Accueil > Documents non rubriqués

L’éveil à l’intériorité

Temps de lecture : 30 minutes

L’éducation à la paix fait partie des programmes. C’est aussi une valeur que nous souhaitons développer. Des liens utiles pour faire cette éducation.

« Une école qui permet à la personne de grandir par l’intériorité » , c’était l’un des défis éducatifs de la seconde phase des Assises de l’Enseignement catholique, défi qui a été retenu par plusieurs établissements et qui a donné lieu à des engagements concrets.
Une école qui reconnaît à l’enfant un droit à l’intériorité en accordant de la place au silence pour faire grandir en lui cette dimension. Ce droit à l’intériorité répond à un besoin parce que « l’enfant est corps, âme, esprit » selon la terminologie de saint Paul. Cette posture favorise les rencontres avec Dieu et sa parole dont l’enfant a besoin.
Mais comment amener au silence, à l’intériorité dans nos établissements ? De quels moyens disposons-nous ? Existe-t-il des lieux où ce besoin pourrait davantage trouver une réponse ? A quels moments aménager ces temps de silence dans la journée ?
Y a t il des textes, musiques qui conduisent à ces plages de silence ?

Ce sont autant de questions que vous vous posez et autour desquelles nous tenterons d’accompagner votre réflexion.

1) Propositions d’activités propres à aider les enfants à se mettre en silence (3 cycles)
Amener les élèves à une prise de conscience de l’ambiance dans laquelle ils vivent et travaillent dans la classe.

Cycles I, II, III : Sensibiliser aux bruits – Faire écouter les bruits :
Selon le cycle, l’enseignant notera ou fera exprimer par les élèves les bruits repérés par les enfants et aidera au classement de ceux-ci afin de distinguer ceux que l’on pourrait supprimer ou fortement atténuer en modifiant les comportements.
Des apprentissages peuvent être menés à cet effet : plus particulièrement tous ceux qui touchent à la maîtrise du geste, au contrôle du mouvement, aux tons de la voix, aux modes de communication entre élèves, entre élèves et enseignants, ou encore à travers des exercices de relaxation.
Ainsi on fait appel à la vigilance de chacun pour qu’il prenne une part active à l’amélioration de condition de vie de la classe.
Un bilan peut être réalisé au bout de quelques jours (1 à 2 semaines).

Cycle III
On peut imaginer qu’un élève (se place en retrait) prenne un peu de temps chaque jour pour écouter la vie de la classe et rendre compte au groupe classe de ce qu’il a constaté en progrès ou améliorations à proposer.

Cycles I et II :
Même démarche, l’élève étant accompagné de l’enseignant.

Au vu des améliorations survenues dans la classe et de leurs bienfaits sur l’ambiance et la vie de tous, on peut proposer alors quotidiennement l’arrêt des activités pour un temps de silence complet d’une durée à moduler selon les cycles et le retour qu’en font les enfants.
(démarrer par un temps bref).
Quand les élèves se sont familiarisés avec ce temps de silence, on peut échanger avec eux sur ce qu’ils pensent ou ce qu’ils ressentent, vivent durant ce temps. Il est important que l’adulte fasse respecter ce temps de silence et puisse parler de ce qu’il vit durant ce temps-là. Pour les enfants des cycles I et II (voire III) hésitants, réservés, timides, l’enseignant peut s’exprimer le premier et à ce moment de la démarche, introduire que ce silence est un temps possible de rencontre avec Dieu et sa parole.
Pour signifier que Dieu parle dans le silence, on peut faire référence aux textes de la Bible à laquelle les enfants ont été sensibilisés :
- L’appel de Samuel
- Jonas
- Moïse
Nous pensons que cette réflexion sur l’intériorité peut être l’occasion d’aborder avec vous les signes et les lieux qui indiquent que nous sommes dans une école catholique. Même si la qualité de la vie au quotidien peut attester de convictions enracinées dans l’Evangile, ces signes et lieux sont des repères fondamentaux pour l’éveil spirituel des élèves.

2) Les lieux où peut se vivre l’intériorité
- dans la classe : L’espace prière
(souvent appelé « coin prière »)
Pourquoi proposer ces lieux ?
Sans doute beaucoup de questions peuvent se poser à ce sujet :
- l’espace prière a-t-il réellement sa place dans une classe ?
- ne peut-on pas nous accuser de faire de prosélytisme ou de l’endoctrinement ?
-quel respect de la liberté de chacun ?
- est-ce notre rôle d’enseignant ?
Créer un espace prière, c’est autoriser les enfants à vivre leur dimension spirituelle ; cela relève donc de notre mission pastorale ; il est nécessaire que cet espace soit identifié de façon claire, signifiant qu’il est dédié à une activité à part entière dans la vie de la classe ; comme les autres lieux de la classe, il vit au rythme de celle-ci, il exprime les temps liturgiques qui se succèdent, il regroupe les livres lus, les chants appris, les documents apportés par les enfants. Ce lieu doit créer des conditions favorables pour le recueillement et la prière. Un lieu de ressourcement pour des enfants et des adultes en quête d’intériorité et de halte spirituelle.

Quels supports concrets ?
Il est important de proposer aux enfants des supports qui soient beaux et disposés de façon à être mis en valeur. Sensibilisé à la beauté des objets l’enfant peut plus facilement accéder à une attitude de louange et d’action de grâce.
Supports possibles : ce qui peut y figurer
- une croix ou une icône, signe de la présence
- une reproduction d’œuvre d’art
- une statue
- une affiche
- une Bible ou un Evangile
- une bougie, à allumer lors des temps de prière ensemble, pour aider à l’intériorisation, lumière de Dieu
- éventuellement un bouquet ou une plante
- panneau ou fresque confectionné autour d’un thème ou d’une démarche de célébration
- des documents divers : livres… revues.

L’espace prière un lieu vivant pour la classe :
S’il n’existe pas, comment l’introduire ?
Il peut être mis en place dans le cadre de ce dossier qui aborde la question de l’intériorité ; les activités présentées ci-dessus vont conduire les enfants au recueillement et donc à la prière; on peut leur proposer à ce moment (en s’assurant leur contribution), d’aménager un espace qui sera réservé à ces temps de recueillement et de prière.
On peut aussi le mettre en place à la suite d’une célébration vécue à l’école ou en paroisse ou à l’occasion d’un temps fort liturgique qui commence (exemple : le carême).
En cycles I et II, on peut aussi profiter d’un événement familial (baptême, 1re eucharistie…).
Si dans la classe, il n’existe aucun signe, c’est peut-être le moment de réfléchir en équipe aux signes qui pourraient être achetés et installés dans les classes (croix, icônes…).
S’il existe déjà, mais est vide, inutilisé, laissé à l’abandon :
Les activités proposées dans ce dossier peuvent, dans ce cas aussi, susciter l’envie de redonner vie à cet espace, remettre en valeur les supports ou signes abandonnés : croix, icône, statue, etc.
L’espace prière est-ce pour tous les cycles ?
L’espace prière peut exister à tout niveau ; il prendra des formes différentes selon l’âge et le cycle des enfants.
Aux cycles I et II, l’espace aura une place bien signifiée et repérable comme les autres espaces de la classe ; on y disposera les objets et supports désignés ci-dessus en veillant à les renouveler.
Au cycle III : l’espace pourra être plus discret mais être toutefois visible et accessible aux élèves ; les supports qui le composent doivent être adaptés.
Comment le faire vivre ?
Cet espace doit donner envie et goût aux enfants pour le recueillement et la prière. On peut y proposer des temps vécus collectivement ou personnellement de façon régulière ou spontanée :
- Prières…
- Lectures de la Parole de Dieu
- Lectures de revues « Grain de soleil »
Vous pourrez aussi y disposer les signets qui sont joints au dossier (une image et un texte) en prenant soin de les leur présenter auparavant.

Quelques conseils :
- Ne pas encombrer l’espace prière mais le renouveler.
- Responsabiliser les enfants pour qu’ils fassent vivre cet espace. Pour les plus jeunes, effectuer les changements avec eux en expliquant le sens, en leur permettant des choix. Chez les plus grands, un élève peut être nommé responsable.
- Par l’affichage, l’espace prière attire le regard. Les enfants s’y arrêtent à l’arrivée, aux temps de pause.
- On peut conserver une histoire de l’espace prière sous forme d’album : photos ou éléments ayant composé l’espace prière… pour permettre une relecture pour les enfants.


Un lieu privilégié pour la prière : L’oratoire
Si l’école possède un oratoire il est bon de prendre du temps avec les enfants pour leur faire découvrir ce lieu et ce que l’on est invité à y vivre.
Avant ce temps de découverte avec les enfants, il est utile de s’assurer de l’état de l’oratoire afin de leur présenter un espace où règnent quiétude et beauté.
On peut recenser ce qui existe et évaluer ce qui manque ; s’interroger sur les éléments importants à mettre en valeur pour que les élèves d’emblée fassent un lien avec l’espace prière de la classe ou retrouvent un élément qu’ils connaissent et qui leur indique que cet endroit est dédié à Dieu.
Au cas où l’école ne posséderait pas d’oratoire, la réflexion suscitée par ce dossier peut être l’occasion avec l’équipe enseignante de sa mise en place.

Comment aménager cet espace pour conférer à ce lieu une atmosphère de recueillement ?
L’aménagement doit être effectué avec soin.
On y trouvera une table sur laquelle bien en évidence figure le livre de la Parole de Dieu.
On peut y placer également une icône, un crucifix, des bougies.
Les murs peuvent accueillir pour un temps les réalisations des élèves en lien avec une célébration par exemple ; des affiches indiquant un événement extrait de la Bible ou des Evangiles.
Un lecteur CD est également à sa place ici lorsqu’il est utilisé pour soutenir un chant ou diffuser une musique propre à conduire au recueillement, au silence.

L’installation des enfants :
Elle peut varier selon les âges.
Les élèves des cycles I et II s’accommoderont très bien de coussins posés par terre ; aux élèves de cycle III on proposera plus volontiers des petits bancs de prière s’ils existent, sinon une simple moquette fera l’affaire.

Comment faire découvrir ce lieu ?
- Quand on estime que l’oratoire est prêt à accueillir un groupe d’enfants, on veille, juste avant de les faire venir, à plonger la pièce dans la pénombre et à allumer les bougies afin de mettre en valeur le livre de la Parole de Dieu.
- L’attitude de l’adulte revêt ici beaucoup d’importance et particulièrement avec les élèves des cycles I et II. C’est elle qui permet ou pas aux enfants d’accéder au recueillement auquel très naturellement l’atmosphère de calme les invite.
- Une première fois on peut se contenter de s’asseoir (face au livre de la Parole de Dieu) avec les élèves et en silence découvrir, voire admirer, tout ce qui est placé dans l’oratoire.
- Ce temps de silence est variable selon l’âge des enfants. Il peut se conclure par un chant connu de tous ou une prière lue par l’adulte ou par des élèves dès que ceux-ci savent lire.

A quelles occasions le fréquenter ?
L’oratoire est souvent de petite taille, c’est d’ailleurs ce qui lui confère ce caractère intime propice à la rencontre avec Dieu. C’est pourquoi on ne peut pas y rassembler beaucoup d’enfants.
Néanmoins, on peut avec une classe venir y vivre et célébrer la fête d’un saint ou d’une sainte (dont l’école porte le nom), marquer l’entrée en Avent ou en Carême, y recevoir une bougie pour la fête de la lumière ou vivre un événement fort de l’école.
Ce lieu progressivement investi par les enfants pourra accueillir au cours de la journée des élèves, particulièrement ceux du cycle III, suffisamment autonomes pour le fréquenter seuls, selon des horaires établis par l’école.
L’oratoire peut être aussi ce lieu, où des parents ou des membres de la communauté éducative, désireux de s’investir dans l’éveil à la foi ou la catéchèse des enfants, peuvent organiser des temps de prière durant la coupure du déjeuner, parfois avant ou après les heures de classe.
Un oratoire fréquenté devient peu à peu le signe fort d’une communauté chrétienne qui acquiert alors son titre de « catholique » parce que s’y dit et s’y vit l’Evangile.

3) Prier
La prière

(texte réalisé avec l’aide d’un travail effectué par la DDEC 56)
Lorsque les enfants dans leur ensemble ont acquis une attitude qui laisse place au silence dans la vie de la classe, lorsqu’ils ont été capables de repérer les lieux où pouvaient se vivre ce temps d’intériorité, c’est le moment de réfléchir avec eux sur ce qu’est la prière (cycles II et III) et/ou de les inviter à chanter ou apprendre des prières (cycle I).
La prière : Qu’est-ce que c’est ?

- c’est une conversation, un dialogue avec Dieu,
- c’est une conversion, un retournement vers Dieu,
- c’est un accueil du Seigneur qui vient vers nous,
- c’est une rencontre avec un Dieu Amour.

Quel type d’expression peut revêtir la prière ?
- elle peut être collective, communautaire, elle peut être l’expression d’un groupe,
- elle peut être personnelle, silencieuse.

A quel moment prier ?
- la prière peut être régulière et située à des moments précis de la journée (tous les matins, tous les soirs),
- elle peut s’exprimer à l’occasion de temps forts, pour célébrer un événement heureux ou malheureux,
- elle trouve toute sa place le dimanche au moment de la célébration eucharistique.

Y-a-t-il des attitudes corporelles liées à la prière ?
- on peut gestuer un texte d’Evangile,
- durant la prière et selon les moments on peut être invité à ouvrir ses mains, à les fermer, à les joindre, ou à prendre celle de ses voisins.

Où prier ?
Nous l’avons vu précédemment. Il y a des lieux qui invitent à la prière (espace prière de la clase, oratoire de l’école). Néanmoins, on peut prier n’importe où : devant la mer, dans un joli coin de campagne, dans la rue…

Quelles prières dire ?
Grâce aux temps de silence institués progressivement dans la classe, les enfants vont pouvoir être disponibles pour laisser Dieu parler à leur cœur. Au départ, on les aide à formuler intérieurement de petites phrases comme :
- « Merci pour les camarades qui travaillent et jouent avec moi »
- « Pardon pour les mots que je dis et qui peuvent blesser »
- « Apprends-moi… »
- « Aide-moi … »

Peu à peu on invitera les enfants à connaître différents types de prières :
La prière de l’Eglise :
Prière de la Tradition : Notre-Père, Je vous salue Marie, Gloire à Dieu, Je crois en Dieu…

La prière en lien avec la Parole de Dieu :
Un texte d’Evangile ou un autre texte de la Bible, les psaumes.

La prière avec textes-supports :
Textes divers (livres, cassettes, Internet…) chants.

La prière basée sur l’expression personnelle :
- prière de louange
- prière de demande
- prière d’action de grâce
- prière d’adoration
- prière de pardon.

Dans la classe, peut être constitué un cahier de prières apprises ensemble, ou apportées par les élèves qui les apprécient particulièrement ; rappel en cycle III chaque élève peut posséder un cahier personnel sur lequel il consigne les prières qu’il aime.
Pour les classes des cycles I et II, l’enseignant peut dédier un cahier aux chants, psaumes ou prières apprises par les élèves en les faisant figurer sur ce support au fur et à mesure de leur apprentissage.
Pour les plus jeunes élèves ou ceux qui ne savent pas encore lire, il est utile d’associer le texte à un dessin ou tout autre symbole de façon à permettre aux enfants de reconnaître le texte dont il s’agit. Ce cahier prendra toute sa dimension, placé dans l’espace prière de la classe.