Textes à méditer : Vivre ensemble
Temps de lecture : 44 minutes
Jus de salade ; Histoire de bernaches ; Les ciseaux et l’aiguille ; Les longues baguettes ; Vendeur d’eau ; Besoin de tous ces outils ; S’il te plaît, écoute ; Peux-tu simplement m’écouter ; Les porcs-épics ; Il était une fois quatre personnes ; La concertation à l’école Sainte Réunionite ; Une année de silences ; Tu peux parler ; Madiba m'a dit ; C'est la recette du bonheur !
Jus de salade
On rêve de communauté où chacun, censément, serait le tout de l'autre.
Non pas comme des pommes sur le pommier où chacune est finalement pour soi et le soleil pour tous.
Ni comme des fruits dans une même corbeille : il y a diversité, mais juxtaposée.
Alors on invente la communauté passée dans la moulinette ou le mixer. Tout y passe en effet... la peau, les pépins. Il en sort un jus uniforme, plein de vitamines. Mais chacun y a perdu de sa personnalité.
C'était, dit-on, le résultat de certains ordres religieux autrefois. C'est peut-être aujourd'hui l'idéal de telle communauté de base où l'on ne sait plus très bien reconnaître laïcs, religieuses, gens mariés, célibataires.
Une solution meilleure ? La salade de fruits. Chacun reste lui-même : poire, pomme, banane, ananas. Et chacun bénéficie du goût propre de l'autre.
Mais à une condition : accepter évangéliquement d'être coupé en quatre, dix ou douze morceaux si l'on est un beau gros fruit. Seuls, les très humbles restent entiers : une cerise, un grain de raisin, une groseille.
Jacques Loew (Farandoles et Fariboles, Ed. Fayard)
Histoire de bernaches
A l'automne, lorsque vous apercevrez des bernaches volant vers le Sud pour l'hiver dans une formation en « V », pensez à ce que la science nous a appris sur la raison pour laquelle les bernaches volent de cette façon. Chaque battement d'aile d'un oiseau donne une poussée à l'oiseau qui le suit. Une telle coopération permet à toute la volée de parcourir une distance d'au moins 71% supérieure à celle que parcourent individuellement les oiseaux volant en solo.
Lorsqu'une bernache laisse la formation, elle se heurte à la résistance de l'air qui s'oppose à ses efforts de voler seule et elle revient vite dans la formation pour profiter des avantages de voler avec les autres.
Nous pouvons appliquer le même raisonnement dans notre vie et travailler avec d'autres personnes qui vont dans la même direction que nous. Lorsque la bernache de tête est fatiguée, elle revient dans l'aile de la formation et une autre bernache prend la relève. Les bernaches qui sont à l'arrière crient pour encourager celles à l'avant.
Enfin, lorsqu'une bernache s'affaiblit, qu'elle est blessée ou qu'elle tombe de la formation, deux bernaches en sortent alors et descendent à sa suite pour l'aider et la protéger. Ses compagnes demeurent avec elle jusqu'à ce qu'elle meure. Elles repartent ensuite de leur côté ou se joignent à une autre formation pour rattraper leur groupe.
Si nous avions le bon sens de la bernache, nous nous viendrons en aide les uns les autres de la même façon.
Anonyme
Les ciseaux et l’aiguille
Un roi rendit un jour visite au grand mystique Soufi Farid. S'inclinant devant lui, il lui offrit un présent d'une grande valeur, un objet d'une rare beauté, une paire de ciseaux en or incrusté de diamants. Farid prit les ciseaux en main, les admira et les rendit à son visiteur en disant :
« Merci, Sire, pour ce cadeau précieux. L'objet est magnifique, mais je n'en ai pas l'usage. Donnez-moi plutôt une aiguille. Je n'ai que faire d'une paire de ciseaux.
- Je ne comprends pas, fit le roi, si vous avez besoin d'une aiguille, il vous faudra aussi les ciseaux !
- Non, expliqua Farid. Les ciseaux coupent et séparent. Je n'en ai pas besoin. Une aiguille par contre recoud ce qui a été défait. Mon enseignement est fondé sur l'amour, l'union et la communion. Il me faut une aiguille pour restaurer l'unité. Les ciseaux déconnectent et tranchent. Apportez-moi une aiguille ordinaire quand vous reviendrez me voir, cela me suffira. »
Jean Vernette (Paraboles d'Orient et d'Occident, Ed. Droguet Ardant)
Les longues baguettes
Un vieux sage chinois reçut un jour la faveur de visiter le ciel et l'enfer. En enfer, il vit des hommes et des femmes blêmes, décharnés, assis autour d'un tas de riz énorme et appétissant. Ils mouraient de faim car ils n'avaient pour manger que des baguettes démesurées, longues comme des rames de sampang. Effrayé, le sage s'enfuit au ciel. Là, il vit des hommes et des femmes assis autour d'un plat de riz tout semblable au premier. Mais ils étaient heureux, épanouis et resplendissants de santé. Car chacun, avec ses baguettes immenses, donnait à manger à son vis-à-vis.
Jean Vernette (Paraboles pour aujourd'hui, Ed. Droguet Ardant)
Le vendeur d’eau
Un vendeur d'eau, chaque matin, se rend à la rivière, remplit ses deux cruches, et part vers la ville distribuer de l'eau à ses clients.
Une des cruches, fissurée, perd de l'eau ; l'autre, toute neuve, rapporte plus d'argent. La pauvre fissurée se sent inférieure. Elle décide, un matin, de se confier à son patron :
« Tu sais, dit-elle, je suis consciente de mes limites. Tu perds de l'argent à cause de moi, car je suis à moitié vide quand nous arrivons en ville. Pardonne mes faiblesses. »
Le lendemain, en route vers la rivière, notre patron interpelle sa cruche fissurée et lui dit :
« Regarde sur le bord de la route.
- C'est joli, c'est plein de fleurs.
- C'est grâce à toi, réplique le patron. C'est toi qui, chaque matin, arroses le bas-côté de la route. J'ai acheté un paquet de graines de fleurs et je les ai semées le long de la route, et toi, sans le savoir et sans le vouloir, tu les arroses chaque jour. »
Nous sommes tous un peu fissurés, mais Dieu, si nous le lui demandons, sait faire des merveilles avec nos faiblesses.
Anonyme
Il a besoin de tous ses outils
Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village nordique, un atelier de charpentier. Un jour que le Maître était absent les outils se réunirent en grand conseil sur l'établi. Les conciliabules furent longs et animés, ils furent même véhéments. Il s'agissait d'exclure de la communauté des outils un certain nombre de membres.
L'un prit la parole : « Il nous faut, dit-il, exclure notre sœur la scie, car elle mord et elle grince des dents. Elle a le caractère le plus grincheux du monde. »
Un autre dit : « Nous ne pouvons conserver parmi nous notre frère le rabot qui a le caractère tranchant et qui épluche tout ce qu'il touche. »
« Quant au frère marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant. Il est tapageur. Il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le. »
« Et les clous ? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu'ils s'en aillent ! Et que la lime et la râpe s'en aillent aussi. A vivre avec elles, ce n'est que frottement perpétuel. Et qu'on chasse le papier de verre dont il semble que la raison d'être dans cet atelier soit de toujours froisser ! »
Ainsi discouraient en grand tumulte les outils du charpentier. Tout le monde parlait à la fois. L'histoire ne dit pas si c'était le marteau qui accusait la scie et le rabot la lime, mais il est probable que c'était ainsi, car à la fin de la séance, tout le monde se trouvait exclu.
La réunion bruyante prit fin subitement par l'entrée du charpentier dans l'atelier. On se tut lorsqu'on le vit s'approcher de l'établi. Il saisit une planche et la scia avec la scie qui grince. La rabota avec le frère rabot au ton tranchant qui épluche tout ce qu'il touche. Le frère ciseau qui blesse cruellement, notre sœur la râpe au langage rude, le frère papier de verre qui froisse, entrèrent successivement en action. Le charpentier prit alors nos frères les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne et fait du tapage. Il se servit de tous ses outils au méchant caractère pour fabriquer un berceau. Pour accueillir l'enfant à naître. Pour accueillir la Vie.
Jean Vernette (Paraboles d'Orient et d'Occident, Ed. Droguet Ardant)
S‘il te plait, écoute-moi et entends-moi
Heureux les miséricordieux
Quand je me sens écouté, je peux enfin m'entendre.
Quand je me sens écouté, je peux entrer en reliance.
Etablir des ponts, des passerelles incertaines entre mon histoire et mes histoires.
Relier des événements, des situations, des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes interrogations. Pour tisser ainsi l'écoute de ma vie.
Oui, ton écoute est passionnante. S'il te plaît écoute et entends-moi.
Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer et je t'écouterai à mon tour, mieux surtout si je me suis entendu.
Jacques Salomé
Peux-tu simplement m’écouter ?
Quand je te demande de m'écouter et que tu commences à me donner des conseils, tu n'as pas fait ce que je te demandais.
Quand je te demande de m'écouter et que tu commences à me dire pourquoi je ne devais pas ressentir cela, tu bafoues mes sentiments.
Quand je te demande de m'écouter et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème, tu m'as fait défaut, aussi étrange que cela puisse paraître.
Écoute, tout ce que je te demande, c'est que tu m'écoutes. Non que tu parles où que tu fasses quelque chose ; je te demande uniquement de m'écouter.
Les conseils sont bon marché, pour 6 francs j'aurai dans le même journal le courrier du cœur et l'horoscope.
Je peux agir par moi-même, je ne suis pas impuissant, peut-être un peu découragé ou hésitant, mais non impotent.
Quand tu fais quelque chose pour moi, que je peux et ai besoin de faire moi-même, tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation.
Mais quand tu acceptes comme un simple fait que je ressens ce que je ressens (peu importe la rationalité), je peux arrêter de te convaincre, et je peux essayer de commencer à comprendre ce qu'il y a derrière ces sentiments irrationnels. Lorsque c'est clair, les réponses deviennent évidentes et je n'ai pas besoin de conseils.
Les sentiments irrationnels deviennent intelligibles quand nous comprenons ce qu'il y a derrière.
Peut-être est-ce pour cela que la prière marche, parfois, pour quelques personnes, car Dieu est muet. Il ou elle ne donne pas de conseils. Il ou elle n'essaie pas d'arranger les choses. Ils écoutent simplement et te laissent résoudre le problème toi-même.
Alors, s'il te plaît, écoute et entends moi.
Et si tu veux parler, attends juste un instant et je t'écouterai.
Jean Vernette (Paraboles d'Orient et d'Occident, Ed.Droguet Ardant)
Les porcs-épics
« Un jour d'hiver glacial
les porcs épics d'un troupeau
se serrèrent les uns contre
les autres afin de se protéger
contre le froid par la chaleur réciproque.
Mais douloureusement gênés par
les piquants, ils ne tardèrent pas
de nouveau à s'écarter
les uns des autres…
et les alternatives de rapprochement et d'éloignement
durèrent jusqu'à ce qu'ils aient trouvé
une distance convenable
où ils se sentirent à l'abri des maux.
Schopenhauer
Il était une fois… quatre personnes
Il était une fois... quatre personnes qui s'appelaient « Tout le monde », « Quelqu'un », « Chacun » et « personne ».
Il y avait un important travail à faire et on a demandé à « Tout le monde » de le faire.
« Tout le monde » était persuadé que « Quelqu'un » le ferait.
« Chacun » pouvait l'avoir fait, mais ce fut « Personne » qui le fit.
« Quelqu'un » se fâcha, parce que c'était le travail de « Tout le monde ».
« Tout le monde » pensa que « Chacun » pouvait le faire, mais « Personne » réalisa que « Tout le monde » ne pouvait pas le faire.
En fin de compte, « Tout le monde » fit des reproches à « Chacun » parce que « Personne » n'avait fait ce que « Quelqu'un » aurait pu faire.
Moralité… il faut dire « Moi je le fais. »
Anonyme
École « Sainte réunionite »
Ça commence par une discussion de 3 heures pour savoir si on met les concertations entre midi et deux ou après quatre heures… Pas le samedi en tout cas ! Sauf que les pères peuvent garder les enfants, mais les célibataires veulent partir en week-end et d'abord le mercredi c'est en semaine, mais y'a le judo et le caté… « De toutes les façons on sait bien qu'on perd son temps en réunion ! »
Ensuite, il faut caler les calendriers des réunions de parents, de la kermesse, de la célébration de Noël, de la première communion…
Après on se partage les cahiers. « La concertation » (sic) se poursuit dans chaque classe pour préparer les cahiers avec le nom des élèves, les modèles d'écriture…, décorer la classe pour demain.
La 1ère concertation a lieu entre 12h15 et 13h15. Sans madame Quisycol qui est de surveillance de cantine. Toutes les fournitures ne sont pas arrivées. L'année prochaine il vaudra mieux commander chez « Yaquapayer » sauf qu'ils n'ont pas les cahiers de 52 pages. La discussion s'enflamme sur la qualité des feutres qui se bouchent mal et qui sèchent. On compare la page 73 de « Yaquapayer » et la page 132 du catalogue « Dabitude ». Plus le temps de parler du plan de formation qui est à renvoyer pour après-demain. Chacun remplira sa feuille dès qu'il pourra. Le catalogue de la DDEC passera dans les classes. On rappelle qu'il doit réellement circuler et ne pas rester sur un bureau. « L'année dernière… ». Il faudra aussi à la prochaine concertation qu'on dise comment on fera les réunions de parents.
On n'a pas eu le temps de préparer sa classe pour l'après-midi, ni de souffler !
Finalement on a fixé la concertation à 16h15.
Mais une fois de plus la maman de Yoann est arrivée en retard. Son enseignante a dû attendre. Sa collègue est accaparée par madame Jmemèledetout qui a un truc urgent à dire à la maîtresse. Dans l'autre classe, il a fallu mettre à sécher les peintures. Finalement on commence à 16h50. Sauf que l'enseignant de CM2 est d'étude. A 17h15, l'enseignante de maternelle doit aller chercher sa fille chez l'orthophoniste et celle de CP a enfin obtenu un rendez-vous chez le spécialiste…
La fois d'après, les fournitures manquantes sont arrivées. On les partage. C'est trop tard pour parler des réunions de parents. La première a lieu le lendemain. Tout est prêt sur le modèle de l'année dernière. Yoann a dit que sa mère ne viendrait pas. C'est quand même malheureux ! On prévient aussi « la nouvelle » que madame Jmemèledetout va l'embêter. « Chaque année c'est comme ça ! »
4ème concertation. On parle de Noël. Faut-il faire des pères Noël en maternelle ? Le curé ne veut pas qu'on célèbre Noël avant le 25 décembre ! Il faut mettre la crèche dans le hall de l'école mais Saint Joseph est cassé. On se promet de parler des enfants en difficulté la prochaine fois.
A la rentrée de janvier, on tire les rois.
Il faut aussi écrire une carte à la collègue qui vient d'accoucher. On fait circuler le faire-part de naissance et la carte.
« Et Yoann, il faut qu'on en parle ! » « Sa mère n'est pas venue à la réunion de parents, elle est toujours en retard, ce n’est pas étonnant qu'il soit en difficulté ! »
Mais le plus important c'est que le ménage est mal fait dans les classes. Pour les vacances on avait tout rangé. « Ils nous avaient dit qu'ils allaient passer la machine, et ils n'ont rien fait ! »
En début de réunion suivante, un enseignant propose du café. Les tasses sont sales. De toutes les façons, il n'y a plus de filtre, il faut aller à la cantine en chercher. On démarre sur le cas de Yoann. La collègue en congé maternité arrive avec son bébé pour le montrer et faire signer sa demande de congé parental. Tout le monde admire la huitième merveille du monde. Tant pis pour Yoann !
Comme il y a étude en CM2, on fait la réunion en maternelle.
Mais il manque des chaises. On va en chercher à la cantine. On croise la suppléante. Elle ne savait pas où c'était.
C'est l'anniversaire de l'aide-maternelle. On allume les bougies et on partage le gâteau.
Cette année, les « ponts » tombent mal. On se demande ce qu'on va faire contre l'absentéisme.
Plus le temps de parler de Yoann. « Ce n'est pas grave, on parlera des "cas" dans la cour de récréation ! »
Y'a un projet à déposer pour obtenir un budget. Le formulaire est arrivé la semaine dernière. Mais il faut d'abord qu'on parle des déguisements pour la fête de l'école. Faut-il les faire en papier crépon ou les faire coudre par les parents ?
En fin de réunion, heureusement, madame Jmedévou se désigne pour écrire un projet, le faire entrer dans les cases du formulaire et l'envoyer à l'Académie.
« De toutes les façons on s'entend si bien, et puis on se voit tous les jours… »
Yoann redouble. « Pardon, il prolonge son cycle ! » On est sûr que c'est la meilleure solution.
« C'est pour son bien ». Le seul doute c'est de savoir si sa mère sera l'année prochaine à la réunion de parents et si enfin elle arrivera à l'heure à 4 heures.
Alors à l'école Sainte Réunionite on n'a pas besoin de se concerter ! « On s'aime bien et on se voit tous les jours ». « Les parents aiment l'atmosphère familiale de l'école ! »
N.B. Toute ressemblance avec une école existante ou ayant existé serait purement fortuite. Cette école est une fiction. Vous pouvez jouer au jeu des erreurs ou des différences. Au-delà de cette caricature, vous connaissez les enjeux d'une concertation. Dans un monde complexe, pour une tâche complexe comme l'enseignement et l'éducation, ce n'est qu'à plusieurs qu'on peut fonctionner de manière performante. On passe d'un métier solitaire à un métier solidaire. Ceci dit, ce n'est pas simple de ne pas tomber dans les travers récoltés ici. sitEColes vous propose des outils et fait confiance aux équipes pour les améliorer. Bonne concertation.
Sylvie Crépy, Raymond Duittoz, (services nationaux Formiris)
Une année de silences
« En toute vie le silence dit Dieu
Tout ce qu’il est tressaille d’être à lui !
Pas un seul mot, et pourtant c’est son nom
Que tout secrète, te presse de chanter… »
Patrice de La Tour du Pin
Je vous souhaite pour cette année … des silences et pas seulement une minute !
(Le patrimoine a son année, pourquoi le silence n’aurait-il pas la sienne !)
Silence de la présence des êtres que vous aimez où le partage n’a pas besoin de mots… Tu es là… je suis là… « Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères, tous ensemble. C’est comme un parfum qui embaume, une rosée qui descend de la montagne ».
Silence des yeux qui nous aident à toujours voir Dieu en chacun de nos élèves, ces yeux, fenêtres qui nous font accueillir les découvertes, les erreurs, les difficultés de chacun comme autant de tremplins pour grandir, s’épanouir…
Silence de la langue : « si ton chant n’est pas plus beau que le silence, tais-toi ! » (proverbe arabe). Que notre parole apporte le pardon, la paix, l’espérance, la joie, qu’elle aide chaque personne rencontrée à se reconstruire dans son intégrité…
Silence de la souffrance, du deuil : chaque année nous apporte son cortège de souffrances, de passages difficiles. Que le silence du Christ dans sa passion accompagne chacun dans les épreuves qu’il pourrait avoir à supporter au cours de ces mois…
Silence de la nuit : nuit d’hiver, d’angoisse, d’attente… Mais au bout de la nuit, il y a le jour, la lumière ! Nuit de repos… où l’on refait ses forces pour partir au service de ses frères.
Silence de la prière… car au commencement de la prière se trouve le silence. « Jésus se retire pour prier ». « Pour être en mesure de vivre ce silence et d’entendre Dieu, il nous faut un cœur limpide, car il est seul capable de voir Dieu, d’entendre Dieu, d’écouter Dieu. Dans ce silence nous trouvons une énergie nouvelle pour accomplir des merveilles ».
Oui, tout au long de cette année, accueillons le silence, il nous apprendra à accommoder les yeux de notre cœur : dans les humbles gestes de chaque homme rencontré, nous découvrirons les traces de la bonté de Dieu ; au fond de la nuit, au cœur des ténèbres, nous discernerons les brèches de lumière. Et les petits et grands événements de cette année revêtiront leurs habits d’espérance !
Chut… Silence
Et Bonne Année à tous.
Yvon Garel
Tu peux parler…
Tu peux parler mais pas trop fort
Tu peux parler mais après moi
Tu peux parler mais pas comme ça
Tu peux parler mais jusque-là
Tu peux parler mais si je te le dis
Tu peux parler si c'est joli
Tu peux parler une autre fois
Tu peux parler mais comme moi
Tu peux parler mais ne crie pas
Tu peux parler mais tiens-toi droit
Tu peux parler mais d'abord moi
Tu peux parler un peu plus bas
Tu ne dis rien ?
Tu vois !
Noëlle de Smet
Madiba m’a dit…
Madiba
M’a dit tout bas
Qu’il ne fallait pas
Non, qu’il ne faut pas
Que ça ne donnerait rien
Non, rien de bon
D’ajouter un coup de poing
Qu’il ne fallait point
Non
Qu’il fallait dire pardon
Pour de bon
Que ça ne servirait à rien
Que ça n’était pas bien
Que ce n’était pas bien malin
Qu’il valait mieux tendre la main
Pour préparer demain
Qu’il fallait se donner un peu de mal
Pour faire le bien
Que le jeu en vaut la chandelle
Et que la terre peut être plus belle
Et moi je le crois…
Madiba
Pascal Blanchard (enseignant en Mayenne, décembre 2013)
C’est la recette du bonheur !
« Quelle est la recette du bonheur ? » A cette question posée par un journaliste argentin, le pape François livre en 10 points sa « recette ». Elle a autant de valeur que bien des publicités qui nous vantent le bonheur en de multiples facettes.
1. Vivre et laisser vivre
« C’est le premier pas vers la paix et le bonheur. Comme le dit le dicton romain : Allez, et laisser les gens aller de l’avant ».
2. Se donner aux autres
« Quelqu’un d’isolé court le risque de devenir égoïste. Et l’eau stagnante est la première à se corrompre. »
3. Se mouvoir avec bienveillance et humilité
« Dans un roman argentin, le héros raconte que, jeune, il était comme un torrent de montagne qui bousculait tout ; devenu adulte, il était comme un fleuve qui allait de l’avant puis, devenu vieux, il avançait, mais lentement, endigué. La capacité à se mouvoir avec bienveillance et humilité. Les ainés ont cette sagesse, ils sont la mémoire d’un peuple. Et un peuple qui ne se soucie de ses personnes âgées n’a pas d’avenir. »
4. Jouer avec les enfants
« Le consumérisme nous a amené l’angoisse de perdre la saine culture du loisir : lire, profiter de l’art… Aujourd’hui, je confesse peu, mais à Buenos Aires, je confessais beaucoup et aux jeunes mères qui venaient je demandais « Combien avez-vous d’enfants ? Jouez-vous avec eux ? » C’est une question à laquelle on ne s’attend pas, mais c’est une façon de dire que les enfants sont la clé d’une culture saine. C’est difficile pour les parents qui vont travailler tôt et reviennent quand les enfants sont endormis. C’est difficile, mais il faut le faire. »
5. Passer les dimanches en famille
« En rencontrant le monde de l’université et celui du travail, j’ai rappelé à chacun qu’on ne travaille pas le dimanche. Le dimanche, c’est pour la famille. »
6. Aider les jeunes à trouver un emploi
« Nous devons être créatifs avec cette frange de la population. Faute d’opportunités, ils peuvent tomber dans la drogue. Et cela ne suffit pas de nourrir les jeunes. Il faudrait inventer pour eux des cours d’une année pour être plombier, électricien, couturier… la dignité permet de ramener du pain à la maison. »
7. Prendre soin de la création
« Nous devons prendre soin de la création et nous ne le faisons pas. C’est un de nos plus grands défis. »
8. Oublier rapidement le négatif
« Le besoin de dire du mal de l’autre est la marque d’une faible estime de soi. Cela veut dire que je me sens tellement mal que, au lieu de me relever, j’abaisse l’autre. Il est sain d’oublier rapidement le négatif. »
9. Respecter ceux qui pensent différemment
« La pire chose est le prosélytisme religieux, celui qui paralyse : « je dialogue avec toi pour te convaincre. » Ça non. Chacun dialogue depuis son identité. L’Église croit par l’attraction, non par le prosélytisme. »
10. Rechercher activement la paix
« Nous vivons dans une époque où les guerres sont nombreuses (…) La guerre détruit. Et l’appel à la paix a besoin d’être crié. La paix évoque le calme, mais la paix n’est jamais la quiétude : c’est toujours une paix active. »
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