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Quand un drame survient, faire appel aux symboles

Temps de lecture : 13 minutes
Quand un drame survient, faire appel aux symboles

Décès d’un élève ou d’une personne de l’équipe éducative, d’un parent d’élève ou encore drame communal, voire national, etc… Autant de situations qui s’inscrivent un jour ou l’autre dans la vie d’une école. Et alors, nous restons sans voix, démunis, pleins d’interrogations sur l’attitude à adopter, les paroles à dire …

« Quelquun meurt, et cest comme des pas qui sarrêtent
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?
Quelquun meurt, et cest comme un arbre qui tombe
mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ? »

Devant la mort de personnes proches, devant tout drame s’immisçant dans la vie d’une classe, nous avons bien du mal à trouver les mots qui apaisent, qui accompagnent, qui expliquent…

Alors, au-delà des mots, nous faisons appel à des gestes, à des symboles qui nous aident à dire cette réalité qui nous échappe. D’ailleurs c’est tout le sens du symbole : un objet sensible « contrepartie » de l’objet absent. Par ces rituels que sont la fleur déposée près de la photo du défunt, la bougie allumée ou encore la minute de silence, nous accompagnons ces ruptures que représente tout départ, même s’il s’agit d’un drame surgissant dans l’actualité nationale ou mondiale (attentat du 7 janvier 2015, tsunami en 2004, etc).

Mais quels symboles ? Et pour signifier quoi ?

Le rassemblement
Se retrouver ensemble, c’est partager la douleur et la peine des personnes touchées par le deuil, c’est signifier notre solidarité, notre compassion, notre sympathie (un mot qui veut dire « souffrir avec »). On se sent plus forts tous ensemble. Et si possible  on choisira un lieu qui donnera plus de sens encore à ce rassemblement.
C’est aussi, dans toutes les religions et même au plan civil, tout le sens de la participation aux obsèques de quelqu’un : « Si nous sommes réunis, cest parce que nous croyons fermement que les liens damitié et daffection tissés durant toutes ces années ne se défont pas brutalement en ce jour. Ce que nous avons vécu avec lui (ou elle), ce quil (ou elle) a été pour chacun de nous, ce qui comptait à ses yeux, tout cela continue à vivre en nos coeurs et à travers nos paroles et nos gestes ». (monition daccueil aux obsèques religieuses).

Les mains
Lors d’un rassemblement, se donner la main ajoute encore du sens. Oui, nous sommes solidaires en ces moments difficiles. On tend la main vers ceux qu’on aime, on tend la main vers ceux qui nous aiment…

La marche

« Au bout de la route, il ny a pas de route mais le terme du pèlerinage
Au bout de la nuit, il ny a pas de nuit mais laurore
Au bout de la mort, il ny a pas de mort mais la vie
Au bout du désespoir, il ny a pas de désespoir mais lespérance. » (Joseph Folliet)

Voilà un symbole de plus en plus fréquent quand un drame surgit dans la vie d’une école, d’une commune… : un jeune vient de mourir dans un accident de la route, les jeunes organisent une marche. On parle même de marche blanche (terme né à la suite de l’affaire Dutroux en Belgique). Qu’importe le nom ! Par une marche, nous marquons notre solidarité, notre soutien. Idéalement, elle se dirige vers un lieu également symbolique. C’est aussi le sens de notre accompagnement de la dépouille d’un défunt vers le cimetière où il va reposer.
Si la dénomination marche blanche renvoie à l’innocence d’enfants, de jeunes, décédés souvent dans des conditions dramatiques, la couleur blanche peut aussi signifier pour un chrétien l’espérance de la résurrection. Lors du baptême, l’enfant est revêtu de l’habit blanc qui rappelle que nous sommes ressuscités avec le Christ.

Texte méditer : La marche.

La lumière
Autre symbole, celui de la lumière que l’on retrouve dans l’ensemble des religions. Lors d’un décès, cette bougie que l’on allume est là pour dire : « Tu n’es plus là, mais par cette lumière, je sens ta présence »
Parole d’une petite fille posant une bougie sur le cercueil de sa grand-mère : « Grand-mère, cette bougie, c’est l’amour que nous avons dans notre coeur et qui restera toujours dans notre coeur ».
Pour les chrétiens, le symbole de la lumière fait référence au baptême : ce jour-là, la lumière, allumée au cierge pascal, est remise au père ou au parrain. Elle indique combien le nouveau baptisé devra croître, dans la vie comme dans la foi, à la lumière de cette vie nouvelle. Et au début des obsèques chrétiennes, on renouvelle ce geste de prendre la flamme du cierge pascal pour allumer les cierges qui entourent le cercueil signifiant  que la lumière du Christ ressuscité est la source de notre espérance.

« Ami(e), tu as reçu la lumière le jour de ton baptême. Cette lumière était celle du Christ ressuscité. Ta lumière a dû certain jours vaciller, à dautres elle fut ranimée. Si à nos yeux elle semble désormais éteinte, aux yeux de Dieu, elle brille toujours » (monition aux obsèques).

Voir sur sitEColes : Dans la Bible : la lumière.

Les fleurs
Chacun peut donner une signification à ces fleurs déposées au pied du cercueil ou encore sur des lieux de vie d’une personne. Les fleurs apportent de la couleur dans un moment de la vie où c’est la tristesse qui domine ; elles sont aussi témoignage de reconnaissance, hommage au défunt. Mais au-delà, la fleur est également symbole de renaissance, d’espoir.
Lisons plutôt cette jolie parabole :
C'était la saison des pluies de la mousson et un très vieil homme creusait des trous.
" Qu'est-ce-que vous faites là ?" demanda son voisin.
" Je plante des manguiers" répondit-il.
" Vous attendez-vous à manger des mangues de ces arbres ?"
" Non je ne vivrai pas assez vieux pour cela. Mais d'autres le feront. Il m'est venu la pensée, l'autre jour, que toute ma vie j'ai eu le plaisir de manger des fruits de manguiers plantés par d'autres. C'est à mon tour de travailler pour les générations à venir. »
La personne qui vient de mourir a planté quelque chose en moi et sans doute en d’autres. Il nous reste à faire fructifier cet héritage, à faire fleurir cette graine semée.
En d’autres circonstances, on utilisera le symbole des épis de blé, signifiant ainsi que tout n’est pas fini. Le grain de blé semé en terre va sans doute mourir mais pour que naisse une nouvelle plante.

Le silence
Quand on ne trouve pas les mots pour dire les sentiments, c’est aussi le silence qui est sans doute le geste le plus approprié.
« Il est parfois nécessaire de se taire pour délivrer une parole juste ». (Christian Bobin)

Voir sur sitEColes :
- La minute de silence
Textes à méditer sur le silence

Lobjet souvenir, la photo
Voilà encore une autre façon de rendre présent l’être qui nous a quittés. Ce seront les cahiers de l’élève décédé, c’est la photo de la maman d’élève qui vient de mourir…

Le petit prince et le renard (Saint-Exupéry)
Et quand l'heure du départ fut proche :
- Ah! dit le renard... je pleurerai.

- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer ! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
Alors, tu n'y gagnes rien
J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé….
Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.