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" Toto " et " le permis à points " !

Temps de lecture : 13 minutes

Aider les élèves à respecter les règles, le permis à points est-il une solution ?

Permis de se conduire, permis à points.
Recette miracle ? Recette pour équipe démunie ? Recette éducative ? Répression ?

Des équipes tentent la mise en place d'un « permis à points » pour que les élèves respectent les règles. Certains l'appellent même « permis de se conduire » !
Dans le climat ambiant de répression, devant la difficulté d'éduquer, on peut comprendre ces tentatives. Mais quelle efficacité ?

C'est une tentative de transfert de ce qui se passe dans le monde adulte avec le permis de conduire. Dans ce cas, les rôles sont différents : moniteur d'école qui enseigne, inspecteur qui valide l'examen, policier qui relève la faute et justice qui attribue la sentence.
Dans l'école, où se situe le rôle prioritaire des enseignants et des éducateurs ?

Qu'observe-t-on dans ce genre de pratique ?
On note les fautes, on comptabilise, on retire des points. C'est la modalité répressive qui prend le dessus sur la fonction éducative. Sans tout permettre, faut-il toujours punir ? Faut-il traquer la faute, quitte à en devenir obsessionnel ? Faut-il garder une trace écrite de toutes les erreurs ?

Que se passe-t-il pour « Toto », enfant en trouble du comportement et de la conduite ? Très vite, il n'a plus de point ! Ou alors, les adultes transgressent " le barême " pour lui laisser des chances. Alors « la loi universelle » n'est plus appliquée. Paradoxe !

L'aspect comptable devient prégnant. Lassés, certains adultes abandonnent cette comptabilité. Le dispositif n'est pas tenable. C'est occasionnellement, souvent sous le coup de l'énervement, qu'on retire des points. Cette attitude donne à « Toto » une impression d'improvisation insécurisante et d'une injustice. « Pourquoi moi ? Hier, Alceste a fait la même chose sans punition. » En quoi, alors ce dispositif permet-il à «Toto » d'intégrer la loi ?

« Toto » est à l'école pour apprendre. Certes, la sanction (positive ou négative), si elle est expliquée participe à l'apprentissage. Mais elle est loin d'être un vecteur suffisant. L'apprentissage est premier.
Pensons des dispositifs légers et éducatifs. Analysons-les en fonction des enjeux et des finalités !
« sitEColes » vous propose des documents pour une éducation :
Sur les chemins de la citoyenneté
Le conseil de coopération pour une communication citoyenne
Organiser un conseil d'enfants à l'école
Des règles efficaces dans la classe
Et vous invite à consulter aussi la rubrique « vivre ensemble » et « maîtrise de la langue » avec la place de la parole et du débat !

Pour échapper au « tout permis » et au « tout répressif », il y a des cadres à instaurer, des règles à définir et surtout « un vivre ensemble » à faire exister. Le permis à point peut être éventuellement une alternative. Il doit alors être limité dans le temps et pour 2 ou 3 enfants. Il doit surtout être accompagné de dialogue et d'aide (des adultes et des autres élèves). A utiliser avec précaution ! L'école est là pour donner à « Toto » les moyens de découvrir, de respecter, d'apprendre « le vivre ensemble ».

D'accord, pas d'accord avec cet article ! Réagissez !
Vous avez une expérience. Racontez !


Contribution :

Réaction de Jean-Michel Robineau, Ecole Notre Dame du sacré-Cœur, Chanzeaux (49)

« Bonjour,

Directeur d'école à Chanzeaux, j'ai lu avec attention l'article consacré au permis à points publié sur sitecoles.

C'est un dispositif que nous tentons de mettre en place cette année dans mon école. Ce dispositif fait partie intégrante du projet d'année dans mon établissement.

Nous avons essayé de contourner les difficultés dont l'article se fait l'écho (tout répressif, aspects arbitraires...etc...) de la manière suivante :

 

- Ce qui figure sur le permis à points fait l'objet d'une discussion préalable en classe, puis les propositions des classes sont discutées et validées en forum d'école.
- Les points rouges apparaissent sur les permis des enfants pour des fautes répétitives, qui ont fait l'objet de plusieurs rappels à l'ordre :
- Dès le départ, nous avons éveillé notre vigilance sur l'aspect arbitraire du retrait de points. Chez nous ce sont des points rouges qu'on ajoute au permis, mais avec possibilité de les "racheter" en étant irréprochable sur le point incriminé pendant au moins une semaine, ou en rendant un service à la collectivité. Nous disons ainsi que nous ne voulons pas enfermer les enfants dans leurs points rouges. Les enfants eux-mêmes ont été capables de verbaliser que ce système leur laisse le temps de la réflexion pour intégrer quels sont les comportements adaptés à l'école, car la punition est prévue au bout de 3 points rouges.

 


Cette chose est facile à pratiquer dans mon école à 4 classes mais serait bien sûr plus difficile à appliquer dans une grande structure.

 

 

- A chaque fois que nous mettons un point rouge sur le permis individuel de l'enfant, nous lui demandons auparavant s'il sait sur quelle ligne nous allons lui coller le point rouge (arrêt et réflexion sur la faute commise)
- Les classes de maternelle ne sont pas concernées par un permis individuel, mais par un panneau collectif.
- Nous voudrions aussi réfléchir à la manière de signaler les comportements exemplaires (j'ai mis fin à une bagarre, je suis parvenu à réconcilier deux amis qui se sont disputés, j'ai rendu un service...) mais nous sommes encore en recherche sur ce point...

 


Ce travail d'année est notre contribution à la revisite de la pédagogie institutionnelle sur laquelle nous avons beaucoup lu avant de nous lancer dans ce projet, qui fait l'objet d'informations vis-à-vis du conseil d'établissement, qui nous aide ainsi à relayer l'idée auprès des parents ("cultiver la connivence éducative")

Je vous remercie de votre attention. »



Réaction de Virginie Grelier, enseignante en CE/CM dans une école "isolée"

« Bonjour,

Cet article sur le permis à points me conforte dans mon idée que tout n'est pas clair et ceci pour personne. Voici quelques unes de mes réflexions :
- A la suite de difficulté croissante dans une classe de CE/CM, les psychologues scolaires sont venus pour prendre un temps de parole avec les enfants.
Durant l'entretien qui a suivi avec l'enseignante, on lui a reproché le système des points verts qui permettent d'annuler les points rouges : une bonne action n'étant alors pas gratuite...
- dans l'idée du parallèle avec la vie sociale des adultes, l'enseignante de CE/CM se trouve être seule avec sa classe dans une école éloignée de 1 km de la maternelle : elle est alors le moniteur, le gendarme, le juge, le "maton", l'avocat ? et parfois les casquettes sont lourdes à porter ... »



Pas d'accord : Réaction de J. Brunet, chef d'établissement Tours, animateur-formateur (41), 13 septembre 2005
« Bonjour,

Je viens de lire l'article sur le permis à point (que nous appelons la carte du comportement).
C'est avant tout un outil de communication avec les parents et une manière de signifier clairement la limite : pour les élèves et pour les adultes.
Cela permet également à tous les adultes qui interviennent dans l'école d'avoir un moyen commun pour gérer la disicpline. Rien, dans ce système, n'exclue la partie pédagogique et éducative d'une éventuelle sanction : on peut toujours en parler avec l'enfant.
Pour les enfants particulièrement agités, on constate qu'en effet, ils peuvent remplir rapidement la carte... c'est souvent l'occasion de rencontrer la famille pour faire le point à partir d'éléments objectifs et circonstanciés. Je n'ai pas encore vu, après 7 années de pratique de ce système, un enfant remplir 5 fois sa carte ! (nous remettons une carte de 10 points après chaque vacances).
D'autre part et pour finir, heureux celui qui trouve le temps de discuter et d'expliquer aux élèves, sans se fâcher, pourquoi telle ou telle action est mauvaise...
Pour ma part, j'apprécie de pouvoir utiliser cet outil qui permet de marquer la transgression sans dramatiser...
Voilà en deux mots.
Merci mille fois pour votre site formidable (j'aurais dû commencer par cela...)».