Accueil et Accompagnement de stagiaires (contribution au recrutement et à la formation des enseignants)
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Les établissements scolaires ont besoin d’enseignants formés. Il s’agit donc de contribuer au recrutement, à l’accueil et à l’accompagnement de ces candidats et des lauréats aux concours. C’est la vocation de l’établissement formateur et/ou apprenant que de "créer un environnement favorable" à ces futurs ou nouveaux enseignants.
De l’accueil dans nos établissements à l’établissement formateur
Le texte du Comité national de l’Enseignement catholique (CNEC) du 7 juillet 2007 Accueil, aide au recrutement et formation initiale des enseignants de l’Enseignement catholique (texte sur les SAAR) relevait déjà l’importance de l’établissement formateur : "La mise en œuvre d’un continuum de formation de cinq années, de la préprofessionnalisation aux premières années de titularisation, les exigences d’une formation en alternance et le rôle de chaque établissement comme "établissement formateur" changent les rapports entre les établissements, les universités, les autorités académiques, les instituts de formation et Formiris". Un paragraphe intitulé "L’établissement formateur" précisait même : "Tous les établissements de l’Enseignement catholique auront désormais à assurer un rôle de formateur".
Les stages de découverte du métier quand on envisage cette orientation.
Les stages recouvrent différentes modalités au fur et à mesure du cursus.
« Dès la licence, des stages de découverte de l'ensemble des métiers peuvent être mis en œuvre au sein des écoles et établissements scolaires relevant du ministre chargé de l'éducation nationale », donc également dans nos établissements sous contrat.
Mais pensons aussi aux personnes en reconversion, aux stages des élèves de 3 ème…
Les stages de professionnalisation en master : observation et pratique accompagnée
Durant leur formation en master« métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation », les candidats aux concours d’enseignement ont des stages à effectuer. Voir L’Arrêté du 27 août 2013.
« Les stages contribuent à la formation et permettent une entrée progressive dans le métier.
Les stages donnent lieu à un temps de préparation, une phase d'accompagnement par le ou les tuteurs et une phase d'exploitation et d'analyse réflexive ».
« Le cursus de master « MEEF » intègre des stages d'observation et de pratique accompagnée, le cas échéant en milieu scolaire, des périodes d'alternance et des temps d'analyses de pratiques ».
« Les stages des étudiants de première année de master prennent la forme de stages d'observation et de pratique accompagnée en milieu scolaire d'une durée de quatre à six semaines ».
En cas d’échec au concours : « Pendant la deuxième année, les cursus de formation pour les étudiants qui ne sont pas lauréats des concours comprennent une ou des périodes de stage d'une durée de huit à douze semaines ».
Les enseignants stagiaires : stages en responsabilité
Les lauréats au concours sont professeurs stagiaires. L'établissement scolaire et son chef d'établissement les accompagnent dans cette professionnalisation.Voir l’Arrêté du 27 août 2013.
« Les lauréats des concours […] bénéficient, au sein de leur deuxième année du master, d'une formation intégrée en alternance organisée par l'ESPE [ou l’Isfec] qui se déroule pour une part en situation professionnelle dans une école ou un établissement scolaire et pour une autre part dans un établissement d'enseignement supérieur ».
La formulation « formation intégrée en alternance » montre bien la place de l’établissement scolaire dans la formation.
« Le stage de la formation en alternance en deuxième année de master, effectué par les lauréats du concours, prend la forme d'un stage en responsabilité. Il prend en compte la préparation des activités effectuées dans ce cadre ».
Les tuteurs
« Le stage de la formation en alternance comporte un tutorat assuré conjointement par un personnel d'une école ou d'un établissement relevant du ministre chargé de l'éducation nationale désigné par le recteur d'académie et un personnel désigné par l'école supérieure du professorat et de l'éducation. Les tuteurs accompagnent le stagiaire durant l'année scolaire et participent à sa formation », Arrêté du 27 août 2013.
« Le choix des tuteurs nécessite la plus grande attention car il participe du bon déroulement de l'année de stage. Les tuteurs devront être expérimentés pour apporter, tout au long de l'année, conseils et assistance aux stagiaires. Avec eux, ces derniers pourront analyser leur pratique pédagogique et consolider leurs savoirs théoriques en les confrontant aux situations concrètes d'enseignement. Pour choisir les tuteurs, vous vous appuierez sur le concours des corps d'inspection territoriaux ainsi que sur les chefs d'établissement. Concernant les établissements d'enseignement privés, le choix du tuteur devra se faire en accord avec le chef d'établissement », BO n°27 du 5 juillet 2012 .
Le BO n°17 du 28 avril 2016 précise qu’ « En vue de la titularisation, les avis des tuteurs sont également joints au dossier ainsi que l'ensemble des rapports de visite ».
Les étudiants en alternance : une pratique professionnelle analysée
Voir l’Arrêté du 27 août 2013.
« Dans le cadre du stage de la formation en alternance du master « MEEF », chaque étudiant réalise un mémoire de master qui doit avoir un contenu disciplinaire et de recherche en relation avec la finalité pédagogique et les pratiques professionnelles. Le mémoire prend appui sur le stage de la formation en alternance et sur d'autres enseignements au sein de la formation ». « Le stage de la formation en alternance en deuxième année de master confère a minima 20 crédits sur les 60 crédits validés en deuxième année de master. L'évaluation de la période d'alternance porte sur le mémoire de master, la soutenance de ce mémoire et l'activité du stagiaire en situation professionnelle ».
Les suppléants : de l’accueil et de la relation dans l’accompagnement
Le texte du Comité national de l’Enseignement catholique (CNEC) du 7 juillet 2007 sur le service d'accueil et d'aide au recrutement (SAAR) touche les suppléants : "Ce service concerne l’ensemble des modalités de l’entrée dans le métier, pour le premier et le second degré : toutes les demandes de suppléances et les candidatures aux concours externes et internes" […] Le candidat doit bénéficier d’une visibilité institutionnelle et de la continuité du parcours et de la relation dans l’accompagnement".
Avant la prise de fonction, entre deux suppléances, des stages peuvent être organisés.
Et pendant la suppléance, l’ensemble de l’établissement scolaire accompagne le suppléant et joue son « rôle de formateur».
L’établissement scolaire : un environnement favorable à la professionnalisation
Autrement dit l’établissement formateur et/ou apprenant joue son rôle auprès de ces publics : étudiants, suppléants, lauréats aux concours.
C’est bien sûr de la responsabilité première du chef d’établissement et du tuteur que d’accueillir, accompagner et former ces entrants dans le métier. Mais c’est également toute l’équipe et l’organisation de l’établissement qui faciliteront la professionnalisation de ces débutants.
Voici une grille de questionnements et de points de vigilance pour chacun des acteurs qui contribue de façon officielle ou non à la formation. Ce document est issu d’un groupe de travail de Formiris : « développer la fonction formative des établissements scolaires du 1er degré ».
Les collègues et les pairs
- Les enseignants acceptent-ils de « dire » et de questionner leur pratique avec un ou plusieurs collègues ?
- Le travail entre pairs est-il institutionnalisé ?
- Existe-t-il des espaces de liberté, sans contrôle de l’institution ?
- Les enseignants se sentent-ils concernés par la formation, s’autorisent-ils à contribuer à la formation ?
- Quelles connaissances les enseignants ont-ils des dispositifs de formation initiale (connaissances de base) ?
- Comment modifier certaines représentations du métier d’enseignant parfois vivaces : passer d’une conception du métier selon laquelle il relève d’une logique individuelle et selon laquelle la formation initiale suffit à préparer définitivement au métier à une conception valorisant le collectif professionnel et l’idée d’un apprentissage permanent ?
- Comment faire comprendre au stagiaire qu’il n’agit pas seulement dans un but d’efficacité mais aussi d’apprentissage ?
Le collectif d’enseignants
- Existe-t-il dans l’établissement une dynamique de travail ou d’échange collectif sur des objets communs ?
- Existe-t-il des temps de prise de recul et de réflexion rétrospective ou anticipatrice à propos des pratiques ?
- Existe-t-il des espaces de liberté ?
- Est-on plutôt dans l’échange d’informations ou dans de la construction collective de savoirs (cf. développement des compétences collectives) ?
- Le projet d’établissement contribue-t-il à faire vivre le collectif ?
- et inversement ?
Les chefs d’établissement
- Est-ce que le type de management autorise, favorise les initiatives, permet de réguler la vie collective et garantit la cohérence avec le projet éducatif ?
- Les chefs d’établissement conduisent-ils des analyses de besoins ?
- Comment permettent-ils à chaque acteur d’adopter une posture d’apprenant et de jouer un rôle dans l’apprentissage collectif ?
Les maîtres accompagnateurs (tuteurs) et les maîtres associés à la formation
- Comment contribuent-ils à développer le questionnement des stagiaires sur leur environnement et leur pratique?
- Comment contribuent-ils à susciter l’idée qu’il n’existe pas une bonne pratique mais des bonnes pratiques ?
- Quel regard critique portent-ils sur leur propre pratique d’enseignant et sur la complexité du métier qui exclut tout modèle unique ?
- Quelle place est laissée au stagiaire pour l’appropriation de son parcours ?
- Quelle posture d’accueil, quel relationnel ?
- Quelles sont les ressources mises à leur disposition ?
Les formateurs de l’Isfec
- Comment prendre en compte le décalage éventuel entre ce qui est dit en Isfec et ce qui se vit dans l’établissement ?
- Comment le formateur va-t-il aider le stagiaire à faire le lien entre l’Isfec et établissement (contextualisation/décontextualisation) ?
- Comment gèrent-ils les différents aspects de leur fonction (formation/évaluation)?
- Comment aident-ils les stagiaires à déterminer des priorités de travail ?
- Qu’est-ce qui formalise la culture commune construite autour de la formation des stagiaires ? Quels lieux de rencontre sont prévus ?
- Quelle place est laissée au stagiaire pour l’appropriation de son parcours ?
Un cadrage : des conventions
Et n’oublions pas que « Les stages font l'objet d'une convention entre l'établissement d'enseignement supérieur, la structure d'accueil et l'étudiant ». L’Arrêté du 27 août 2013
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