Conseil d'établissement à l'école Sainte Marie
Temps de lecture : 32 minutesL'organisation d'un conseil d'établissement à réflexion éducative.
Ce témoignage montre comment ce conseil se vit à l'école Sainte-Marie avec un traitement des questions des parents et une réflexion entre partenaires autour de la réussite de l'enfant.
L'organisation d'un conseil d'établissement à réflexion éducative.
Nous avons 3 conseils d'établissement dans l'année où les parents d'élèves sont représentés par un référent de l'Apel et un parent correspondant pour chaque classe. Tous les enseignants (13) sont présents, ainsi que la coordinatrice pastorale, le directeur du collège-lycée et un représentant du personnel d'entretien. Chaque ordre du jour des Conseils d'établissement comprend :
* une ½ heure de questionnements des parents sur le fonctionnement de l'école avec les réponses ou les échanges adéquates ;
* une ½ heure de synthèse des réponses par rapport à un questionnaire envoyé préalablement à chaque famille et synthétisé par les parents correspondants et le directeur ;
* et une heure sur une réflexion commune d'un sujet d'actualité concernant l'éducation.
A titre d'illustration, compte rendu de celui du 12 mars 2004 avec comme question centrale : " comment les parents peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de nos enfants ? "
1er temps : Réponses aux questionnements des parents sur l'organisation et le fonctionnement de l'école.
2ème temps : Synthèse des réponses au questionnaire " comment les parents des élèves de Ste Marie peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de leur enfant ? "
3ème temps : Le débat
Quelques réflexions exprimées lors des échanges-débat sur la question : " comment les parents peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de nos enfants ? "
1er temps : Réponses aux questionnements des parents sur l'organisation et le fonctionnement de l'école (ont été abordés au Conseil les questionnements revenant au moins deux fois).
* Le portail à l'entrée de l'école est trop étroit :
La question avait déjà été posée lors du 1° conseil du 14 novembre 2003. Nous avions alors ouvert la double porte pour faciliter l'accès. Or, quelques semaines après, un accident s'est produit : un enfant s'est pris les pieds sur le monticule entre les deux portes et s'est ouvert l'arcade sur la rampe du trottoir. Nous avons donc refermé la double porte, privilégiant la sécurité à la commodité.
* L'informatique à l'école :
Chaque classe (PS à CM2) pratique à son niveau un atelier informatique. Un projet de l'équipe pédagogique est en train de se concocter pour donner des éléments d'apprentissages plus cohérents et plus précis du CP au CM2. De plus, nous sommes en train de faire l'état technique des lieux du peu que nous avons dans ce domaine.
* L'équilibre des repas :
Les repas sont équilibrés pour les maternelles. Pour les primaires, il s'agit d'un self. Malgré la vigilance des surveillantes, le choix des plats sont souvent faits par les enfants et … certains … prennent parfois des conjugaisons de mets pas toujours " équilibrés " ou refusent de manger ce que nous leur proposons en remplacement. De plus, ce sujet a été abordé dans toutes les classes en sciences, mais nous allons essayer d'insister un peu plus.
* Les disputes entre les enfants dans la cour, la politesse et le respect :
Les enseignantes sont bien évidemment vigilantes aux incivilités, disputes ou vocabulaire employés par les enfants. Les recommandations, les demandes de reformulations correctes, voire les sanctions sont usitées assez souvent. On ne peut évidemment pas être de partout et dans toutes les conversations. Des actions sont également menées dans toutes les classes pour un bon " vivre ensemble ". Une commission des enfants a même été mise en place pour réfléchir sur ce sujet. Quand un problème important est soulevé, un entretien avec les parents et l'enfant est organisé. Une décision a été prise : vouvoiement des enfants envers les adultes en CM2 et envers le directeur pour les élèves de cycle 3 : question de respect, de vie citoyenne et de préparation au collège.. Toute forme d'impolitesse est également reprise, voire sanctionnée dans une dynamique éducative et non répressive … cela est fait déjà depuis très longtemps ! Mais il est évident que le vocabulaire employé par certains enfants nous ramène aux priorités éducatives de chaque famille et, nous savons tous que la rencontre de l'Autre induit des " contagions " heureuses et … parfois malheureuses par rapport à nos propres conceptions éducatives et sociales.
* Les leçons à la maison sont parfois lourdes :
Selon les classes (CP à CM2), les leçons sont données aux enfants avec une préparation préalable en classe. En gros, nous donnons une masse d'1/4 heure en cycle 2 et de ¾ heure en cycle 3. Evidemment pour les enfants rencontrant des difficultés, cette masse peut être plus importante … mais pas d'inquiétude ! c'est repris la journée suivante avec les explications approfondies et une vigilance quant aux difficultés rencontrées.
2ème temps : Synthèse des réponses au questionnaire " comment les parents des élèves de Ste Marie peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de leur enfant ? "
Modalités de travail
Pour le conseil d'établissement du 12 mars 2004, une petite commission composée du directeur, de deux enseignantes et de deux parents correspondants, a préparé le questionnaire à envoyer aux familles.
Le sujet de réflexion portait sur l'une des questions du débat national " comment les parents des élèves de Ste Marie peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de leur enfant ? ". Cette réflexion avait comme objectif de permettre aux parents le désirant de se poser la question de l'environnement éducatif hors école de leur enfant et de réfléchir sur leur rôle de parent par rapport aux apprentissages scolaires. Le questionnaire envoyé aux familles avait été élaboré dans ce sens.
Les parents correspondants ont eu des réponses relativement massives au questionnaire (75 %) avec une grande majorité de familles surprises mais réceptives au questionnement proposé. En effet, les deux objectifs de ce questionnaire étaient de :
* donner la possibilité aux parents le désirant de se questionner sur l'environnement éducatif de leur enfant ;
* donner des pistes de réflexion à l'échange prévu lors du conseil.
Il est évident, je le redis, que l'école n'a pas le monopole de l'éducation, par contre son rôle, me semble-t-il, est de contribuer à la réflexion éducative de l'ensemble de la communauté éducative.
Les enseignants sont des professionnels de l'éducation (différent d'experts) ; ils ont été formés et continuent à se former chaque année pour cela ; année après année, ils se forgent une expérience forte et évolutive ; ils observent, écoutent, voient comment les enfants évoluent ; ils développent quelques légères compétences sociales, psychologiques, de santé indispensables compléments au partage des savoirs … l'enfant est un TOUT complexe et pas seulement … un cerveau. Pour tout cela, l'enseignant est à même de pouvoir mettre le doigt (et que le doigt !) sur d'éventuels disfonctionnements familiaux. Ce rôle de " veilleur " pour le bien de chaque enfant s'arrête là, ensuite ce sont aux parents à accepter ou non un questionnement, étant les 1° éducateurs de leur enfant.
Le questionnaire du 1° conseil d'école du 14 novembre concernait plus particulièrement " l'école ", ce 2° questionnaire du 12 mars était plutôt ciblé sur " la famille ".
Réponses aux questions :
Tableau du temps hebdomadaire des enfants hors école :
Il n'était évidemment pas dans les objectifs d'en faire des statistiques précises et fiables, mais plutôt d'avoir une vision générale (tendance) et également de permettre aux parents de se poser la question du temps sans en mettre aucun jugement de valeur, car souvent les choix (ou le plus souvent les non choix) sont dépendants d'éléments extérieurs (travail, situation familiale, …). De plus, nous savons tous que c'est la qualité de l'échange et de la relation qui priment par rapport à la quantité du temps consacré à chacun de nos enfants. Nous avons une moyenne d'heures partagées avec nos enfants d'environ 55 h / semaine pour les maternelles - 46 h / semaine pour les CP/CE1 - 40 h / semaine pour les CE2 à CM2.
Activités quotidiennes concernant notre enfant :
70 % des enfants ont un petit déjeuner équilibré le matin, mangent en famille, partagent des moments particuliers avec leurs parents et décident ensemble des activités.
Les personnes influentes sur notre enfant :
La maman en maternelle - la maman et le papa en cycle 2 - les parents en cycle 3.
La valeur importante dans notre famille:
Par ordre de priorité, le respect est en tête des valeurs essentielles des familles de Ste Marie qui ont répondu … viennent ensuite le sens de l'effort, l'obéissance et le service aux autres.
Les lieux où cette valeur est transmise :
Principalement la maison et l'école … parfois le centre sportif ou de loisirs.
Le partage de cette valeur à l'école :
On retrouve souvent ces valeurs ou ces vertus dans la relation enfant-enseignant, les méthodes employées, la confrontation positive et négative avec les autres enfants, les comportements des enseignants.
L'apprentissage à l'école :
Une grande majorité de parents (90 %) ont des enfants qui leur disent ce qu'ils font en classe, ils connaissent en gros le programme de la classe et ne se sentent pas trop démunis face aux devoirs à la maison. Un léger " bé-mol " concerne l'incompréhension des méthodes explicatives et pédagogiques, forcément différentes de leur propre apprentissage à l'époque de leur propre scolarité.
3ème temps : Le débat
Quelques réflexions exprimées lors des échanges-débat sur la question : " comment les parents peuvent-ils favoriser la réussite scolaire de nos enfants ? " (synthèse d'1h d'échanges parents-correspondants et enseignants)
Les parents ne devraient pas se situer comme un 2° enseignant :
Après des échanges fructueux, nous sommes tombés assez en accord pour dire que ce qui concernait l'apprentissage, les techniques, les méthodes, bref la pédagogie, devaient être laissés entièrement à ceux à qui c'est le métier : les enseignants.
On n'apprend plus de la même façon (évolution de la société, apports des différentes sciences de l'Homme, priorités et choix nationaux, contenus des programmes, …). Le partage des savoirs est enseigné tout à fait différemment de ce que nous avons connu (et parfois subi). On n'apprend pas aux enfants, on aide l'enfant à apprendre … c'est lui l'acteur de ses apprentissages, le rôle de l'enseignant est de donner des outils, des moyens et les notions de base. La priorité est donnée au processus, au fonctionnement, aux stratégies employées par les enfants plutôt qu'au produit fini (l'exemple de l'apprentissage de la division en CM1 par exemple est significatif : on enseigne d'abord le sens du partage, le sens du processus de division … la technique ne vient qu'après … il y a même seulement 10 ans, cette progression n'était pas la même !).
De plus, les parents ne sont pas les mieux placés pour enseigner à leur enfant. Il manque cette distance que donne le professionnalisme qui permet de ne pas dramatiser à la moindre difficulté. Avec l'enseignant, l'enfant est acteur de son apprentissage, car le lien psycho-affectif parental ne rentre pas en ligne de compte dans la relation pédagogique. L'enseignant peut donc aider l'enfant à apprendre sans avoir d'interférences données par les " désirs " - souvent inconscients - que les parents ont naturellement (et heureusement) en pensant à l'avenir le plus heureux possible de leur enfant.
Et enfin, de par ces désirs, de nombreux parents sont "pressés" de voir leur enfant franchir les étapes (compensation naturelle d'une angoisse face à l'avenir ?) de la scolarité, car l'environnement social et économique de notre société française actuelle est sombre. On pourrait se dire parfois " si mon enfant franchit vite et bien sa scolarité, il aura plus facilement un bon métier à la fin ". Nous ne faisons pas à l'école Ste Marie de compétitions entre les enfants, mais regardons le progrès de chaque enfant … à son niveau et à son rythme. La période de l'apprentissage de la lecture en CP est un exemple probant, pourtant les enfants ont trois ans pour apprendre à lire (GS-CP-CE1). C'est justement pour respecter le rythme d'apprentissage de chaque enfant que les cycles ont été mises en place à l'école en 1989. De même, nous avons eu déjà des parents demandant que leur enfant en PS sache écrire leur prénom dès Noël … mais, cette situation ne peut arriver qu'après de nombreuses étapes préalables de structuration de la pensée et de la maîtrise de la motricité fine. La notion de temps est importante dans un apprentissage.
Autre exemple : les devoirs à la maison … qui sont parfois un temps de tension, voire de crise entre parent et enfant. Le rôle des parents n'est pas que l'exercice soit forcément juste (car cet exercice sera repris le lendemain par l'enseignant qui sait pourquoi il a donné tel exercice et qui sait comment l'expliquer et comment remédier à d'éventuelles erreurs) … par contre, le rôle des parents se situe dans l'environnement éducatif, c'est à dire (sur cet exemple précis) de :
* vérifier si les devoirs sont faits ("contrat" respecté),
* si il y a eu l'effort fourni pour comprendre (sens de l'effort),
* si les devoirs sont bien écrits et " propres " (rigueur et respect de soi et du travail).
Bien sûr, si l'enfant le demande, une explication peut être donnée, un complément peut être apporté … mais pas en tant qu'enseignant, en tant que parent partageant un savoir avec son enfant.
L'environnement éducatif de l'enfant est primordial pour qu'il soit dans une " posture " mentale efficace pour apprendre tous les savoirs et savoirs-faire en classe.
Nous vivons tous dans une société médiatique un peu sombre (informations souvent dramatiques des médias, chômage, climat politique et social peu rassurant, organisation familiale parfois contraignante, etc …). Nos enfants " subissent " un peu ce pessimisme ambiant. Ne serait-ce pas notre rôle de parent de dire que la vie est belle parfois et que, sans se cacher les réalités, il existe aussi des situations heureuses et passionnantes ? Donner à nos enfants le goût de la vie, le plaisir de réussir de petites choses, la confiance en l'avenir, la joie d'apprendre de nouvelles choses sont autant d'éléments favorisant la réussite scolaire. Il ne s'agit pas d'être utopique ou idéaliste, mais de donner à nos enfants " la joie de vivre " … sans cacher qu'il faut se battre (contre soi-même) pour éviter de faire croire qu'on peut réussir sans effort.
De même, comme nous le faisons, un petit déjeuner équilibré et calme, des repas en famille sans la télévision allumée, un temps de sommeil réparateur, des moments simples partagés avec chacun de nos enfants (en parlant d'autres choses que de l'école !), une activité commune tranquille, amènent nos enfants à " grandir ". Une autre chose, attention : les soucis des adultes doivent rester aux adultes !
La réussite scolaire passe par la confiance aux enseignants et … aux talents de nos enfants.
Cette confiance aux enseignants est essentielle à l'apprentissage scolaire. En effet, ce sentiment est contagieux (parent-enfant). Bien sûr, un enseignant n'est évidemment pas parfait et, comme tout le monde, peut faire des erreurs … mais sa formation, son expérience, ses intuitions pédagogiques et éducatives, ses choix méthodologiques, ses connaissances sont mises en œuvre continuellement pour le bien de chaque enfant. Et … n'oublions pas que tous les enseignants de Ste Marie sont aussi …des parents … confrontés aux mêmes soucis, aux mêmes angoisses de l'avenir, aux mêmes questionnements !
La confiance aux talents de nos enfants (et ils en ont tous au moins un dans un domaine précis … même si ce n'est pas dans les mathématiques !) renforce leur attention, la mobilisation de toutes leurs ressources et, par voie de conséquence, amplifie leur désir d'apprendre et de réussir. Les enseignants le voient bien en classe : si on fait confiance aux élèves, si on privilégie la relation " humaine " avant d'aborder l'apprentissage, si on valorise les réussites, si on encourage l'effort fourni ou à fournir … on a plus de chance d'obtenir de bons résultats. Mais pour mériter une confiance, il faut commencer par la donner.
La réussite scolaire passe aussi par l'encouragement, la valorisation des réussites.
Plus un enfant est encouragé à la maison et que l'on partage l'intérêt aux connaissances acquises, plus sa motivation (source première de la réussite) est importante. Il est indispensable, comme en classe, de donner de la valeur aux réussites (même si elles sont minimes). Ce sont parfois de " petits ruisseaux " qui donnent " les grandes rivières ! "
L'éducation aux choix est également importante dans le développement de nos enfants.
Il est parfois difficile de refuser une activité à son enfant (playstation, TV, ordinateur, jeux divers alors que les devoirs ne sont pas finis, etc …), dire " non " peut sembler parfois dur à un parent … et à un enfant (là se situe le jeu parent-enfant dans le domaine de l'affectif). Mais un enfant a besoin de règles de vie expliquées et justes, ainsi que de refus pour se construire sa propre personnalité, pour comprendre les limites à ne pas dépasser … sans bien évidemment entrer dans une relation continuelle de conflits. Ceci étant dit, favoriser les choix de l'enfant en lui donnant la possibilité de les expliquer à son niveau l'amène progressivement à s'auto-censurer lui-même. Et s'il fait petit à petit les choix qui le construisent, le plaisir d'apprendre devient une de ses priorités. L'environnement familial se doit d'être constructif et certaines situations, si elles ne sont pas incluses dans une réflexion sur les choix, peuvent parfois amener une certaine image de la vie contraire à ce que nous voudrions. Les exemples sont nombreux : si on n'a pas passé du temps à expliquer, argumenter, donner des conditions précises et contrôlées, la télévision dans la chambre de notre enfant peut être une catastrophe, de même qu'un ordinateur sans un logiciel de contrôle parental ou des dvd choisis ensemble au préalable. Nous construisons ENSEMBLE (parent-enseignant) une future femme ou un futur homme ; nous avons, semble-t-il au vu des réponses au questionnaire, des valeurs communes (le respect par exemple) - que faisons-nous, à l'école et à la maison, pour réfléchir, nous questionner, nous remettre parfois en question afin de développer ce qui nous semble être une femme ou un homme " debout " et fier de lui-même ? (24 mai 2004)
Lire aussi :
- Le conseil d'établissement : références
- Conseil d’établissement : grille d'analyse
- La place de la Personne à l'école Sainte Marie
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