Les paramètres de la différenciation
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Différencier avant, pendant, après l'activité.
Un exemple de démarche de différenciation pédagogique
Différencier avant l’activité
C’est une stratégie particulièrement efficace : il s’agit de donner des éléments aux élèves en difficulté AVANT la leçon afin de les rassurer, de leur permettre de mieux comprendre et de mieux participer.
- Découverte anticipée. AVANT la leçon :
• Préparer la lecture avec un groupe d’élèves.
• Lecture partielle de l’enseignant ou d’un élève tuteur.
• Faire un schéma, un récapitulatif de l’ordre chronologique…
• Lors d’un travail sur les sons, préparer le son avec quelques élèves en difficulté et leur permettre d’avoir un rôle de leaders pendant la leçon.
• Pour un élève dysphasique, donner à l’avance le thème et quelques éléments d’une leçon d’histoire, de science et de géographie. Cela l’aidera à savoir de quoi on parle, il pourra mieux participer en ayant déjà formulé quelques idées, découvert quelques mots de vocabulaire…
- Allègement et prise d’indices complémentaires. AVANT la leçon :
• Expliquer le lexique.
• Découvrir le récit avec un autre support.
• Pendre connaissance des questions avant de lire le texte.
- Clarifier l’activité attendue. AVANT la leçon :
• Expliquer les enjeux.
• Faire les liens avec des activités similaires et les capacités nécessaires.
• Faire reformuler la consigne, les enjeux, les critères de réussite.
Pour mettre en place une différenciation avant l’activité, il ne faut pas hésiter à utiliser le temps d’aide personnalisée dans le cadre des Activités Pédagogiques Complémentaires (APC). On peut aussi collaborer avec le maître E s’il y en a un dans l’établissement.
Différencier pendant l’activité
- Adapter le guidage
Une des formes les plus simples et les plus intuitives de la différenciation est la possibilité de se faire aider, le plus souvent par l’enseignant. Cependant, celui-ci se trouve souvent trop sollicité et a du mal à réguler et prioriser l’aide qu’il apporte. Cela peut-être une bonne idée de formaliser le dispositif d’aide en utilisant des badges, par exemple :
• Je travaille seul.
• Je montre quand j’ai terminé.
• Je peux demander de l’aide aux tuteurs.
• J’ai fini, je suis tuteur.
• Je suis dans le groupe de la maitresse (ou du maître).
• Coupe file (permet d’accéder directement à l’enseignant avant les autres).
• Etc.
Selon les activités, on met ou pas tous les badges à disposition.
Les élèves apprennent à choisir le badge qui leur convient le mieux, mais certains badges peuvent être distribués par l’enseignant (« coupe file » ou « tuteur », par exemple).
L’élève ne prend pas forcément toujours le même : il prend conscience qu’il n’a pas les mêmes besoins en fonction de la tâche à accomplir.
- Adapter la tâche
• Jouer sur la longueur (ne proposer qu’une partie de la tâche...)
• Jouer sur la complexité (donner des étapes de réalisation intermédiaires)
• La différenciation de la tâche commence par une analyse du degré d’acquisition de la compétence. Exemple :

- Adapter les critères de réalisation
Pour une même tâche, chaque élève peut choisir (ou se voir imposer) un critère de réalisation différent en fonction de ses performances précédentes. Exemple :
Pour 4 multiplications à poser :
• J’en fais au moins une juste tout seul en utilisant les tables.
• J’en fais au moins une juste tout seul sans utiliser les tables.
• Je les fais toutes justes.
• Je les fais toutes justes du premier coup.
• Je les fais toutes justes du premier coup le plus vite possible.
… ne pas oublier la valorisation : contrat rempli !
- Adapter les supports
Supports adaptés :
• Longueur du document (nombre de lignes, de pages ou de documents).
• Présence plus ou moins importante d’illustrations.
• Texte découpé ou non en paragraphes.
• Complexité du vocabulaire utilisé, présence d’un lexique…
• Mise en page adaptée : police « Comic San » mieux adaptée aux dyslexiques, texte non justifié pour les dyslexiques, caractères plus gros, présentation linéaire (et non en « puzzle » sur la page comme dans certains manuels).
• Présentation sous forme de schéma ou de carte heuristique.
Différents supports pour travailler la même compétence :
• Manuel d’une autre classe.
• Logiciel.
• Ordinateur.
• Rétro ou vidéo projecteur.
• Tableau, ardoise…
• Film, radio…
• Dictaphone (pour une production d’écrit, par exemple).
- Adapter le temps
Donner du temps en plus est difficile et souvent inefficace. Alléger la tâche est plus pertinent (voir ci-dessus).
Le plan de travail permet à l’élève d’organiser son propre temps.
La question des élèves trop rapides :

• Un élève rapide n’est pas forcément un bon élève. Ca peut aussi être un élève qui « bâcle ».
• Donner d’office du travail en plus n’est pas la solution : ça peut-être perçu comme une pénalisation de la performance. On peut en revanche laisser à disposition des activités à choisir librement, y compris un approfondissement de qui avait été proposé à l’ensemble de la classe. On peut également adapter la tâche en la rendant plus complexe dès le départ.
• Ne pas laisser les élèves rapides devenir devenirs consommateurs et boulimiques. Tout comme il est légitime de « tirer en avant » un élève peu motivé, il peut être légitime de « freiner » un élève trop pressé. Ils ont aussi à apprendre le respect de l’autre, à savoir attendre etc. Tout est une question d’équilibre.
• Tous les « bons élèves » n’ont pas le même profil. De l’élève scolaire et concentré au précoce complètement atypique…il y a toute une gamme de besoins différents. Il vaut donc mieux privilégier l’apprentissage de l’autonomie et multiplier les possibles pour ceux qui ont terminé : monitorat, fichiers auto-correctifs, jeux, lecture, aider l’enseignant…
• Si on confie une tâche particulière, prendre le temps d’un « retour » (par exemple, réflexion sur le monitorat).
• Ne pas exiger qu’ils soient sans cesse productifs. Un élève qui fonctionne sur le mode de la concentration optimale dès qu’il a une tâche à effectuer a ensuite besoin de se détendre.
- Proposer des aides
Il ne suffit pas de mettre les aides à disposition, il faut aussi apprendre aux élèves à s’en servir. Ne pas hésiter à demander de l’aide à l’enseignant spécialisé s’il y en a un dans l’école.
Le plus possible, laisser les élèves l’initiative d’utiliser ou pas une aide : les élèves en difficulté sont capables de réflexion sur eux-mêmes et sur leurs besoins.
Quelques aides possibles :
• Affichage, classeurs outil.
• Imagier / lexique / dictionnaire.
• Bande numérique, tables de multiplication…
• La chasse aux sons avec images.
• Consigne avec pictogrammes / reformulée / jouée…
• Consigne accompagnée d’une phrase d’exemple.
• Fiche de réalisation / de guidage.
• Possibilité de manipuler.
• Pour la copie : modèle en cursive sur une feuille (et non au tableau), en caractères d’imprimerie sur une feuille, difficultés indiquées en gras… Il faut tester et voir ce qui convient le mieux à chaque élève.
Différencier après l’activité
L’évaluation formative permettra de faire le point sur la progression de l’élève et de poursuivre, modifier ou terminer le dispositif de différenciation.
L’aide personnalisée dans le cadre des APC peut permettre de poursuivre et d’approfondit la différenciation après l’activité.
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