La Violence et la loi
Temps de lecture : 14 minutesLe thème de la violence est abordé au travers de sa définition, de ses causes et d'une analyse des solutions pour y faire face.
La question de la violence constitue une préoccupation majeure dans certains établissements. Les enseignants se plaignent des classes surchargées et agitées, des élèves bruyants, incapables de se tenir assis. Hormis quelques établissements, le problème de la violence est de plus en plus présent et crée un climat permanent qui perturbe l'action éducative.
Nous aborderons dans un premier temps la violence à travers sa définition et ses différents types. Puis, nous verrons les causes de la violence. Enfin, nous procéderons à l'analyse des solutions pour faire face à ce problème.
I. Qu'est-ce que la violence ?
1.1. Quelques définitions de la violence
D'après le petit Larousse, la violence est un caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit des effets avec une force intense, extrême, brutale.
Yves Michaud dans la violence c'est quoi ? dit que " la violence, ça n'est pas abstrait mais c'est un comportement qui s'exprime toujours dans une relation ".
Il y a violence quand il y a impossibilité de communiquer, quand les règles de bienséance ne sont plus respectées.
1.2. La différence entre la violence et l'agressivité
Par définition, l'agressivité agit lorsqu'il y a atteinte à l'intégrité de la personne et s'en va lorsque " la blessure " disparaît. En ce qui concerne la violence, il y a volonté de nuire, faire mal à l'autre.
1.3. Les différents types de violence
- Les violences verbales : insultes ou menaces d'un élève à l'égard d'une personne de l'établissement ; injures publiques ou non publiques à caractère raciste (d'un élève vis à vis d'un autre élève ou d'un personnel, d'un personnel de l'établissement vis à vis d'un élève).
- Les violences physiques : violences entre élèves, personnel victime de violences de la part d'un élève, élève victime de violences de la part d'un personnel.
- Les violences sexuelles : Révélation d'un élève à un professeur concernant un viol, une tentative de viol ou d'une autre agression sexuelle par un (des) élève(s), par un ascendant ou une personne ayant autorité.
Souvent la télévision et les médias, en général, de même que la famille sont souvent présentés comme les causes profondes de la violence. En fait, ce ne sont que des activateurs….
II. Les deux causes fondamentales de la violence
2.1. Une difficulté à accepter des règles de respect de l'autre.
- L'éducation traditionnelle établissait un rapport dominant-dominé. L'enfant avait des devoirs. Il devait obéir. Il n'était pas considéré comme un individu à part entière. On lui demandait de respecter les autres alors qu'on ne le respectait pas. L'enfant n'avait pas intériorisé la loi. Il devait obéir à des règles qui lui étaient imposées de l'extérieur.
- L'éducation nouvelle et ses méthodes actives reconsidèrent le statut de l'enfant. Désormais, les relations qui s'établissent entre enseignant/ enseigné sont de type égalitaire. Ce rapport est plus difficile à mettre en œuvre car il nécessite des qualités humaines basées sur les échanges, les dialogues, les interactions langagières. La violence à ce niveau peut être identifiée à une incapacité, à une inaptitude à vivre ensemble. Et elle est révélatrice de la difficulté à mettre en place une nouvelle relation éducative.
2.2. Le sentiment de non appartenance
Les familles monoparentales, recomposées, sont de plus en plus nombreuses et les enfants peuvent parfois éprouver un sentiment d'insécurité. Mais si la famille peut apparaître tel un activateur favorisant la violence, elle n'est pas la cause fondamentale.
L'échec scolaire est une forme de violence générée par l'école. Cette réalité de l'école suscite chez l'élève un sentiment d'exclusion.
La violence au moment de l'adolescence…
Ces sentiments de non appartenance et d'exclusion vont induire la constitution de groupes, de bandes.
Ces bandes formuleront leurs propres lois, leurs propres codes, leurs langages. Le langage est créé, fabriqué pour communiquer en dehors d'une langue plus officielle et trop peu maîtrisée. La violence à l'école est le symptôme d'une difficulté à transmettre les règles sociales autrement que sur un mode autoritaire. La violence bouscule l'ordre établi, elle est perturbatrice et destructrice de l'ordre social ; elle transgresse les lois…
Comment faire face aux problèmes de violence à l'école ?
Quelles sont les mesures possibles et souhaitables ?
III. Penser les conflits, penser les recours
Derrière les manifestations habituelles du conflit, notre rôle est de construire de nouvelles relations fondées sur des valeurs de respect mutuel et de coopération. Il est nécessaire de garantir un contexte sécurisant qui favorise la réflexion par la parole, le jeu théâtral, par les institutions, l'organisation coopérative et par la sanction.
3.1 les institutions de la classe coopérative
Les institutions coopératives servent à la fois à réguler les conflits et à élaborer des lois :
-Le conseil des maîtres permet d'intégrer les lois, les règles de la classe quitte à les modifier. Il permet à chacun de se sentir concerné et d'essayer de trouver des solutions.
-Le conseil d'enfants gère plutôt les problèmes, les conflits rencontrés au sein de l'école.
-Le bilan de fin de journée permet d'évacuer les nombreux petits conflits de la journée.
-Les boîtes aux lettres permettent d'exprimer un malaise un conflit passager.
3.2. La loi
Dans une organisation coopérative, la loi garantit le fonctionnement du groupe ; les lois sont destinées à garantir les droits de chacun.
-Les lois indiscutables " pas de bagarre, d'injure, de moquerie. On respecte les autres et leur travail. Toute décision se prend ensemble avec le groupe réuni en conseil. "
-La loi relative à l'enseignement " on est obligé d'en passer par une obligation de travail scolaire… cette obligation n'est pas négociable, ce qui l'est, c'est la quantité de travail en fonction des enfants. "
-La notion de responsabilité légale : responsabilité légale de la classe par l'enseignant.
Toutes les autres lois sont plutôt appelées règles, elles se font et se défont avec l'expérience, avec le cheminement du groupe et cette remise en cause incessante est intéressante sur le plan du développement de l'autonomie et de la responsabilité de l'enfant
-La sanction
S'il y a loi, il y a alors transgression, il faut donc un système de sanction. Pour être efficace, la sanction doit être en relation avec le fait.
La sanction vise à réhabiliter la loi et sa valeur d'instance, elle a la fonction de responsabilisation et elle est là pour donner une limite, réorienter un comportement à la dérive.
3.3. Pour une école citoyenne à la mesure de tous : les enfants médiateurs
Pour prévenir plutôt que gérer les situations de violence des dispositifs de médiation peuvent être mis en place comme :
Le règlement intérieur d'une école
Le conseil de coordination : sa vocation est de fédérer l'ensemble des dynamiques de classe, il se réunit à chaque fois que le besoin s'en fait sentir, il est composé des délégués de classe, d'un enseignant par cycle, d'un délégué aide-éducateur et d'un délégué du personnel d'entretien.
Le règlement de cour : élaboration d'un règlement de cour avec tous les membres de l'école.
Le permis à point Pour consolider le règlement de cour, on peut proposer aux enfants la mise en place d'un permis à points, c'est à dire que lorsque l'on commet une infraction, on peut perdre des points, et pour en récupérer, il suffit de remplir un contrat qui consiste à vouloir rendre service à l'école.
Le médiateur de cour : il est reconnu par les autres comme pouvant les aider
Le message clair : est une formulation verbale entre deux personnes en conflit
En conclusion, il convient de s'interroger sur les modalités de lutte contre l'échec scolaire, sur la manière de faire évoluer les relations entre les élèves et le personnel éducatif mais aussi sur les outils permettant de faire respecter les règles de vie commune (personnel d'encadrement, sanctions efficaces).
Nous sommes en lien direct avec l'actualité des Assises : " exprimer collectivement l'attention portée à chaque personne ". A consulter sur le site des Assises www.enseignement-catholique.fr/