi, à l'occasion de tous les autres apprentissages, dans une attention permanente à la qualité du parler, du lire et de l'écrire de chacun des élèves.
Ainsi les sciences expérimentales exigent que l'élève apprenne à expliciter les raisons qui le conduisent à une affirmation, bref à argumenter. L'histoire est l'occasion de comprendre, en situation, le récit historique et la complexité des temps verbaux qui y sont utilisés. Où, ailleurs qu'en mathématiques, peut-on apprendre à bien lire un énoncé de problème, à bien rédiger le compte-rendu d'un atelier de recherche, la solution d'un exercice ? Où, ailleurs que dans la leçon de géographie, peut-on apprendre à rédiger la description d'un paysage ?
— Prendre soin d'accompagner tous les élèves au moment des ruptures importantes :
Utilisation d’évaluations diagnostiques (entrée en G.S, entrée en CE2) et d’évaluations bilan (fin de CM2)
— Ne laisser aucun élève en difficulté sans intervention spécifique
Pour la première fois, les programmes font mention des conduites à tenir lorsque des élèves ne parviennent pas à entrer dans les apprentissages qu'on leur propose grâce aux programmes personnalisés d'aide et de progrès (PPAP) destinés aux enfants qui sortent du cycle 2 sans avoir acquis les compétences de base.
A. Gros plan sur quelques priorités
1. La maîtrise du langage et de la langue française
À l'école maternelle
Si l'objectif principal reste, comme dans les instructions précédentes, l'accès à une bonne maîtrise du langage oral, la principale nouveauté réside dans l'accent mis sur la préparation à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Il était de tradition, dans les écoles maternelles, pratiquement depuis qu'elles existent, de préparer les enfants à la lecture par la méthode globale, c'est-à-dire en leur apprenant à reconnaître des mots entiers présentés sur des étiquettes. Cette approche est critiquée aujourd'hui par de nombreux spécialistes. Les nouvelles instructions proposent un cheminement plus complet et mieux coordonné avec ce qui se passe ensuite à l'école élémentaire. - En premier lieu, il s'agit de familiariser les élèves avec le langage écrit avant même qu'ils sachent lire. On initie les élèves à dicter au maître des textes qui se rapprochent de plus en plus de la langue écrite. - En second lieu, là encore avant d'entrer dans l'apprentissage systématique de la lecture, on permet aux enfants de comprendre comment fonctionne le code alphabétique dans notre langue.
Cela passe par le difficile repérage des sons qui constituent les mots. On sait que les jeux avec des poésies, des comptines, des chansons, c'est-à-dire avec du langage rythmé et rimé, facilitent ces premiers pas. C'étaient des activités que les plus jeunes maîtres avaient perdu de vue et qu'il faut fortement réactiver. Se demander comment s'écrit un mot et essayer de le composer en s'aidant de ce que l'on sait déjà, par exemple les prénoms de la classe, est une compétence tout aussi importante. Enfin, le rôle de l'écriture devenant plus décisif encore que celui de la lecture dans ces premières découvertes de l'écrit, un effort tout particulier devra être fait sur le graphisme.
Au cycle des apprentissages fondamentaux (cycle 2)
C'est au cycle 2 que l'on apprend à lire et à écrire. Il n'est pas utile de l'anticiper, mais, par contre, il est nécessaire de bien le préparer dès l'école maternelle. Pour la première fois, en France, les programmes du cycle 2 proposent aux maîtres des indications précises sur la manière de conduire cet apprentissage. La méthodologie indiquée tourne résolument le dos aux méthodes globales. Elle propose deux grands axes de travail : l'un portant sur l'entraînement à la reconnaissance des mots, qui doit devenir automatique (lecture courante), l'autre sur la compréhension des textes et, plus généralement, du langage. Ce n'est que progressivement, dans le cours du cycle 2, que l'enfant passe de la compréhension des textes entendus à la compréhension des textes lus de manière autonome. La lecture à voix haute est, pour l'enfant, un exercice irremplaçable. D'une manière générale, la compréhension des textes entendus doit précéder et préparer celle des textes lus. (Texte lu par le maître) Cet aspect du cycle 2 est très important pour les enfants qui n'ont pas la chance de vivre dans des familles qui pratiquent assidûment les lectures faites à haute voix par les parents.
Au cycle des approfondissements (cycle 3)
La maîtrise du langage, au cycle 3, est certainement l'aspect le plus novateur des programmes. Elle se divise en deux types d'activités :
- Les activités propres : L'observation réfléchie de la langue française (grammaire, orthographe, conjugaison, vocabulaire)
La grammaire, activité traditionnelle du cycle 3 a été redéfinie. Elle se centrera principalement sur la compréhension de la structure de la phrase, c'est-à-dire de la relation entre le verbe et son sujet, entre le verbe et les compléments (directs ou indirects) qui le suivent. Retrouver cette armature est le seul moyen pour un enfant de comprendre ce qu'il lit. L'objectif est ici de faciliter l'élocution et la rédaction.
La connaissance des conjugaisons est aussi importante. On demande aux maîtres de soutenir la mémoire de l'enfant en leur montrant les régularités qui existent dans les personnes. Le vocabulaire doit retrouver une place qui s'était progressivement érodée. Il devra aussi conduire à la rigueur dans la lecture et la rédaction, en entraînant les enfants à l'usage des dictionnaires.
L'orthographe enfin : Au fur et à mesure qu'augmente dans les classes le temps passé à des exercices répétitifs, le niveau de l'orthographe des élèves se dégrade. Les méthodes d’apprentissage doivent reposer sur l'intelligence de la syntaxe et du lexique. Elles supposent aussi un entraînement systématique à l'attention orthographique lorsqu'on rédige (y compris sous dictée) et pas seulement lorsqu'on fait un exercice.
— La lecture des textes littéraires
Chaque semaine, entre 4h 1/2 et 5h 1/2 devront être consacrées à la lecture des textes littéraires, chaque jour 2 heures au moins seront consacrées à la lecture et à l'écriture en général. C'est dans la littérature que l'enfant apprend à aimer lire et à bien lire. Il faudra aussi qu'une partie des textes rencontrés le soit par la voix du maître. En alternant lecture à haute voix des enfants, lecture silencieuse, lecture à haute voix du maître, résumés, il est possible de " lire " un petit roman en une semaine (dans les 5 heures dévolues à la littérature). On arrivera ainsi aisément aux 10 œuvres exigées par les programmes et, même, on les dépassera. La récitation n'est pas un exercice à part, elle doit redevenir une conséquence de la lecture. La rédaction est elle aussi une conséquence de la lecture.
— Le débat d'éducation civique
Au-delà de son importance capitale dans la première prise de conscience de l'articulation entre libertés et contraintes dans la vie collective, le débat hebdomadaire (30 min) est l'occasion d'un apprentissage de la communication réglée. La communication réglée : Accepter les formes du débat ou les faire respecter, en assurer le secrétariat, apprendre à rester dans le sujet, parler en se faisant comprendre.
1. Les langues vivantes étrangères et régionales : Ces programmes précisent : les compétences à atteindre et les contenus d'enseignement pour chaque cycle, le volume horaire (entre 1h et 2h hebdomadaires au cycle 2 ; entre 1h30 et 2h hebdomadaires au cycle 3) ainsi que les principes pédagogiques d'un enseignement structuré. La mise en application du plan pour l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire - Les étapes ultérieures sont la rentrée 2002 (CE2), 2003 (CE1), 2004 (CP) et 2005 (grande section de maternelle) ; les programmes pour les langues vivantes entrent en vigueur en septembre 2002 pour la première année du cycle des approfondissements (CE2). - La diversification des langues enseignées est un axe essentiel. Une information des familles des élèves devant entrer en CE2 sera assurée au cours du troisième trimestre. L’introduction progressive d'une seconde langue en sixième à partir de la rentrée 2002 consolidera la place des langues autres que l'Anglais à l'école primaire.
2. Les arts et la culture Les nouveaux programmes de l'école primaire ont l'ambition de donner aux élèves une première culture littéraire et artistique par une pratique de création ou d'interprétation et une rencontre avec les œuvres. La culture artistique se développe à travers trois approches : 1/ Une formation de base en arts visuels et en musique. (horaires portés à 3 heures par semaine) Dessin, mais aussi compositions plastiques, photographies, vidéos… Musique à travers la pratique de la voix et le chant choral. Chaque école doit avoir sa chorale. 2/ Des pratiques et des connaissances artistiques intégrées dans d'autres enseignements. Le théâtre a sa place en littérature, la danse en éducation physique et sportive, la connaissance du patrimoine artistique et culturel en histoire, l'approche du paysage en géographie. 3/ La réalisation de classes à projet artistique et culturel. Les classes à PAC sont des moments privilégiés pour approfondir un thème, rencontrer un créateur, découvrir d'autres expressions artistiques. Deux classes de ce type doivent être obligatoirement organisées, l'une à l'école maternelle, l'autre à l'école élémentaire.
3. Des outils d'évaluation pour les enseignants
Nous devons distinguer l'investigation que l'on peut faire sur les acquis d'un élève particulier (évaluation diagnostique) et l'évaluation de l'efficacité du système scolaire (évaluation bilan).
— Les évaluations diagnostiques : Les maîtres peuvent ainsi mieux définir les besoins de chacun à l'entrée de la grande section, en CE2, en 6ème , et à partir de la rentrée 2002 en 5ème.
— La banque d'outils d'aide à l'évaluation diagnostique : Ces outils, ancrés dans les programmes, permettent d'évaluer les élèves tout au long de l'année et de faire évoluer les choix pédagogiques en fonction des besoins repérés.
— Les évaluations en langue étrangère ou régionale : Dès la rentrée 2002, des outils d'évaluation en allemand, en anglais et en espagnol permettront aux enseignants de 6e d'évaluer leurs élèves et de prendre en compte leurs acquis afin d'adapter leur enseignement.
— Les évaluations bilans : Il convient d'accompagner les changements par un dispositif régulier d'évaluation bilans des connaissances et compétences des élèves en fin de CM2. Cette évaluation permettra de resituer les résultats des élèves dans leurs différents contextes de classe et d'école, et par un questionnaire destiné aux élèves, approcher leur implication dans la construction de leurs savoirs (motivation, perception des disciplines, perception des attentes des enseignants par exemple). L'évaluation sera organisée tous les trois ans et les disciplines seront évaluées par " rotation ". En 2002-2003., elle portera sur les langues vivantes étrangères et les compétences en maîtrise du langage et de la langue française communes aux différentes disciplines.