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L'accueil des enfants non francophones

Temps de lecture : 24 minutes

L'accueil des nouveaux arrivants doit être une priorité et doit être pensé dans le cadre du projet d'école. Il faut une liaison régulière avec les parents, beaucoup de dialogues ou si ceux-ci ne parlent pas français, avec les associations du quartier.

Trouver sa place dans la classe
Il est difficile pour l'enfant de s'adapter à un tel changement, c'est une situation peu propice aux performances et conduit l'enfant très souvent à perdre l'estime de soi. Il connaît obligatoirement des difficultés à apprendre. Il faut lui trouver une place dans la classe et dans l'école.
L'accueil des nouveaux arrivants doit être une priorité et doit être pensé dans le cadre du projet d'école. Il faut une liaison régulière avec les parents, beaucoup de dialogues ou si ceux-ci ne parlent pas français, avec les associations du quartier.

1) Inscriptions scolaires
L'inscription, dans un établissement scolaire, d'un élève de nationalité étrangère, quel que soit son âge, ne peut être subordonnée à la présentation d'un titre de séjour.
Il ne doit y avoir aucune distinction entre les élèves de nationalité française et les élèves de nationalité étrangère pour l'accès à l'école. L'instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, âgés entre six et seize ans dès l'instant où ils résident sur le territoire français.
Les personnes responsables, au sens de l'article L.131-4 du code de l'éducation, d'un enfant de nationalité étrangère soumis à l'obligation scolaire, sont tenues de prendre les dispositions prévues par la loi pour assurer cette instruction.
Il n'appartient pas au ministère de l'éducation nationale de contrôler la régularité de la situation des élèves étrangers et de leurs parents au regard des règles régissant leur entrée et leur séjour en France.
La loi n° 89-548 du 2 août 1989 a reporté de seize à dix-huit ans l'âge de détention obligatoire d'une carte de séjour temporaire ou d'une carte de résident.
C'est le maire, comme pour les enfants de nationalité française, qui délivre le certificat d'inscription au vu duquel le directeur de l'école procède à l'admission de l'enfant.
Il s'agit donc de faire une double inscription : une inscription administrative à la mairie et une inscription à l'école.
Enfant séjournant avec ses parents : La procédure de l'inscription est rigoureusement identique à celle qui s'applique aux enfants de nationalité française.
Enfant séjournant sans ses parents : Il faut vérifier la nature de la responsabilité de la personne demandant l'inscription de l'enfant. Celle-ci peut reposer sur un fondement juridique :
- tutelle
- délégation d'autorité parentale (avec attestation sur le droit de l'acte de délégation de l'autorité parentale établie par les services consulaires en France du pays dont le jeune étranger est ressortissant).
Hors de ces deux cas, la législation relative à l'obligation scolaire impose à toute personne exerçant une simple autorité de fait sur un enfant la charge d'assurer son instruction (article L.131-4 du code de l'éducation). Dans ce cas la preuve que l'enfant est régulièrement confié à cette personne peut être effectuée par tout moyen (lettre des parents, notoriété publique...).

2) Les classes d'accueil
Pour le premier degré : la CLIN (classe d'initiation)
Une certaine hétérogénéité apparaît dans le fonctionnement des classes d'accueil.

La CLIN dont le fonctionnement est officialisé dès 1970, a en charge l'apprentissage du français pour les nouveaux arrivants âgés entre 6 et 12 ans. Un enseignant unique assure tous les cours et permet l'acquisition rapide de la maîtrise de la langue à travers des méthodes de français langue seconde pour intégrer rapidement les élèves dans le cursus scolaire ordinaire. Il est donc souhaitable qu'elles fonctionnent en structure ouverte sur les autres classes. Les élèves, pas plus de 15 y sont regroupés quotidiennement et pour un temps variable en fonction de leur besoin, en général pas plus d'une année scolaire. Il peut être envisagé un maintien plus long allant jusqu'à une année supplémentaire pour les élèves d'âge correspondant au cycle 3 et qui n'ont pas ou peu bénéficié d'une scolarité dans leur pays d'origine.

Quand ils arrivent, beaucoup sont déstabilisés. Notre premier travail est de les sécuriser pour qu'ils puissent entrer de plain-pied dans les apprentissages de la langue, de la lecture et de l'écriture.

CRI : cours de rattrapage intégrés (module de français langue étrangère) s'adressent quelques heures par semaine à de petits groupes d'enfants scolarisés dans les classes ordinaires

Pour le second degré : la CLA (classe d'accueil)
Les CLA fonctionnent en structures ouvertes et permettent de dispenser un enseignement adapté en français langue seconde au niveau des élèves nouveaux arrivants. Les élèves sont inscrits dans la classe ordinaire correspondant à leur niveau scolaire et au plus près de leur classe d'âge de manière à pouvoir intégrer le cursus ordinaire dès qu'ils ont acquis une maîtrise suffisante du français oral et écrit.

Les CLA-NSA (classe d'accueil pour les élèves pas ou peu scolarisés antérieurement)
Permettent aux élèves en âge de fréquenter le collège d'apprendre le français et d'acquérir un niveau cycle 3 de l'école élémentaire. Là aussi, les élèves bénéficiant de ce soutien sont par ailleurs au maximum intégrés en classe ordinaire pour les disciplines auxquelles ils peuvent avoir accès (musique, arts plastiques, EPS…).
- classes fermées : ne permettent aucune intégration avant une année dans la classe ordinaire
- classes ouvertes : privilégient l'intégration rapide, parfois dès le début de l'année et s'occupent de l'apprentissage du français uniquement.
D'autres établissements privilégient une intégration progressive, les élèves rejoignent leur classe de rattachement que pour des cours où la difficulté de compréhension ne peut être source d'échec (dessin, musique, EPS… puis maths et anglais).

3) Pédagogie en classe ordinaire
Aucune structure d'accueil n'est prévue en maternelle.
Accueillir un enfant primo arrivant dans sa classe peut être quelquefois déstabilisant.
L'enseignant peut commencer par prendre contact avec le CASNAV de son académie (centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage) qui répondra à ses préoccupations et lui fournira de la documentation et des outils pour la prise en charge et l'évaluation du niveau des primo arrivant.

Il faut avant tout se fixer des objectifs clairs et réalisables : quatre fondamentaux :

- Il s'agit d'abord d'intégrer l'enfant à la classe, aux autres enfants et au monde des adultes. Il doit appartenir à plusieurs groupes différents : dans la classe, dans la cour, en fonction des disciplines, des activités, des jeux. L'enseignant doit y veiller constamment.

- Il s'agit ensuite de l'initier à notre culture en évitant toute ambiguïté. Mais cela ne doit pas signifier le rejet de la culture maternelle car lorsque la culture d'origine est réellement assumée, l'intégration est beaucoup plus facile et correspond non à une amputation mais à un enrichissement. La culture d'accueil sera d'autant mieux acceptée que la culture d'origine sera connue, reconnue et valorisée.
- Il s'agit parallèlement d'intégrer l'enfant dans le système scolaire français, ce qui suppose de sa part la compréhension et l'acceptation de situations et d'attitudes nouvelles (respect de certaines règles, de certains horaires etc.). L'intégration sera d'autant plus rapide et efficace que toute l'équipe éducative (et non seulement pédagogique) travaillera en totale synergie, à partir d'un cadre clair de codes précis, reconnus et acceptés de tous.

- Il s'agira enfin de préparer "l'intégration linguistique" de l'enfant. Ne pas confondre la compétence linguistique avec la capacité intellectuelle. L'enseignement de la langue française doit précéder et conditionner tout autre enseignement.

Quelques conseils :
Lui faire visiter les lieux, lui présenter les différentes personnes et lui donner des repères, comme l'emploi du temps. Demander quelques renseignements sur la scolarité antérieure et sur l'histoire de l'élève.
Favoriser le travail en petits groupes.
Développer le travail d'entraide entre les élèves avec un système de tutorat. L'élève étranger travaille beaucoup plus par imitation : on peut donc le laisser copier, en accord avec les élèves. Il est important de ne pas multiplier les prises en charge en dehors de la classe afin d'éviter de marginaliser l'élève, ce qui pourrait être un obstacle à une bonne intégration.

Souvent ces aides de mise en place se trouvent dans le projet de classe. L'accueil des nouveaux arrivants doit être une priorité et doit être pensé dans le cadre du projet d'école. Il faut une liaison régulière avec les parents, beaucoup de dialogues ou si ceux-ci ne parlent pas français, avec les associations du quartier.
Pour que l'élève trouve sa place progressivement au sein du groupe.
Cas de l'enfant isolé
- Accueillir avec bienveillance. Présenter aux autres élèves le nouveau et expliquer pourquoi ce dernier va demander une attention particulière au moins les premiers jours.
- Pour savoir si l'élève mange à la cantine, se faire aider par un élève de l'école qui parle la même langue
- Chercher un volontaire pour tutorer le nouveau (descendre en récréation, lui parler, lui montrer les toilettes).
S'adresser à lui personnellement à l'accueil du matin. Ne pas parler en déformant la musicalité de la langue française.
- Solliciter l'élève dès que c'est possible pour l'impliquer dans la vie de classe, le faire parler, répéter le plus souvent possible.
- Donner de l'importance à la clarté de la consigne.
- Profiter au maximum des interactions entre élèves de la classe pour l'aider à comprendre.
- Prévoir un moment d'apprentissage de la langue soit par l'écoute au casque d'une bande sonore accompagnant un ouvrage simple et illustré ou, mieux, d'une méthode FLE pour débutants.
- Réserver des moments, dans la journée, de travail avec le tuteur de l'enfant et des moments de travail individuel (écriture, copie, opérations mathématiques, dessins coloriages, découpage…)
- Donner du temps à l'élève pour observer, mémoriser, répéter. Il engrange tout ce qui l'entoure. Il va peu à peu comprendre et pouvoir produire à son tour.
- Valoriser les savoir faire acquis dans sa langue maternelle.

Cas de l'élève qui sort de CLIN
L'aider à effectuer ce changement quelquefois douloureux.
- A son arrivée, lui donner le temps de se souvenir de ce qu'il a appris l'année précédente.
- L'accueillir réellement en expliquant aux autres qu'il a des savoirs que nous n'avons pas et qu'il est encore en train d'apprendre.
- Etre vigilant : veiller à ce que l'élève ne perde pas confiance en lui.
- Evaluer ses savoirs et ses savoirs faire.
- Proposer un travail différencié pour ne pas le mettre en échec.
- Ne pas le noter comme les autres, mais lui mettre des appréciations qui montrent ses progrès et ce qui lui reste à parcourir.

4) Les méthodes FLE
- La méthodologie structuroglobale
Il y a une liste des 1500 mots les plus parlés qui sont classés par fréquence et par centre d'intérêt : le français fondamental.
Cette méthode se base essentiellement sur l'oral.
- L'approche communicative
Les méthodes communicatives sont issues de la didactique des langues
Se présenter, demander une information, donner un conseil .... Les progressions veulent permettre, avant toute chose, aux élèves de produire et de comprendre du sens.
- Utiliser le document authentique
Le document authentique est un document écrit, sonore ou audiovisuel que le professeur collecte dans son entourage pour l'utiliser comme support des activités qu'il va proposer en classe.
Ce document est dit authentique parce qu'il n'a pas été conçu à des fins pédagogiques et il est présenté aux élèves dans son état original. C'est par exemple une affiche, un tract, un dépliant, un prospectus, un livret, une page de magazine, une publicité, une chanson, un extrait d'émission radiophonique ou télévisée, un extrait de film, etc ... Bref, tout document original utilisant la langue cible.
- La simulation globale
La simulation globale est un scénario cadre qui permet à un groupe d'élève ou une classe entière de créer un univers de référence (un immeuble, une île, un village, un quartier, un établissement, etc...), de l'animer de personnages en interaction, et d'y simuler toutes les fonctions du langage. Sa dynamique engendre une multiplicité de personnages, d'événements prévus ou déclenchés par le professeur à des fins d'exploitation pédagogique.

Conclusion
Les enseignants qui ont en charge ces classes ne sont souvent pas spécialisés. Il faut faire un effort sur la formation, il faut professionnaliser cet enseignement tout en veillant à ne pas le couper de celui qui a cours dans les classes ordinaires.
Il est urgent que l'institution développe des outils pédagogiques pour aider les professeurs à appréhender cette réalité largement méconnue. Le manque d'outils en français langue seconde est aujourd'hui évident.
L'accueil des nouveaux devient une priorité, qui doit être pensée dans le cadre du projet d'école.
Pour pouvoir réagir rapidement quand il y a un afflux d'étrangers, des enquêtes sont réalisées en octobre, en janvier et en mai afin d'anticiper la création de clin. Le travail en clin n'est pas recommandé à des débutants c'est très déstabilisant car des élèves arrivent ou partent toute l'année et il faut sans cesse adapter ses cours. Avoir de l'expérience dans différentes classes de l'école élémentaire aide à gérer cette spécificité.