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Aménager sa classe, son emploi du temps. Contraintes et libertés

Temps de lecture : 13 minutes

Les enjeux éducatifs et pédagogiques de l’aménagement de l’espace et du temps ainsi que des pistes pour s’offrir des libertés dans le cadre imposé par l’école.

1. L’espace et le temps sont des leviers
Comment gérer les contraintes et les libertés qui y sont associées ? Nous avons cherché à repérer l’implicite, les enjeux éducatifs et pédagogiques de l’aménagement de l’espace et de la gestion du temps. Nous avons imaginé des variantes, nous avons élargi la palette des possibilités.

2. Quel espace ?
- De la classe à l’école.
L’organisation de l’espace dit beaucoup de la pédagogie et de l’éducation mises en place.
De la salle de classe à aménagement fixe ou mobile à l’utilisation d’autres espaces (salles spécifiques, couloirs, escalier, cantine, cour...).
- L’école, espace protégé ?
Dans l’intérêt des enfants que faut-il refuser ? Quelle prise de risque ?
- Espace accueillant “l’extérieur” ?
Faire entrer d’autres “cultures”, d’autres compétences, d’autres richesses.
- Espace “hors les murs” ?
Aller vers d’autres lieux de vie, vers ce qui est mieux exploitable à l’extérieur.
- Disposition des élèves.
Pédagogie centrée sur l’enseignant ou favorisant l’interaction ? Disposition fixe ou mobile ? Quand changer la disposition ? Pourquoi ? Comment ?
Des pratiques traditionnelles consistent à être toute la semaine avec sa classe dans le même local : Un enseignant, une classe.
Des pratiques plus innovantes ouvrent l’espace. Encore faut-il en mesurer les effets.

3. Quel temps ?
De la classe (6H00 par jour moins les récréations) à l’école de 8H00 à 18H00 (10H00 par jour). L’enfant passe un tiers à la moitié de son temps dans l’école hors de sa classe.
Quelle pensée sur ce temps de l’enfant et non seulement sur celui de l’élève en classe ?
L’emploi du temps est aussi déterminant pour la pédagogie mise en place : plages courtes ou longues. Alternance des modalités...

4. Notre réflexion s’est appuyée :
Sur des productions :
- Dessins d’élèves de GS : leur classe telle qu’ils la voient = ce qui a de l’importance à leurs yeux.
- Dessins d’élèves de CM : la classe idéale = ce qu’ils souhaitent.
- Textes d’élèves de CE sur la classe idéale.
Quelques extraits :
Pour vous, comment serait la classe idéale ?
"Une cour grande avec des cages de foot. Les cartables moins lourds. Avoir une maîtresse, pas quatre. Avoir des toilettes pour moi". Aymeric
"Je voudrais qu’il y ait une télévision dans la classe. Je voudrais moins de bruit dans la classe. Je voudrais des bureaux qui montent et qui descendent. Je voudrais des fenêtres plus petites. Je voudrais une porte blindée. Je voudrais avoir de l’eau dans la classe". Frank
"Se lever à 8H00 et aller à l’école à 9H00. Avoir du lait et un gâteau quand on arrive à l’école". Sandra
"Des toilettes propres. Des maîtresses sévères. Des tables seuls. Des portes qui ne couinent plus. Un tableau plus grand. Une bibliothèque plus grande. Plus de ballon en cuir dans la figure. Des bureaux plus grands. Des cours plus bons. Une classe plus grande. Des vrais buts. Plus de livre de leçons". Luc
"Qu’on pourrait bavarder. Que la récréation dure trois quart d’heure. Qu’on choisirait par quoi commencer. Qu’on aurait pas de punition. Qu’on choisirait quand est la récréation. Que le préau soit plus grand. Qu’on est de nouveaux WC avec du papier toilette et des verres pour qu’on boive". Chaïna


Sur l’analyse des besoins fondamentaux des enfants à partir de la pyramide de Maslow et Berne.
- Besoins d’auto-réalisation : autonomie et création, expression personnelle.
Aménagement évolutif, mobilier modulable.
Possibilité de poser des choix.
Espaces et temps de créativité.
Espaces et temps spirituels.
- Besoins d’estime de soi, de dignité : origine interne : confiance en soi, se reconnaître comme estimable. Origine externe : évaluation positive.
Lieux et temps de confrontation, d’entraide, de coopération.
Éducation à l’auto-évaluation.
Temps d’évaluation. Critères définis.
A priori de bienveillance.
Différence entre personne et actes.
Pédagogie de la réussite.
Droit à l’erreur.
- Besoins d’appartenance et d’amour, signes de reconnaissance : Se reconnaître en tant que membre d’une communauté humaine, sécurité affective… droit à la parole, à la présence, à la différence.
Projets, valeurs et objectifs explicités.
Climat d’école.
Adhésion libre à des projets communs.
Règles instituées et repérées suivant les lieux et les temps.
Adultes référents
à chaque lieu et temps.
Local classe de référence.
Appartenance à un groupe classe (décloisonnements, échanges de service, intervenants limités).
Lieux et temps de parole (Conseil d’enfants).
- Besoins de sécurité : abri matériel, environnement physique et humain connu et rassurant, espace vital et personnel….
Emploi du temps régulier, annoncé.
Rites.
Possibilité de s’isoler.
Espace personnel (casier, vestiaire, bureau...).
Plus les enfants sont jeunes,
plus le cadre doit être rassurant.
Le besoin de sécurité ne signifie pas routine ;
C’est à partir d’un contexte rassurant que l’enfant va pouvoir explorer, expérimenter, s’adapter, vivre l’inattendu.
- Besoins physiologiques : nourriture, contacts corporels, activités motrice, sexualité, exploration de l’environnement, sommeil….
Aération, chauffage, confort visuel (rideaux, lumière au dessus du tableau...), confort acoustique (récréation...), propreté des locaux, toilettes (propreté, intimité, accessibilité).
Mouvement : circulation dans la classe, hors de la classe.
Temps de repos, de détente, de transition.
Conditions favorables aux repas.
Petit déjeuner, collation, boisson.
Mobilier adapté (taille...)

5. Quelques éléments d’analyse
- Nous répondons davantage aux besoins basiques (physiologiques et sécurité) en maternelle et nous les oublions ensuite. Les besoins d’intimité (toilettes), physique (plein air, mouvements, manipulation...), et de sécurité (“ pas 4 enseignants”) reviennent souvent dans les productions des enfants. Comment les prendre en compte ?
- Les besoins sont diversifiés suivant les enfants : besoin de proximité ou espace vitale...
Faut-il penser une disposition de classe assymétrique, avec isolements et regroupements possibles ?
- Le rôle de l’école est aussi d’éduquer à vivre l’écart par rapport aux besoins : insécurité partielle, adaptabilité, relations diversifiées (travailler avec d’autres)... Jusqu’où pouvons-nous provoquer l’instabilité ?
- Il peut y avoir un écart entre nos besoins et ceux de nos élèves. Ex. : Changement de places, emploi du temps fluctuant... Savons-nous observer les effets sur les élèves ?

6. Les marges de manœuvre, les leviers
- L’enthousiasme.
- La liberté de l’enseignant.
- S’autoriser à...
- Jouer avec les cadres.
- Développer l’inventivité de l’enseignant et des élèves.
- Echanger avec ses collègues.
- S’appuyer sur le partenariat.
- Faire des essais.
- Argumenter, trouver le bon moment.
- Utiliser d’autres espaces: classes voisines vides pendant le sport, couloirs, bibliothèque, salle de sport...
- Développer des astuces : Banc sous le tableau. Mobilier mobile. Ateliers convertibles. Affichages mobiles (Aimants, fils élastiques, fils et pinces à linge). Le matériel à construire, à récupérer...
- Varier les positions. Ex. : la lecture, sur des coussins, sur des chaises...
- Faire un plan de classe permettant des dispositions facilement modifiables sans tout déménager. Ex.: Quelques tables qu’on retourne. Des cloisonnements mobiles.
- Prendre le temps.
- Ne pas “saucissonner” l’emploi du temps.
- Vivre des temps spécifiques : Journée de la poésie, semaine de la presse....

“L’espace et le temps alliés et non obstacles dans une réalité souple".

“Innover, c’est jouer avec les cadres".
Document réalisé par un groupe de travail : Sylvie Crépy, Françoise Cordelet-Pivot, Céline Darnaud, Marie-Paule Geis, Danièle Muller, Françoise Poussin, Marie-Pierre Verdon – DDEC Nanterre – 1999/2000.