10 œuvres littéraires à lire, mission impossible ?
Temps de lecture : 9 minutesL'objectif est de constituer une culture de base par une fréquentation assidue des textes littéraires. C'est en effet, dans ces types de textes plutôt que dans des textes utilitaires que la langue française s'exprime pleinement. C'est dans la littérature que l'enfant apprend à aimer lire et à bien lire.
Impossible, si on pense à nos années " lycée ". Si on se représente " 10 pavés " : Proust, Dostoïevski ou Victor Hugo… Si on se sent obliger de faire des fiches de lecture, de répondre à des questionnaires.
Possible, si les œuvres littéraires sont à la portée des enfants. La liste donnée par l'éducation nationale est une liste de références des œuvres de littérature de jeunesse pour le Cycle 3. (www.eduscol.education.fr. Elle comprend des albums, des bandes dessinées, des contes, des recueils de poésies, des romans et des récits illustrés, du théâtre.
Possible, si on propose le plaisir de lire : lecture " gratuite " sans analyse ni fiche de lecture, lecture à haute voix par le maître, lecture silencieuse…
L'objectif n'est pas la lecture expliquée, mais une imprégnation donnant le plaisir du texte et une culture littéraire de base.
Pour s'en convaincre, vous lirez ci-dessous un extrait du dossier de presse sur les programmes 2002 (conférence de presse de Jacques Lang du 20 février 2002).
« La lecture des textes littéraires
Plusieurs rapports avaient constaté la diminution des activités de lecture dans les grandes classes de l'école primaire. On sait que, en dehors de la lecture suivie d'un ou deux petits romans par an, les enfants étaient au mieux confrontés à des textes dépenaillés sortis des fichiers de lecture, dont l'étude se limitait à répondre à quelques questions ponctuelles. Comme dans bien d'autres domaines culturels, la fréquentation de la littérature était trop souvent abandonnée à l'espace familial. Là encore, aucun horaire défini ne venait encadrer les maîtres. Les nouveaux programmes en donnent deux : chaque semaine, entre 4h 1/2 et 5h 1/2 devront être consacrées à la lecture des textes littéraires, chaque jour 2 heures au moins seront consacrées à la lecture et à l'écriture en général.
L'objectif est ici de constituer une culture de base par une fréquentation assidue des textes littéraires. C'est en effet, dans ces types de textes plutôt que dans des textes utilitaires que la langue française s'exprime pleinement. C'est dans la littérature que l'enfant apprend à aimer lire et à bien lire.
Une culture ne saurait se constituer avec un nombre trop limité d'œuvres. L'essentiel est de beaucoup lire. On sait que les enfants du cycle 3 ont encore des difficultés pour lire rapidement et efficacement des textes complexes. Il faudra donc améliorer leurs compétences. Ce sera l'objectif des ateliers de lecture qui visent prioritairement l'entraînement. Il faudra aussi qu'une partie des textes rencontrés le soit par la voix du maître. On renoue là encore avec une antique tradition.
En alternant lecture à haute voix des enfants, lecture silencieuse, lecture à haute voix du maître, résumés, il est possible de " lire " un petit roman en une semaine (dans les 5 heures dévolues à la littérature). On arrivera ainsi aisément aux 10 œuvres exigées par les programmes et, même, on les dépassera. L'important est qu'ainsi nourri de nombreux textes, l'enfant se constitue une culture de référence qui lui permette de lire seul des œuvres littéraires en comprenant leurs enjeux et leur subtilité, de retrouver dans sa nouvelle lecture les thèmes ou les débats d'une lecture précédente, de prendre plaisir au déchiffrage de tout cet implicite qui fait la littérature.
Il ne s'agit en aucun cas de faire des lectures expliquées, mais simplement de nourrir la mémoire de nombreux textes parfaitement compris. L'interprétation, qui est à la portée d'un enfant dès l'école maternelle, est assurée par les débats qui suivent les lectures et mettent en jeu les valeurs portées par les textes. Là encore, comme en éducation civique, il faudra aller au delà des pudeurs qui avaient envahi l'école. On ne peut éduquer un enfant sans le conduire à comprendre les valeurs universelles qui guident nos actions. La littérature est l'un des lieux privilégiés où ces valeurs s'expriment et entrent en conflit. Il appartient à l'enseignant de conduire les élèves à juger, en toute occasion, avec discernement.
Le plaisir du texte, à l'école primaire, ne relève pas de l'explication mais de l'imprégnation. Chaque fois que l'émotion née de la rencontre d'un beau texte aura été ressentie pas la classe, qu'il soit de prose ou de vers, le texte devra être appris par cœur et donner lieu à un travail d'interprétation. La récitation n'est pas un exercice à part, elle doit redevenir une conséquence de la lecture.
De même, chaque fois qu'un texte aura, par sa construction ou son thème, passionné les enfants, il faudra les conduire à tenter, dans leur propre écriture, d'en prolonger le plaisir. La rédaction est elle aussi une conséquence de la lecture. »
Au delà de cet extrait de conférence de presse, lisez les programmes (1) (www.education.gouv.fr) et les documents d'accompagnement des programmes (www.cndp.fr/), appuyez-vous sur la transversalité et surtout prenez plaisir à lire avec vos élèves.
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- Polémique autour de la liste de référence des oeuvres littéraires pour le cycle 3
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(1) «"On privilégiera le parcours rapide, seul susceptible de permettre à cet âge la compréhension d'ensemble de l'œuvre. Une séance peut suffire pour une courte nouvelle ou un poème, une à deux semaines sont nécessaires pour terminer un roman un peu long. » « Elles ne doivent déboucher sur aucune activité susceptible de décourager les élèves ".