Pourquoi mettre en place des situations complexes avec des élèves en difficulté ?
Temps de lecture : 5 minutesSouvent lorsque les élèves sont " en difficulté ", on renforce les activités de structuration, les situations simples, parce qu'on veut leur simplifier la tâche ou encourager les automatismes. Est-ce toujours le bon choix ?
On peut distinguer deux types de situations d'apprentissage : des situations permettant la structuration de notions, l'entraînement, la mémorisation (exercices systématiques d'orthographe, apprentissage des tables de multiplication, soustractions à retenues…) et les situations complexes d'apprentissage.
Les situations complexes d'apprentissage sont essentiellement :
- les situations-problèmes (" Et si tous les végétaux disparaissaient de la terre ? "…) ; attention les situations-problèmes concernent non seulement les mathématiques mais toutes les disciplines;
- les projets (élaborer un spectacle d'ombres chinoises, réaliser une exposition sur la classe de mer…) ;
- les activités interdisciplinaires (écrire un résumé en histoire, faire une recherche documentaire en sciences….).
Il est important, dans sa pratique de classe d'alterner les deux types de situations. En mettant en place un projet dans la classe, on pourra percevoir les points à retravailler avec les élèves et proposer une séquence sur un point précis du programme ou, parce que l'on aura perçu un obstacle lors de la leçon (les élèves de CM2 ne comprennent pas la notion de famine), on proposera une situation - problème.
Bien souvent lorsque les élèves sont " en difficulté ", on renforce les activités de structuration, les situations simples, parce qu'on veut leur simplifier la tâche ou encourager les automatismes. Est-ce toujours le bon choix ?
Deux raisons pour faire autrement :
- Il est fréquent que les élèves en difficulté ne comprennent pas ce que l'on fait en
classe, ni ce que l'enseignant attend d'eux : c'est le cas quand les tâches proposées sont morcelées, répétitives, " fermées ", individuelles, peu interactives, trop cloisonnées, ne présentant ni enjeu ni défi.
- Les Instructions officielles actuelles nous invitent à développer des compétences or
les compétences ne peuvent être mobilisées que dans le cadre de tâches complexes, dans une relation directe aux objets d'apprentissage.
Un point de vigilance :
Il ne s'agit pas limiter les " tâches complexes " à des " tâches concrètes " : dérive que l'on peut rencontrer lorsque l'on propose aux élèves de remplir une fiche de sécurité sociale, de lire un programme de télévision, de mesurer la classe pour la repeindre. Tout n'est pas utilitaire dans l'apprentissage…
Mettre en place des situations complexes est un travail exigeant :
- Pour l'enseignant qui n'a pas l'habitude de mettre en place des situations de ce type
et qui doit parfois quitter ses routines et des tâches rassurantes (il est plus facile de corriger un texte à trous pour lesquels les enfants ont d'ailleurs plus de chance de réussir, que de proposer des questions ouvertes plus difficiles à guider…).
- Pour l'enseignant qui a l'habitude de mettre en place des projets mais qui perd de
vue les apprentissages à systématiser dans un second temps. Il y a toujours le risque d' " activisme " ou de " production " au détriment des apprentissages.
- Mais aussi pour les élèves qui n'ont pas toujours envie de faire un travail qui leur demande plus d'implication.
Par contre, c'est une des conditions pour que les élèves prennent vraiment en main leurs apprentissages, développent des compétences, la pensée et des stratégies.
Sur les situations-problèmes, consulter :
- Faire vivre de véritables situations-problème, DE VECCHI, Gérard, CARMONA-MAGNALDI, Nicole, (2002), Hachette éducation.
- Une banque de situations-problèmes, DE VECCHI, Gérard, (2004), Hachette éducation.